De Trois-Pistoles à Rimouski : le pont de la 20, ça tient pas debout

Mobilisation du 6 avril 2023

Mobilisation du 6 avril 2023 (Photo : Le pont de la 20, ça tient pas debout)

Plusieurs fois par année, la Fondation David Suzuki met de l’avant des groupes citoyens membres du Réseau Demain le Québec. Zoom sur Le pont de la 20, ça tient pas debout, qui a été fondé en 2012 et s’active face à la construction d’un pont au-dessus de la rivière Trois-Pistoles au Bas-Saint-Laurent.

Cette mobilisation s’inscrit plus largement dans la lutte contre le prolongement de l’autoroute 20 de Trois-Pistoles à Rimouski, un projet politique qui se fait enterrer et déterrer depuis 1979. Notons que pas moins de 53 kilomètres de biodiversité sont menacés jusqu’au bout du tracé, en passant par les cultures de Saint-Simon-de-Rimouski et les érablières de Saint-Fabien.

Revendications

Le collectif revendique la tenue d’une nouvelle étude d’impact et d’audiences publiques du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), intégrant les enjeux climatiques actuels et la transition socioécologique. En effet, la dernière évaluation en date remonte à… 2002!

Pourtant, la Loi sur la qualité de l’environnement a été modifiée en 2017 et les attentes de la population québécoise à l’égard de ce type de projet ont elles aussi évolué. De plus, soulignons que la réclamation d’un nouveau BAPE fait partie intégrante des principes de bonne gouvernance en matière de projets d’infrastructure. En fait, il est intrinsèque au modèle participatif québécois, qui allie la concertation et la transparence.

Par ailleurs, le co-porte-parole du groupe, Sébastien Rioux, explique que la création de cette infrastructure soulève des enjeux économiques et sécuritaires. En effet, en permettant aux véhicules d’aller plus vite, le risque d’accident est alors plus élevé. En fractionnant le territoire, une menace pèsera également sur les commerces locaux et de proximité puisque le trafic sera détourné vers les plus grands centres. En ce sens, le tourisme et les activités récréatives ne seront pas non plus épargnés, de même que les habitations qui se situeront dans les environs.

À ce jour, les plans et les devis sont lancés et un forage aux abords de la rivière est attendu. Les rives de ce secteur présentent pourtant des risques de glissements de terrain. Leur érosion sera donc inévitable lors des travaux, ce qui présentera des répercussions environnementales majeures.

Plus largement, le prolongement de l’autoroute 20 menacera la faune et la flore à plusieurs égards. Pour n’en citer que quelques-unes, le groupe citoyen pointe notamment la perte de l’accès aux nappes phréatiques et par conséquent, à l’eau potable, ainsi qu’aux terres cultivables.

Alternatives proposées

Le pont de la 20, ça tient pas debout soutient que les ressources financières prévues pourraient être investies dans des projets économiques plus durables, tels la sécurité et l’entretien de la route 132 entre Notre-Dame des Neiges et Le Bic.

Bien que la Table régionale des élu.e.s du Bas-Saint-Laurent soit unanime sur ce point, aucune somme n’a cependant été allouée par le gouvernement en 2024-2025 afin que des travaux routiers soient entrepris sur ce tronçon.

À ce titre, le groupe citoyen suggère une amélioration de la signalisation et de l’éclairage public, l’ajout de voies de décélération et d’accélération, de bandes rugueuses, de zones de dépassement interdites et de voies de dépassement, ainsi que l’aménagement de pistes cyclables, par exemple.

Affiche pour l’amélioration de la route 132

Affiche pour l’amélioration de la route 132. (Photos : Le pont de la 20, ça tient pas debout)

En outre, il met l’accent sur l’intermodalité des moyens de transport, tels que le transport en commun intermunicipal et l’autopartage, de même que sur le fait de repenser le transport lourd, en transférant une partie des marchandises sur les rails ou l’eau.

Soutien, obstacles et perspectives

Bien que le collectif doive faire face aux mentalités qui sont en faveur du développement routier, il envisage de maintenir des liens avec le gouvernement en le rencontrant périodiquement tous les six mois. Il bénéficie d’ailleurs de l’appui du Conseil régional de l’environnement et de la Ville de Trois-Pistoles, qui sont favorables à l’amélioration de la route 132 et réclament un BAPE pour la construction du pont qui enjambera la rivière.

Enfin, son approche s’inscrit dans un souci de fédération des luttes sociétales et environnementales au Québec. Il s’allie notamment avec Mobilisation forêt Pointe-Au-Père, qui se bat contre l’ensemble résidentiel à Rimouski, Tourne pas chez nous, qui remet en question la construction de parcs éoliens dans la région du Bas-Saint-Laurent, ainsi que Mobilisation 6600 et les Mères au front.