Brûler des combustibles fossiles

Brûler des combustibles fossiles libère le carbone concentré dans l’atmosphère sous forme de CO2. Toutefois, les quantités s’avèrent bien plus importantes que dans le cadre des cycles normaux et elles dépassent la capacité d’absorption des processus naturels. (Photo : Pixabay via Pexels)

Lors de sa rencontre générale annuelle au début novembre à Red Deer, en Alberta, le Parti conservateur uni au pouvoir a adopté une résolution visant à reconnaître « l’importance du CO2 pour la vie et la prospérité albertaine » et à considérer « le CO2 comme nutriment essentiel à toute vie sur Terre » (article en anglais). Le parti a également voté pour l’abandon des objectifs de carboneutralité, parmi d’autres mesures.

Est-ce par ignorance de la science climatique, de la physique et des cycles du carbone? Est-ce par trollage? Ou bien le parti est-il à ce point à la solde de l’industrie de combustibles fossiles qu’il fait tout en son pouvoir pour la soutenir? Comme le gouvernement albertain semble s’inspirer du mouvement MAGA des États-Unis (source en anglais), toutes ces options sont possibles.

Ces attaques, peu importe leur origine, ont des conséquences dangereuses et concrètes sur tout le monde, des personnes transgenres aux mesures climatiques importantes et efficaces.

Le dioxyde de carbone constitue bel et bien un « nutriment essentiel à toute vie sur la Terre ». Nous sommes, en effet, des êtres à base de carbone. Le cycle du carbone transmet l’élément au vivant ainsi qu’aux océans, aux minéraux et à l’atmosphère. De fait, le carbone est en grande partie responsable de l’habitabilité de la Terre. Les plantes aussi ont besoin de dioxyde de carbone.

Au fil du temps, la compression des restes de plantes et de certains animaux enterrés depuis des millions d’années crée des réserves à haute concentration de carbone, dont le charbon, le gaz et le pétrole.

Toutefois, comme le rapporte le NASA Earth Observatory, « lorsque le cycle est modifié de façon à ce qu’un réservoir libère du carbone, ce dernier se retrouvera en plus grande quantité dans les autres réservoirs. Les changements qui émettent des gaz carboniques dans l’atmosphère entraînent un réchauffement climatique sur Terre ».

Presque tout le carbone se retrouve dans les roches, les océans, l’atmosphère, les plantes, le sol et les combustibles fossiles. Ceux-ci sont en fait le résultat de millions d’années de haute concentration de l’énergie solaire. Les plantes, les algues et les bactéries absorbent et emmagasinent du CO2 en transformant la lumière du soleil en énergie grâce à la photosynthèse. Les végétaux et les animaux qui s’en nourrissent libèrent ensuite le CO2 à leur mort, lors de leur décomposition. Ainsi, au fil du temps, la compression des restes de plantes et de certains animaux enterrés depuis des millions d’années crée des réserves à haute concentration de carbone, dont le charbon, le gaz et le pétrole.

Brûler des combustibles fossiles libère le carbone concentré dans l’atmosphère sous forme de CO2. Toutefois, les quantités s’avèrent bien plus importantes que dans le cadre des cycles normaux et elles dépassent la capacité d’absorption des processus naturels. La Terre doit composer avec ce CO2 excédentaire pendant des centaines, voire des milliers d’années. Un excès de carbone atmosphérique, accompagné d’autres gaz à effet de serre anthropiques comme le méthane, l’oxyde nitreux et les hydrofluorocarbures, permet au rayonnement solaire de pénétrer l’atmosphère terrestre tout en empêchant une grande partie de ce rayonnement d’être réfléchi vers l’espace. Ainsi, une sorte de couverture thermique se forme. Celle-ci retient la chaleur et affecte l’air, l’eau et le sol à un rythme qui s’accélère toujours.

Brûler des combustibles fossiles libère le carbone concentré dans l’atmosphère sous forme de CO2. Toutefois, les quantités s’avèrent bien plus importantes que dans le cadre des cycles normaux et elles dépassent la capacité d’absorption des processus naturels.

Notre espèce a vécu la majorité de notre relativement bref temps sur Terre lors d’une ère géologique à évolution lente (à l’échelle temporelle humaine). Pendant cette période, l’absorption et la réflexion de l’énergie solaire ont créé les conditions stables nécessaires à notre survie et à notre développement : dans l’ensemble, des climats ni trop chauds, ni trop froids, des conditions météorologiques plutôt prévisibles et des systèmes naturels capables de se renouveler et de se régénérer.

Ceci est en train de changer rapidement. Par la combustion de combustibles fossiles, le rejet de quantités massives de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et la destruction de plantes et de plans d’eau qui emmagasinent le carbone, nous perturbons le cycle du carbone et la planète se réchauffe à une vitesse alarmante. Les conséquences sont nombreuses : augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, altération des courants océaniques et aériens, bouleversements des cycles hydriques, sécheresses, inondations et feux de forêt, climats des régions équatoriales de plus en plus inhospitaliers et augmentation des conflits et des migrations humaines.

Bien que les plantes dépendent du CO2 pour la photosynthèse, en avoir plus n’est pas forcément mieux. S’il est vrai que des taux plus élevés de CO2 dans l’atmosphère accélèrent et augmentent la croissance initiale de certaines plantes, des études (en anglais) ont toutefois démontré qu’une croissance accélérée diluait certains nutriments, dont le phosphore, le fer, le zinc et les protéines, affectant ainsi tout le réseau alimentaire.

Ouvertement simplistes et antiscientifiques, leurs arguments ne font que soutenir l’industrie des combustibles fossiles.

Les recherches rapportent également que l’ensemble des bienfaits causés par une augmentation de niveaux de CO2 diminuent avec le temps. De plus, les conséquences du réchauffement planétaire, notamment les sécheresses, les inondations, les feux de forêt et les chaleurs excessives, affectent négativement la croissance et la reproduction végétale. En ce qui concerne l’agriculture, l’augmentation de CO2 favorise souvent plus les mauvaises herbes que les récoltes.

Il ne s’agit que de science élémentaire, acquise, en grande partie, depuis des centaines d’années, et dont les connaissances progressent constamment. Voilà pourquoi les postures climatosceptiques de certains partis et gouvernements canadiens et états-uniens de tous les paliers, particulièrement en Alberta et en Saskatchewan, sont si déconcertantes (article en anglais).

Ouvertement simplistes et antiscientifiques, leurs arguments ne font que soutenir l’industrie des combustibles fossiles qui peine de plus en plus à répéter ses mensonges et sa désinformation portant sur des preuves pourtant soulevées par ses propres scientifiques depuis les années 1950 (source en anglais)!

Les décisions doivent reposer sur la connaissance et la science, surtout lorsque notre survie est en jeu! Nous méritons tous et toutes mieux de nos responsables politiques.