Aucun argument économique valide ne peut nier le besoin de délaisser la combustion fossile pour une transition vers des énergies plus vertes.

Les efforts déployés pour résoudre la crise climatique représentent une formidable possibilité de développement économique. Le son de cloche est le même de la part d’organisations comme le Fonds Monétaire International (FMI), pourtant connues pour leur conservatisme : les bénéfices dépasseraient les coûts engendrés.

Le système capitaliste mondial basé sur la consommation encourage, bien entendu, le gaspillage et les pratiques destructives au nom du profit; le changement transformateur nécessaire exige donc un véritable renversement des paradigmes économiques. Que ce soit sous le système actuel ou un autre similaire, modifié de façon à éliminer les pires éléments de la course effrénée aux profits, les bénéfices économiques liés à l’action climatique sont évidents.

Dans les faits, la réponse inadéquate à la crise actuelle sème déjà d’immenses souffrances et la mort, et elle menace notre survie et celle d’autres espèces, rendant futile toute « économie » inventée par l’être humain. Il n’y a toutefois aucune raison économique valide qui justifie d’éviter ou même de reporter la mise en œuvre des solutions climatiques disponibles.

Que ce soit sous le système actuel ou un autre similaire, modifié de façon à éliminer les pires éléments de la course effrénée aux profits, les bénéfices économiques liés à l’action climatique sont évidents.

La recherche réalisée par le FMI (en anglais) démontre que le développement et l’innovation écologiques pourraient faire augmenter le produit intérieur brut d’au moins 1,7 % après cinq ans, comparativement à un scénario de base, tandis que d’autres estimations vont jusqu’à parler d’une augmentation quatre fois plus grande.

Le FMI rapporte également que l’abordabilité de l’énergie et la multiplication des processus de production écoénergétiques sont avantageuses, « surtout en raison de la diminution du réchauffement climatique et de la fréquence (et des coûts) des désastres climatiques ».

Dans une étude publiée dans la revue Cell Reports Sustainability, on a constaté que, de 2019 à 2022, l’augmentation des énergies renouvelables aux États-Unis a fait diminuer les quantités de dioxyde de soufre et de dioxyde d’azote dans l’atmosphère, générant l’équivalent de 249 milliards de dollars en bénéfices pour le climat et la santé.

Comparativement à l’énergie au charbon, au pétrole ou au gaz, l’énergie renouvelable présente des avantages économiques indéniables qui se multiplient. En effet, elle est moins chère, assure davantage de sécurité énergétique, est fiable, moins sujette à l’instabilité des marchés et moins polluante.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie illustre bien les enjeux en matière de sécurité énergétique. À la suite de l’interruption de l’approvisionnement en gaz, la pénurie énergétique a fait grimper les prix, entraînant des conséquences sur les marchés mondiaux et intensifiant l’avidité des entreprises de combustibles fossiles. Une transition rapide vers des sources renouvelables, comme les énergies éolienne et solaire avec stockage, a permis d’atténuer ces effets. Le coût de ces énergies continue également de chuter, ce qui les rend globalement plus abordables que les combustibles fossiles, notamment si l’on tient compte des coûts élevés de la pollution et des dommages occasionnés par ces derniers.

En effet, elle est moins chère, assure davantage de sécurité énergétique, est fiable, moins sujette à l’instabilité des marchés et moins polluante.

Nombreux sont les exemples et les études qui font état des avantages d’investir dans la lutte contre les changements climatiques. Cela réduit les coûts énergétiques et stabilise les marchés, stimule le développement technologique, réduit les dépenses en matière de santé, permet d’éviter des conséquences coûteuses dans toutes les sphères, de l’agriculture aux infrastructures urbaines, et élargit les possibilités économiques pour les gens de tous les horizons.

Entre-temps, le prix de l’inaction grimpe en flèche au quotidien : les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent, davantage de personnes fuient les régions qui surchauffent, les effets de la pollution et du climat sur la santé s’intensifient, les pénuries d’eau empirent et les pertes agricoles s’alourdissent.

Une étude (en anglais) publiée récemment dans la revue Nature estimait de façon prudente que les dommages causés par les changements climatiques coûteraient six fois plus cher que les mesures qu’il faudrait prendre pour limiter le réchauffement de la planète à 2 °C au cours des 26 prochaines années, avec une baisse des revenus moyens de 19 %.

Selon une autre étude (en anglais) publiée dans la même revue, on estime que, de 2000 à 2019, le coût annuel des dommages causés par les phénomènes météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques représentait, à lui seul, « environ 143 milliards de dollars, soit environ 16,3 millions de dollars par heure », et que « dans les 20 dernières années, les phénomènes météorologiques extrêmes mondiaux, comme les ouragans, les inondations et les vagues de chaleur, ont eu un coût estimé de 2 800 milliards de dollars ». Ces chiffres augmentent à vue d’œil.

Aucun argument économique valide ne peut nier le besoin de délaisser la combustion fossile pour une transition vers des énergies plus vertes. Il est plus que temps de faire des choix éclairés.

Nous avons été témoins des conséquences de la dévastation au Canada : dômes de chaleur, inondations, sécheresses, primes d’assurance à la hausse et augmentation du coût de la vie. Selon l’Institut climatique du Canada, « les pertes assurées associées aux événements météorologiques catastrophiques survenus entre 2010 et 2019 se sont élevées à plus de 18 milliards de dollars, et le nombre d’événements catastrophiques a été plus de trois fois supérieur à celui des années 1980. »

Certes, l’industrie des combustibles fossiles fournit des emplois et génère des profits pour bien des gens au Canada et partout dans le monde, tout comme l’ont fait d’autres industries nocives – pensons à celle du tabac –, mais à quel prix? Nous sommes au fait de la pollution et des dommages occasionnés depuis longtemps, mais l’industrie a tout fait pour minimiser ou invisibiliser les conséquences négatives. Il est important que les personnes touchées par la transition requise se voient offrir des perspectives d’emploi meilleures et plus saines, surtout dans le contexte actuel d’automatisation croissante de l’industrie qui menace les emplois. Actuellement, les seules personnes qui profitent vraiment des combustibles fossiles sont celles qui tirent avantage des dommages causés.

Aucun argument économique valide ne peut nier le besoin de délaisser la combustion fossile pour une transition vers des énergies plus vertes. Il est plus que temps de faire des choix éclairés.