Comment réduire l’empreinte carbone du numérique

Profitez des avantages de l'internet tout en réduisant votre empreinte carbone numérique.

Voici une autre bonne raison de diminuer son temps d’écran! Chaque clic, chaque touche de clavier enfoncée, chaque téléchargement contribuent à l’empreinte carbone du numérique. Alors que nos vies s’entremêlent de plus en plus avec la technologie, nous pouvons aisément oublier les conséquences environnementales de nos activités en ligne.

Procédons donc avec précaution, dans le monde tant virtuel que réel.

Qu’est-ce que l’empreinte carbone du numérique?

L’empreinte carbone du numérique se compose de l’ensemble des émissions de carbone générées par les activités en ligne, notamment : la lecture vidéo en continu, les jeux en ligne, le défilement de publications sur les réseaux sociaux, le téléchargement de fichiers, les réunions virtuelles ou l’envoi de courriels.

L’internet a transformé presque tous les aspects de la vie humaine, et a refaçonné le monde dans plusieurs de ses facettes. La société s’en trouve profondément restructurée : l’internet rapproche les gens, outille les mouvements sociaux et environnementaux, et encourage l’innovation dans presque tous les secteurs de l’économie mondiale. Cependant, l’augmentation de notre dépendance aux technologies numériques accroît de ce fait la consommation d’énergie. Cette montée dans la demande contribue aux émissions de carbone et au changement climatique, aggrave l’épuisement des ressources et empire la dégradation de l’environnement.

Plus de cinq milliards d’individus dans le monde naviguent sur internet. Un nombre grandissant d’industries passent au numérique, ce qui intensifiera la demande pour des technologies voraces en énergie. Cette situation renforcera la pression sur des écosystèmes déjà drainés, et exacerbera les iniquités sociales et environnementales. Pour répondre à cette montée de l’empreinte carbone du numérique, il faut des actions collectives, mues par des initiatives individuelles, mais aussi institutionnelles.

L’impact environnemental du magasinage en ligne

Le magasinage en ligne a révolutionné nos habitudes d’achat. En quelques clics, on peut acheter des vêtements, faire son épicerie et se procurer de nouveaux meubles, et le tout livré directement chez soi. Impossible de nier le caractère pratique et accessible de l’expérience. Le coût environnemental, cependant, s’avère substantiel.

Diminuez l ’impact écologique de votre magasinage en ligne

Chaque clic de souris compte : les effets de votre activité en ligne sur l’environnement

L’internet se déploie comme un vaste enchevêtrement de routes aux destinations multiples. L’information voyage dans ses réseaux sous la forme de paquets qui contiennent des données de toute sorte.

Chaque action en ligne (un envoi de courriel, une vidéo visionnée, une navigation sur les réseaux sociaux) requiert de l’énergie pour faire parvenir une requête depuis votre appareil vers des serveurs dans des centres de traitement de données. Ces derniers agissent comme des entrepôts virtuels et emmagasinent et traitent une grande quantité d’informations. Bien qu’essentiels pour nos activités numériques, ces centres affectent énormément l’environnement.

Consommation d’énergie

Les centres de traitement de données détenus par des entités de grande échelle, comme Google et Facebook, ont promis d’atteindre la carboneutralité d’ici 2030, notamment grâce à la compensation carbone et à des infrastructures d’énergies renouvelables éoliennes ou solaires. Toutefois, la plupart d’entre eux s’alimentent encore de réseaux électriques de sources non renouvelables. Près de 2 % des émissions de carbone liées à l’énergie proviennent des centres et les réseaux de données, ce qui les place ex aequo avec le secteur de l’aviation!

Consommation d’eau

Pour éviter la surchauffe des serveurs, les centres ont recours à de massives quantités d’eau afin d’en assurer le refroidissement. Un centre de données de Google de taille standard utilise 1 703 435 litres d’eau par jour.

De plus, ces installations se trouvent souvent dans des régions frappées par la sécheresse. Selon les données de 2021 (en anglais), environ 20 % d’entre elles aux États-Unis dépendaient de bassins versants affectés par des sécheresses modérées à élevées. Plusieurs s’approvisionnent depuis des sources d’eau potable, au détriment des besoins des communautés.

Usage du territoire

Les centres de traitement de données occupent de larges portions de territoire pour construire, opérer et développer leurs infrastructures. Dans bien des cas, cela s’accompagne de déforestation, de destruction d’habitats et de perte de biodiversité. Un centre projeté en Virginie a notamment suscité beaucoup d’attention du public en 2022, alors qu’on apprenait que sa construction impliquerait le changement de zonage de 2 100 acres de terres. Plus d’une trentaine d’organismes régionaux et nationaux ont uni leurs forces pour mettre en lumière les coûts irréversibles sur l’environnement à long terme.

Perturbation de la vie marine

Le fond des océans est sillonné de près de 1,5 million de kilomètres de câbles à fibre optique sous-marins. Pierre angulaire de la connexion internet, ces câbles transportent des signaux de télécommunication partout à travers le monde. Les activités d’installation, de maintenance et de mise hors service ont bouleversé les habitats, en plus d’engendrer de la pollution chimique et sonore. Cette contamination liée au bruit se trouve d’ailleurs corrélée aux échouages en masse de dauphins et de baleines qui entraînent leur mort prématurée (article en anglais). Ces câbles en service causent des effets à long terme, notamment l’émission de chaleur, le rayonnement de champs électromagnétiques, la pollution chimique, la création de récifs artificiels et des effets réserve, lesquels perturbent tous l’habitat et l’écologie (source en anglais).

Le saviez-vous?

01

Lecture en continu

La lecture en continu sur un téléviseur durant une à deux heures consomme la même quantité d’électricité que votre réfrigérateur en une demi-journée.

02

Réseaux sociaux

Cinq minutes par jour de défilement sur TikTok durant un an équivalent à vingt kilomètres parcourus en voiture chaque semaine.

03

Cryptomonnaie

Une simple transaction de cryptomonnaie émet une quantité équivalente de carbone à celles que produit un ménage en trois semaines.

Source: Plan Be Eco

Neuf astuces pour réduire votre empreinte carbone numérique

Comment profiter des avantages de l’internet et réduire votre empreinte écologique tout à la fois?

1. Optez pour des pratiques judicieuses en matière de visionnement

La lecture de vidéo et d’audio en continu s’avère très énergivore. En fait, la diffusion vidéo en continu cause 75 % du trafic de données mondial.

  • Optez pour des paramètres de faible résolution pour la lecture en continu.
  • Favorisez le téléchargement plutôt que l’écoute multiple du même contenu.
  • Choisissez des services qui priorisent des serveurs écoénergétiques.
  • Désactiver la fonction de lecture automatique sur YouTube et sur les autres plateformes de diffusion en continu.

2. Adoptez des pratiques saines de gestion des courriels

L’empreinte carbone de l’envoi d’un courriel avec une lourde pièce jointe s’apparente à celle d’un kilomètre parcouru en voiture (source en anglais)!

  • Optez pour des services infonuagiques afin de réduire la taille des courriels : ajoutez toujours un hyperlien vers des fichiers en ligne plutôt que des documents en pièce jointe.
  • Désabonnez-vous d’infolettres non désirées ou superflues.
  • Supprimez régulièrement vos vieux courriels.
  • Compressez les fichiers lourds avant l’envoi.
  • Ne « répondez à tous » que si cela s’avère strictement nécessaire.
  • Encouragez votre milieu de travail à adopter des pratiques écologiques de gestion des courriels. (Lancez une équipe verte!)

3. Choisissez des services d’hébergement écologiques

Un nombre accru d’entreprises se centre sur le développement durable. Les services d’hébergement Web ne sont pas en reste.

  • Si vous possédez un site internet, optez pour des serveurs d’hébergement alimentés par des énergies renouvelables. Cherchez des certificats d’énergie renouvelable pour les services d’hébergement.
  • Encouragez les entreprises et les services qui ont recours à des hébergeurs écologiques. Restez à l’affût des logos de site Web écoresponsables.
  • Lancez un site Web alimenté par l’énergie solaire.

4. Réduisez votre consommation d’énergie

Les appareils électroniques ne peuvent fonctionner sans énergie. Cette dernière joue pourtant un rôle prépondérant dans le changement climatique, puisqu’elle est responsable d’environ 60 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (source en anglais). Ainsi, la diminution de la consommation d’énergie de vos appareils s’avère un élément clé pour réduire votre empreinte de carbone issue du numérique.

  • Activez le plus possible le mode économie d’énergie pour en optimiser l’usage.
  • Débranchez les chargeurs et les appareils lorsqu’ils ne sont pas en fonction.
  • Diminuez la luminosité.
  • Activez les thèmes foncés ou en noir et blanc sur vos appareils.
  • Réduisez les notifications.
  • Fermez ou désactivez toute application superflue ou activité en arrière-plan.
  • Lorsque vous n’utilisez pas votre appareil, activez la mise en veille ou la veille prolongée pour éviter la consommation « fantôme » des appareils au repos.

5. Prolongez la vie de vos appareils

Les déchets électroniques représentent la source de gaspillage domestique en plus rapide croissance. La cause repose notamment dans l’obsolescence programmée, la diminution des possibilités de réparation et une augmentation de la consommation de matériel électrique et électronique à court cycle de vie utile. Assurez-vous de nettoyer et d’entretenir vos appareils, à l’intérieur comme à l’extérieur.

  • Respectez les six « R ».
  • Si possible, optez pour la réparation plutôt que pour l’achat de nouveaux appareils.
  • Mettez à jour régulièrement vos logiciels pour vous assurer d’avoir les plus récentes versions des systèmes d’exploitation et des applications.

6. Faites le ménage de vos espaces numériques

Chaque fichier, application ou programme emmagasiné dans votre matériel électronique requiert de l’énergie au moment de sa création, mais aussi pour son entretien et son accès. Ainsi, l’encombrement d’un appareil augmente la quantité d’énergie consommée durant son utilisation. Dans le cas des serveurs infonuagiques, l’information se synchronise régulièrement dans des centres de traitement de données, ce qui augmente la demande d’énergie pour leur fonctionnement. Dans votre routine de désencombrement, il est donc important d’y incorporer une dimension numérique.

  • Passez régulièrement en revue vos fichiers et vos applications, et supprimez tout élément superflu.
  • Pensez-y à deux fois avant de télécharger de nouvelles applications ou des fichiers.
  • Videz régulièrement le cache de votre navigateur et effacez les témoins, pour libérer de l’espace de stockage.
  • Compressez les documents, les images, les vidéos et autres fichiers multimédias.
  • Sauvegardez des copies de vos fichiers et de vos données sur des disques durs externes.
  • Supprimez les doublons.
  • Faites régulièrement le ménage dans les marque-pages numériques de votre navigateur.

7. Engagez-vous dans une détox numérique

Prenez des pauses de vos appareils électroniques! Cela revêt le double avantage de prendre soin de votre santé mentale et de réduire votre empreinte carbone issue du numérique.

  • Planifiez régulièrement des moments loin des écrans dans votre journée, notamment : durant les repas, avant le coucher ou lors d’activités en famille ou entre ami.e.s.
  • Programmez des limites de temps d’écran sur les applications de réseaux sociaux et de diffusion en continu.
  • Désignez des espaces « zéro techno » dans votre maison, comme dans la chambre à coucher ou la salle à manger.
  • Réduisez les notifications au minimum pour éviter les distractions et la tentation de consulter constamment votre téléphone ou votre ordinateur.
  • Débranchez vos appareils et connectez-vous à la nature.

8. Optez pour des investissements de cryptomonnaie écologiques

Les émissions d’un seul bitcoin équivalent à celles de 330 000 transactions de cartes de crédit (article en anglais). Participez à la finance décentralisée et réduisez l’empreinte carbone du numérique.

  • Choisissez des cryptomonnaies fondées sur des mécanismes de consensus comme la preuve par l’enjeu ou la preuve de participation déléguée, beaucoup moins énergivores que les options fondées sur la preuve de travail.
  • Favorisez des projets de cryptomonnaie centrés sur la durabilité qui ont des mesures en place pour réduire leur impact environnemental.
  • Investissez dans des cryptomonnaies et des projets de chaînes de blocs orientés vers la création de technologies écoénergétiques et de solutions pour l’avenir de la finance et des transactions numériques.

9. Limitez votre usage de l’IA

Le recours à l’intelligence artificielle a explosé dans les dernières années et celle-ci représente maintenant un outil accessible à quiconque navigue sur internet. Les agents conversationnels (chatbot) propulsés par l’IA ont, depuis 2022, rallié plus de 180 millions de personnes utilisatrices. L’entraînement de ces machines a consommé 1 287 mégawattheures d’électricité et a généré l’équivalent de 552 tonnes de dioxyde de carbone (article en anglais). Chaque requête envoyée à ChatGPT produit 4,32 grammes de CO2; c’est plus qu’une recherche sur Google (source en anglais)!

  • Limitez au strict nécessaire le recours aux programmes, applications et générateurs fondés sur l’IA.
  • Optez pour des modèles d’IA qui font la promotion et utilisent des technologies et des pratiques écologiques.
  • Revenez aux méthodes de recherche traditionnelles : revues de la littérature, entrevues, expériences et sondages.
  • Appuyez-vous sur le pouvoir de la communauté. Organisez un atelier de partage de compétences.