Les changements climatiques ne devraient pas être un sujet politique. Les preuves sont là, à la vue de tout le monde, et partout les gens en ressentent les effets. Les chef.fe.s de gouvernement de toutes les nations, toutes idéologies confondues, ont signé des ententes pour faire face à la crise, et des organismes renommés comme l’International Energy Agency et la Banque mondiale ont analysé la nécessité et l’intérêt d’agir rapidement.
Alors, pourquoi autant de responsables politiques et de gouvernements agissent-ils comme s’ils et elles représentaient l’industrie du charbon, du gaz et du pétrole plutôt que les personnes qui les ont élu.e.s?
Est-ce du déni? De la pure ignorance? Ces gens ont-ils plus à cœur les profits à court terme et les gains politiques que la santé, le bien-être et la survie des êtres humains? Certain.e.s citent en fait la prophétie biblique de la « fin des temps » comme excuse pour ignorer l’urgence de la situation (article en anglais).
Pas étonnant, dans ces circonstances, qu’autant de jeunes ressentent de l’anxiété, de la peur et de l’incertitude quant à leur avenir. La plupart d’entre eux et elles entrevoient ce qui nous attend si nous n’accélérons pas la lutte contre les changements climatiques. Et la classe politique les déçoit – comme elle nous déçoit tous et toutes.
On le voit ici, au Canada : dans certaines provinces, les leaders politiques rejettent toutes les solutions climatiques – qu’il s’agisse de tarification du carbone ou d’énergie éolienne – et continuent de faire la promotion de combustibles polluants qui perturbent le climat, même si toutes les personnes ayant étudié la question disent qu’il faut les laisser dans le sol. Ces leaders freinent le progrès rapide des énergies renouvelables, secteur pourtant profitable et créateur d’emplois. Véritables perroquets, ils et elles reprennent les mots de l’industrie pétrogazière pour promouvoir le gaz « naturel » (encore un combustible fossile) et des technologies coûteuses qui n’ont pas fait leurs preuves, comme la capture et le stockage du carbone (dernière planche de salut d’un secteur agonisant), à titre de solutions climatiques.
Pas étonnant, dans ces circonstances, qu’autant de jeunes ressentent de l’anxiété, de la peur et de l’incertitude quant à leur avenir. La plupart d’entre eux et elles entrevoient ce qui nous attend si nous n’accélérons pas la lutte contre les changements climatiques. Et la classe politique les déçoit – comme elle nous déçoit tous et toutes.
Étrangement, certaines personnalités politiques rejettent tout bonnement l’existence d’un problème. Tony Abbott, ancien premier ministre de l’Australie, a récemment qualifié les sciences du climat d’« antihistoriques et hautement invraisemblables », relayant du même coup des éléments de désinformation facilement réfutables.
Aux États-Unis et ailleurs, il n’est pas rare que l’on puisse deviner la position des personnalités politiques sur les sciences du climat en regardant combien elles reçoivent du secteur des combustibles fossiles – quand elles n’ont pas carrément des parts dans les entreprises du secteur.
Voir ou subir directement les dômes de chaleur, sécheresses, inondations et autres records de température qui se multiplient et s’intensifient et dire qu’il n’y a pas de problème, c’est de la folie. La plupart du temps, cette opinion se fonde sur l’absence de connaissances scientifiques et s’accompagne d’une incapacité à distinguer un fait d’une hypothèse, d’une théorie et d’une loi en contexte scientifique, même après une explication claire de ces concepts.
En refusant d’écouter la science, ces personnes retardent l’action climatique urgemment nécessaire, ce qui met en danger toutes les formes de vie.
En refusant d’écouter la science, ces personnes retardent l’action climatique urgemment nécessaire, ce qui met en danger toutes les formes de vie. Même les responsables politiques qui comprennent et ont à cœur l’urgence climatique font souvent des compromis, édulcorant leurs politiques pour amadouer l’électorat et s’assurer la victoire aux prochaines élections.
Mais chaque molécule de dioxyde de carbone émise reste dans l’atmosphère pour des centaines d’années, c’est dire que même si on arrêtait aujourd’hui la combustion de gaz, de charbon et de pétrole et la destruction des réservoirs de carbone comme les forêts et les milieux humides, la température moyenne de la planète continuerait de grimper (article de la NASA en anglais).
« Ce que nous vivons aujourd’hui, à moins que les gens et les gouvernements prennent immédiatement des mesures draconiennes, est le sixième grand effondrement des systèmes de la Terre », écrivait récemment George Monbiot (dans The Guardian). On parle généralement d’« extinctions massives », mais M. Monbiot soutient qu’une extinction n’est qu’un symptôme de l’effondrement des systèmes.
Nous nous rapprochons actuellement de points de bascule : la disparition de la glace marine de l’Arctique en raison des températures accrues déclenchera une accélération du réchauffement, puisque la surface réflectrice de la glace est alors remplacée par la terre et l’eau, plus foncées, qui absorbent plus de rayonnement solaire – et c’est sans parler de l’intensification des phénomènes météo due à l’affaiblissement du courant-jet atmosphérique du nord.
Nous devons prendre la parole, écrire des lettres, signer des pétitions, descendre dans les rues et voter uniquement pour les candidat.e.s qui reconnaissent la nécessité de bâtir un monde où l’air, l’eau et la terre sont purs, avec de bonnes occasions d’emploi et de développement économique et un climat stable.
Quant à la fonte rapide de la glace marine de l’Antarctique, elle « pourrait entraîner l’effondrement en cascade des plateformes de glace flottantes formées d’eau douce qui se trouvent au-dessus de la glace marine, ce qui ferait monter le niveau de la mer de façon catastrophique à l’échelle planétaire ». La déforestation de zones critiques, par exemple en Amazonie, pourrait en outre modifier considérablement les modèles de précipitations, transformant la forêt pluviale en savane.
On observe aussi une perte massive de biodiversité végétale et animale : les espèces menacées d’extinction sont de plus en plus nombreuses chaque jour.
Comme l’illustrent les Perspectives énergétiques mondiales de l’International Energy Agency pour 2023, nous faisons des progrès, mais le temps nous file entre les doigts. Il revient à chaque personne de faire tout ce qu’elle peut pour veiller à ce que les gens au pouvoir – au gouvernement et dans l’industrie – saisissent l’ampleur de la crise et la prennent au sérieux.
Nous devons prendre la parole, écrire des lettres, signer des pétitions, descendre dans les rues et voter uniquement pour les candidat.e.s qui reconnaissent la nécessité de bâtir un monde où l’air, l’eau et la terre sont purs, avec de bonnes occasions d’emploi et de développement économique et un climat stable.
Ne laissons pas le refus d’écouter la science nous faire perdre le précieux temps qu’il nous reste.