L’International Energy Agency (IEA) nous divulgue une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne nouvelle : l’énergie renouvelable est en voie de représenter la moitié du panier énergétique mondial d’ici 2030. Mauvaise nouvelle : cela ne suffira pas.
Sur fond de conflits internationaux grandissants, d’instabilité des marchés de l’énergie fossile et de phénomènes météorologiques extrêmes, le rapport « Perspectives énergétiques mondiales 2023 » de l’IEA insuffle une dose d’espoir. On y apprend notamment que les énergies propres ont connu une croissance de 40 pour cent depuis 2020, ce qui n’est pas uniquement attribuable à la « pression pour réduire les émissions ».
Selon le rapport, cette tendance s’explique surtout par « la force de l’argumentaire économique en faveur de [ces] technologies, dont l’efficacité n’est plus à prouver. La sécurité énergétique pèse aussi dans la balance, surtout pour les pays importateurs de pétrole. Sans compter la politique industrielle et le désir de créer des emplois dans le secteur de l’énergie propre ».
Parmi les lueurs d’espoir, notons : l’atteinte de records, en 2023, dans la capacité de générer de l’énergie renouvelable; plus d’un milliard de dollars américains dépensés chaque jour pour le déploiement de l’énergie solaire; et la croissance des ventes de véhicules électriques. Plusieurs attentes ont été largement dépassées, que ce soit l’installation de thermopompes dans l’Union européenne et aux États-Unis, ou encore l’expansion de l’énergie solaire et éolienne en mer en Chine.
Sur fond de conflits internationaux grandissants, d’instabilité des marchés de l’énergie fossile et de phénomènes météorologiques extrêmes, le rapport « Perspectives énergétiques mondiales 2023 » de l’IEA insuffle une dose d’espoir.
Grâce à l’abordabilité grandissante de telles énergies, jumelée à la hausse et à l’instabilité des prix des combustibles fossiles, les marchés de l’énergie font l’objet d’une transformation rapide. Selon le rapport de l’IEA, « [l]a transition énergétique s’accélère et prend de l’ampleur, laissant peu de place à la croissance des énergies fossiles. Pour la première fois, les trois scénarios des “Perspectives énergétiques mondiales” prévoient que la demande pour le pétrole, le gaz naturel et le charbon culminera en 2030 avant de décliner. »
Mais l’agence rappelle que « l’investissement dans les secteurs pétrolier et gazier excède encore du double les niveaux requis » pour atteindre les objectifs climatiques. La température de surface moyenne dans le monde a déjà dépassé de 1,2 °C les niveaux préindustriels. Elle s’approche dangereusement du cap du 1,5 °C, établi par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat comme le point de non-retour à ne pas franchir si l’on veut éviter une avalanche de conséquences catastrophiques. Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter, à cause d’un recours excessif au charbon, au pétrole et au gaz. « Le secteur énergétique s’avère le principal responsable de l’air pollué, respiré par plus de 90 % de la population mondiale. Cette pollution est également corrélée à plus de six millions de morts prématurées par année. »
Selon son analyse de « différents scénarios prenant les conditions réelles et actuelles comme point de départ », le rapport de l’IEA envisage « le début de la fin de l’ère de l’énergie fossile ». Il prévoit que la demande pour ces combustibles atteindra son apogée dans les six prochaines années. L’IEA met toutefois en garde : « Il est encore possible de renverser la vapeur en faveur de l’objectif 1,5 °C, mais ce chemin sera très difficile. »
Pour le directeur général de l’IEA, Fatih Birol, le virement énergétique mondial est « inarrêtable ». Il affirme qu’il faut embarquer dans la danse le plus vite possible.
« Les gouvernements, les entreprises et les investisseurs doivent appuyer la transition vers des énergies vertes, plutôt que l’entraver », a-t-il ajouté. « Elle recèle d’immenses avantages, notamment de nouvelles possibilités industrielles et d’emploi, une amélioration de la sécurité énergétique, un air plus pur, l’universalité de l’accès aux énergies et un climat plus sûr pour tout le monde. Compte tenu des tensions et de l’instabilité au sein des marchés de l’énergie de nos jours, l’argument en faveur du pétrole et du gaz est plus faillible que jamais. Contrairement à ce qui est avancé, ces choix énergétiques ne représentent pas des options énergétiques fiables ou sécuritaires pour la planète et pour l’avenir climatique. »
Les preuves sont irréfutables : nous pouvons et nous devons faire volte-face, mais il faut agir maintenant!
Il n’y a aucun temps à perdre. Une récente analyse scientifique internationale, publiée dans le journal Bioscience (en anglais), constate que les « signes vitaux » de la Terre sont à leur plus bas : sur 35 indicateurs de crise climatique, 20 affichent des données records.
Quant au refus d’écouter les signaux d’alerte et le torrent de preuves, les scientifiques ne passent pas par quatre chemins : « Malheureusement, il ne reste plus de temps. Ces prédictions se manifestent déjà sous nos yeux : nous sommes témoins de records climatiques alarmants et sans précédent, aux conséquences bouleversantes qui sèment la souffrance dans leur sillage. Nous entrons en terrain inconnu avec cette crise climatique, une situation jamais vue dans l’histoire de l’humanité. »
Dix pour cent des plus gros pollueurs étaient responsables de cinquante pour cent des émissions dans le monde entier en 2019. Les scientifiques appellent à un changement dans l’économie mondiale, pour prioriser le bien-être humain avant la surconsommation et l’excès d’émissions par les plus fortuné.e.s, rapporte The Guardian (en anglais).
Les preuves sont irréfutables : nous pouvons et nous devons faire volte-face, mais il faut agir maintenant! Nous devons laisser le charbon, le pétrole et le gaz dans le sol. Nous devons cesser la dévastation et pivoter vers un système économique garant d’un futur radieux.
Nous traverserons cette crise ensemble.