Trop de gens consomment plus que les systèmes de la Terre ne peuvent renouveler. Mais même si la croissance démographique est un problème important, la surconsommation d’énergie et de produits est le problème le plus urgent et le plus facile à résoudre.
Les riches, y compris les personnes de la classe moyenne dans les pays riches, sont responsables d’émissions nuisibles au climat plusieurs fois plus élevées que celles des personnes à faible revenu – c’est encore plus le cas pour les très riches. Le Stockholm Environment Institute estime que les 0,1 % des personnes les plus riches du monde émettent 10 fois plus par habitant.e que 10 % des personnes les plus riches réunies, soit plus de 200 tonnes de dioxyde de carbone par an pour chacune d’entre elles.
Les grandes maisons et les bâtiments mal isolés et inefficaces, les grands véhicules personnels, les yachts et les jets privés (et juste le fait de beaucoup prendre l’avion en général) consomment tous des quantités considérables d’énergie.
Comme le souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « la richesse, l’utilisation de l’énergie et la consommation de biens et de services sont inégalement réparties dans le monde. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ne font pas exception à la règle ».
Comme le souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « la richesse, l’utilisation de l’énergie et la consommation de biens et de services sont inégalement réparties dans le monde. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ne font pas exception à la règle ».
L’AIE ajoute : « Au niveau mondial, les 10 % plus gros émetteur.rice.s étaient responsables de près de la moitié des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie en 2021, contre seulement 0,2 % pour les 10 % les plus modestes, » et « 85 % d’entre elles et eux vivent dans des économies avancées » – y compris au Canada.
Les chiffres disproportionnés sont également choquants quand on considère les indicateurs de richesse par pays, qui révèlent l’empreinte démesurée de la minuscule minorité de personnes excessivement riches.
Une étude récente publiée dans Nature Energy, intitulée Emissions savings from equitable energy demand reduction, a révélé que répondre aux besoins de 20 % des Européen.ne.s qui consomment le moins d’énergie et réduire la demande des 20 % plus gros.ses consommateur.rice.s d’énergie « permet de réaliser des réductions notables des émissions de gaz à effet de serre de 11,4 % pour l’énergie domestique, 16,8 % pour le transport et 9,7 % pour la consommation totale d’énergie ».
L’étude souligne que même si la décarbonation de l’énergie – c’est-à-dire l’arrêt de l’utilisation des combustibles fossiles – est essentielle, la réduction de la demande d’énergie dans les pays du Nord est une étape nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques.
Dans sa dernière évaluation (en anglais), le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a trouvé que les stratégies visant à réduire la demande pourraient diminuer les émissions de 40 à 70 % d’ici 2050, par rapport à la situation actuelle. La réduction de la consommation en général, des marchandises à l’énergie, chez les riches, qui nécessite de surmonter nos habitudes consuméristes de gaspillage, pourrait contribuer à répondre aux besoins des personnes en situation de précarité énergétique, à mesure que les émissions diminuent.
L’étude souligne que même si la décarbonation de l’énergie – c’est-à-dire l’arrêt de l’utilisation des combustibles fossiles – est essentielle, la réduction de la demande d’énergie dans les pays du Nord est une étape nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques.
« Nous devons commencer à nous attaquer à la consommation d’énergie liée au luxe pour qu’elle reste dans les limites d’un budget carbone équitable pour la planète, mais aussi pour disposer des ressources énergétiques permettant aux personnes en situation de précarité énergétique d’augmenter légèrement leur consommation d’énergie et de répondre à leurs besoins », a déclaré Milena Büchs, autrice principale de l’étude Emissions savings et professeure de bien-être durable à l’université de Leeds, lors d’une interview accordée à The Guardian.
L’étude affirme que « celles et ceux qui ont le plus contribué aux changements climatiques et qui ont la plus grande capacité d’agir devraient assumer la plus grande responsabilité dans la réduction de la demande d’énergie et des émissions ». La « capacité d’agir » fait référence au fait que les riches pourraient réduire considérablement leurs empreintes environnementales en renonçant à ce que beaucoup considèrent comme du « luxe » ou en le réduisant. Et, comme le rapporte The Guardian, « les riches ont plus de moyens pour réduire leurs émissions et celles des autres » – non seulement dans leur façon de faire leurs achats « mais aussi dans leur façon d’agir en tant que citoyen.ne.s, investisseur.euse.s, exemples à suivre et travailleur.euse.s ».
Nous devrions aussi tenir compte du paradoxe de Jevons lorsque nous discutons du consumérisme. Ce paradoxe implique qu’au lieu de réduire la demande, une plus grande efficacité entraîne une baisse des coûts, ce qui augmente la demande globale. Ne nous contentons pas de remplacer une société de consommation gaspilleuse par une autre, même si celle-ci utilise des sources d’énergie plus propres.
Il devient de plus en plus évident que la crise climatique est aussi une crise de justice sociale. Elle est en grande partie due à la consommation excessive des privilégié.e.s économiques – personnes et nations – qui en ont le plus profité, tandis que celles et ceux qui ont le moins contribué au problème ont été les plus dévasté.e.s par ses conséquences – des conséquences qui s’aggravent chaque jour!
Pour faire face à la crise climatique, il est nécessaire de mettre en œuvre de nombreuses solutions; le plus urgent est de faire rapidement la transition du charbon, du pétrole et du gaz vers les énergies renouvelables. Mais nous devons aussi réduire la consommation globale d’énergie, en commençant par celles et ceux qui en consomment le plus. En même temps, les politiques et réglementations qui freinent la consommation excessive des riches doivent aussi sortir les plus démuni.e.s de la précarité énergétique. Une meilleure énergie, une meilleure équité.