La population humaine vient d’atteindre huit milliards d’individus! Faut-il s’en inquiéter?
Notre nombre a quadruplé au cours de ma vie – et doublé depuis 1975. Il est indéniable que la croissance rapide de toute espèce dans un environnement limité aura des conséquences. Alors que les êtres humains ont besoin de plus de terres, d’eau, d’arbres et de carburants, nous en laissons moins pour les autres espèces et perturbons l’équilibre écologique.
Lorsque les gens consomment comme nous l’avons fait dans les pays du Nord, ou aspirent à le faire, les problèmes deviennent beaucoup plus graves.
Mais dans quelle mesure les changements climatiques et la croissance démographique sont-ils liés? Peut-être pas tant que ça. Selon un récent rapport du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, « bien que les pays à revenu élevé et à revenu moyen supérieur abritent environ 50 % de la population mondiale, ils contribuent à environ 85 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Ces émissions provenant des pays à revenu moyen supérieur ont plus que doublé depuis 2000, même si le taux de croissance de la population a diminué tout au long de cette période ».
Lorsque les gens consomment comme nous l’avons fait dans les pays du Nord, ou aspirent à le faire, les problèmes deviennent beaucoup plus graves.
Une personne qui réside aux États-Unis ou au Canada émet en moyenne deux fois plus qu’une personne vivant dans l’Union européenne ou au Royaume-Uni et dix fois plus qu’une personne en Inde ou au Pakistan. Le Pakistan d’ailleurs, comme de nombreux pays qui ont le moins contribué au problème, a été durement touché par les impacts climatiques, un tiers du pays ayant été dévasté par des inondations en 2022.
Il est clair que la préoccupation immédiate reste la consommation excessive. La croissance démographique est en train de ralentir, avec 10,4 milliards d’êtres humains attendus d’ici 2080, puis une stabilisation de la population totale. Une étude a révélé que cette augmentation contribuerait beaucoup moins au réchauffement de la planète que, par exemple, le fait de ne pas fixer de prix sur le carbone.
Nous pouvons réduire la consommation immédiatement, mais stabiliser la croissance démographique prend du temps et nécessitera des efforts mondiaux continus pour renforcer les droits des femmes, fournir une éducation aux femmes, aux filles et aux familles et garantir l’accès aux ressources de planification familiale et des naissances.
En se concentrant davantage sur la population que sur la consommation, on ignore les impacts bien plus importants que les pays riches – où la croissance démographique ralentit – créent.
En se concentrant davantage sur la population que sur la consommation, on ignore les impacts bien plus importants que les pays riches – où la croissance démographique ralentit – créent.
Considérez également qu’une grande partie de la richesse des pays du Nord est en fait volée aux pays du Sud. Par l’exploitation continue d’entreprises coloniales, les personnes et les nations riches ont exploité les ressources naturelles et les peuples de toutes les régions du monde – de l’esclavage à l’expulsion des peuples autochtones de leurs propres territoires et à la destruction des terres et des eaux pour l’exploitation minière, le développement des combustibles fossiles, l’agriculture industrielle et les barrages et centrales électriques de grande envergure.
Une étude (en anglais) a révélé que les échanges inégaux privent les pays du Sud de 10 000 milliards de dollars par an et « en 2015, le Nord s’est approprié du Sud 12 milliards de tonnes équivalentes de matières premières totales, 822 millions d’hectares de terres chargées d’histoire, 21 exajoules d’énergie intrinsèque et 188 millions d’années-personnes de travail direct et indirect, soit une valeur de 10 800 milliards de dollars en valeurs du Nord, ce qui est suffisant pour mettre fin 70 fois à l’extrême pauvreté ».
Ils ont conclu que cet « échange inégal est un moteur important de l’inégalité mondiale, du développement inégal et de l’effondrement écologique ».
Le dérèglement climatique est principalement dû aux émissions de gaz à effet de serre résultant d’une économie axée sur la consommation dans le Nord, fondée en grande partie sur l’exploitation de la main-d’œuvre et des ressources de pays et de personnes qui ne bénéficient pas des mêmes avantages. Un grand nombre de ces pays connaissent aujourd’hui de graves crises liées au climat, qu’il s’agisse d’inondations massives, de vagues de chaleur mortelles ou de migrations humaines croissantes. Et les gens soutiennent que la croissance démographique est le principal problème?
Un grand nombre de ces pays connaissent aujourd’hui de graves crises liées au climat, qu’il s’agisse d’inondations massives, de vagues de chaleur mortelles ou de migrations humaines croissantes. Et les gens soutiennent que la croissance démographique est le principal problème?
C’est pourquoi les récentes discussions qui ont eu lieu durant le sommet sur le climat COP27 et en marge de celui-ci, sur la compensation des « pertes et dommages » et le financement pour aider les pays du Sud à s’adapter à l’inévitable et à éviter les pires impacts climatiques n’auraient pas dû être controversées.
Tous ceux et celles d’entre nous qui ont bénéficié de décennies ou de siècles d’exploitation ont une dette envers les personnes, les communautés et les nations vulnérables. Nous devrions au moins faire tout ce qui est en notre pouvoir pour limiter nos modes de vie de consommateurs et réduire nos empreintes environnementales, notamment en réduisant les émissions.
Mais ce n’est pas seulement l’affaire des individus; l’industrie doit payer sa part. C’est pourquoi une « taxe sur les bénéfices exceptionnels » suscite beaucoup d’intérêt. Bien menée, cette taxe permettrait de taxer les bénéfices massifs que les entreprises de combustibles fossiles empochent – alimentés en partie par les conflits mondiaux – et d’utiliser l’argent pour aider les personnes en danger.
Notre crise immédiate est causée par un système qui encourage une croissance, une exploitation, un gaspillage et une utilisation de l’énergie sans fin. La croissance démographique est un facteur, mais il peut être abordé en partie en repensant notre système économique basé sur la cupidité et les inégalités qu’il crée.