À l’exception d’un petit nombre de personnes qui ont cru à la propagande de l’industrie des combustibles fossiles ou qui n’ont tout simplement pas regardé les preuves, tout le monde sait que nous traversons une crise climatique. C’est pourquoi les négociateurs de toutes les nations se réunissent en Égypte en novembre pour la 27e Conférence annuelle des Nations Unies sur le changement climatique (officiellement les Conférences des Parties, ou COP), suivie de la 15e Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal en décembre.
8 novembre, les représentants des 197 parties signataires examineront les dernières données scientifiques compilées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et travailleront sur des accords visant à prévenir des conséquences climatiques encore plus graves que celles que nous connaissons déjà, dont la plupart ont été prédites bien avant que les pays ne commencent à se réunir en 1995.
Du 7 au 19 décembre, les représentants discuteront de la crise de la biodiversité qui en résulte. Une grande partie de la perte horrible d’espèces animales et de plantes au cours des dernières décennies a été causée par l’exploitation des combustibles fossiles et le dérèglement du climat, ainsi que d’autres activités humaines telles que l’agriculture et le développement.
Alors, après 27 ans de négociations, comment nous en sortons-nous? Malheureusement, pas très bien.
Les niveaux atmosphériques de trois principaux gaz à effet de serre (le méthane, le dioxyde de carbone et l’oxyde nitreux) ont atteint des seuils alarmants selon l’Organisation météorologique mondiale. En ce qui concerne la biodiversité, nous avons récemment écrit sur les sombres conclusions du Rapport Planète Vivante 2022 du WWF, qui décrit un déclin catastrophique de 69 % en moyenne des populations d’espèces vertébrées depuis 1970.
Avec autant de connaissances et autant de solutions existantes et émergentes, les prochaines conférences sont cruciales.
Notre compréhension du changement climatique causé par les êtres humains s’est considérablement améliorée depuis la création du GIEC en 1988. Cela a déclenché une quête mondiale de solutions à la crise et à ses impacts, de l’énergie renouvelable à la restauration de la nature. Avec autant de connaissances et autant de solutions existantes et émergentes, les prochaines conférences sont cruciales.
Mais l’ONU affirme que les engagements nationaux actuels de réduction des émissions n’empêcheraient pas le monde de se réchauffer de plus de 2,5 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, ce qui entraînerait un dérèglement climatique catastrophique. Dans le cadre de l’Accord de Paris de 2016, les pays se sont engagés à maintenir la hausse de la température moyenne mondiale sous les 2 degrés Celsius, avec un objectif ambitieux de 1,5 degré Celsius.
Même si les pays ont convenu lors de la COP26 de l’année dernière à Glasgow de soumettre des plans renforcés, connus sous le nom de « contributions déterminées au niveau national », seuls 24 l’avaient fait à la fin du mois d’octobre, selon le Guardian, et beaucoup d’entre eux n’étaient pas réellement plus forts. Les délégués ont une foule de questions liées au climat à traiter, de l’indemnisation des nations vulnérables pour les « pertes et dommages » à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et ils doivent prendre tout cela au sérieux. Bien sûr, les accords ne valent pas autant que les actions qu’ils inspirent.
Mais freiner et inverser la double crise de la biodiversité et du climat est possible, nécessaire et plus urgent chaque minute. Le rapport Countdown de 2022 du Lancet décrit ce que le monde vit déjà, des inondations dévastatrices en Australie, au Brésil, en Chine, en Europe occidentale, en Malaisie, au Pakistan, en Afrique du Sud et au Soudan du Sud aux feux de forêt en Algérie, au Canada, en Grèce, en Italie, en Espagne, en Turquie et aux États-Unis, et des températures record dans de nombreux pays — avec des impacts exacerbés par la pandémie mondiale de COVID-19.
Mais freiner et inverser la double crise de la biodiversité et du climat est possible, nécessaire et plus urgent chaque minute.
Les 99 expert-es de tous horizons qui ont collaboré à la rédaction de ce rapport destiné à la principale publication médicale mondiale affirment que la dépendance continue envers le charbon, le pétrole et le gaz augmentera l’insécurité alimentaire, les maladies infectieuses et les maladies et décès liés à la chaleur, et tout cela à des coûts faramineux.
Nous devons pousser les représentants politiques à être plus audacieux lors des conférences sur le climat et la biodiversité. Pour ce faire, nous devons parler plus fort que l’industrie des combustibles fossiles, qui a utilisé son énorme pouvoir, sa richesse et son influence pour affaiblir les accords et minimiser les impacts. Lors de la COP26, l’industrie comptait 503 délégués, plus que n’importe quel pays!
Chaque jour, de nouvelles preuves apparaissent sur les efforts déployés par l’industrie depuis des décennies pour minimiser, nier et cacher les preuves, souvent de ses propres scientifiques, que l’utilisation de ses produits tel qu’envisagée met la santé et la survie des êtres humains, et de toute vie, en grand danger. C’est favoriser un gain à court terme pour une souffrance à long terme. L’ouvrage d’investigation The Petroleum Papers, du journaliste Geoff Dembicki, présente un exposé effrayant de la campagne menée par l’industrie et d’autres acteurs qui a empêché la mise en place de solutions climatiques opportunes et a conduit au gâchis dans lequel nous nous trouvons.
Nous ne pouvons ni tourner le dos à la situation, ni nous laisser berner par la cupidité et l’absence de sens moral de l’industrie des combustibles fossiles et de ses partisans médiatiques et politiques. Informez-vous. Signez des pétitions. Parlez à vos représentants politiques, à vos ami-es et à votre famille. Marchez dans les rues. Il est temps de s’exprimer et d’exiger des actions!