Le coronavirus qui propage la COVID-19 sur notre planète n’est pas le premier microbe pathogène soupçonné d’avoir été transmis d’un animal à l’humain, et ce ne sera pas non plus le dernier. Savoir dans une large mesure pourquoi tant de maladies font ce saut devrait nous aider à résoudre le problème.
La lutte à ce fléau aux multiples conséquences qui se propage à une vitesse fulgurante est indéniablement la principale priorité. Nous avons la chance au Canada d’avoir un système de santé relativement bien préparé pour gérer de telles crises, ainsi que des dirigeants qui s’appuient sur la science, font preuve de compassion et prennent des mesures pour soutenir les travailleurs en difficulté.
Les scientifiques affirment que nous pouvons nous attendre à de nouvelles épidémies en raison des changements climatiques, bien que les recherches sur l’incidence du réchauffement planétaire sur la transmission interhumaine n’en soient qu’à leurs débuts. On pense que le nouveau coronavirus a été transmis à l’humain par des animaux, peut-être par des chauves-souris.
Les changements climatiques, la destruction des habitats, la croissance démographique et la multiplication des marchés de gibier nous mettent en contact plus étroit avec des espèces susceptibles de propager des maladies et de favoriser l’éclosion de pandémies. Nous avons également vu des tiques et des moustiques porteurs de maladies migrer dans des zones où les hivers, autrefois plus longs et plus rigoureux, les tenaient en échec.
Les animaux domestiques peuvent aussi transmettre des maladies aux humains, comme nous l’avons vu au Canada avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob transmise du bétail aux humains, ou encore la grippe aviaire transmise par la volaille.
Notre volonté de croissance… contribue à la propagation de maladies infectieuses.
Notre volonté de croissance, qui suppose une progression constante de la production et de la population humaine, entraîne plus de promiscuité et plus de voyages internationaux, des facteurs qui contribuent à la propagation de maladies infectieuses.
Nous en avons encore beaucoup à apprendre, mais la COVID-19 peut nous enseigner à faire face à une crise qui comporte de nombreuses inconnues, qu’il s’agisse d’une pandémie, du réchauffement rapide de la planète ou de l’accélération de la perte de biodiversité.
Nous avons vu que des mesures draconiennes peuvent réduire substantiellement la contagion et les risques pour la santé, tout comme les émissions et les activités qui les provoquent. Nous avons vu aussi qu’en se fondant sur les avis des scientifiques et des spécialistes, les dirigeants des milieux économiques et gouvernementaux peuvent, avec le soutien de la population, obtenir des résultats immédiats.
La réduction des vols, des croisières, des grands événements publics et de certaines activités industrielles a entraîné une baisse spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’un ralentissement de l’économie. Une étude européenne a révélé qu’en un mois pendant le confinement, 11 000 personnes de moins étaient mortes de causes liées à la pollution grâce à la baisse des niveaux de polluants dangereux comme le dioxyde d’azote et les particules. Il a également été démontré que la pollution de l’air exacerbait les effets et les conséquences de la COVID-19.
Mais, comme l’a souligné António Guterres, secrétaire général de l’ONU, « Nous ne combattrons pas les changements climatiques avec un virus. Les deux exigent une réplique ferme. Nous devons venir à bout des deux. »
Si les gens ont réagi avec un plus grand sens de l’urgence à la pandémie qu’à la crise climatique, c’est probablement parce que celle-ci semblait plus présente et résoluble.
Si les gens ont réagi avec un plus grand sens de l’urgence à la pandémie qu’à la crise climatique, c’est probablement parce qu’elle semblait plus concrète et résoluble. Bien que les effets du dérèglement climatique s’accélèrent de jour en jour, beaucoup ne les considèrent pas comme une menace directe.
Ceux qui comprennent que cette menace est bien présente, et qu’elle empire pensent souvent qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Par ailleurs, ils voient les efforts individuels et collectifs pour limiter la propagation de la pandémie comme relativement simples, efficaces et opportuns.
Les multiples crises qui secouent le monde actuellement représentent un défi majeur. Elles nous donnent peut-être aussi l’occasion de nous réajuster. En plus du coronavirus et des perturbations climatiques, les prix du pétrole ont chuté, en partie à cause d’un différend entre la Russie et l’Arabie saoudite. Une économie dépendante du pétrole comme celle du Canada ne peut pas échapper aux contrecoups — surtout en Alberta où les gouvernements successifs ont tout misé sur le bitume et le gaz plutôt que sur une diversification adéquate.
Nous devons continuer à prendre les précautions d’usage pour éviter de contracter et de transmettre la COVID-19 : nous laver les mains régulièrement, éviter de nous toucher le visage et garder la distance réglementaire. Il est également important de nous assurer que notre système de santé soit bien opérationnel et même renforcé.
Collectivement, nous devons apprendre à ralentir et à cesser de surconsommer. Nous devons prendre au sérieux les nombreuses menaces qui pèsent sur notre santé et notre bien-être, notamment le dérèglement climatique, la disparition d’espèces végétales et animales et l’apparition de nouvelles maladies. Pour rendre notre monde plus sécuritaire, nous devons bien sûr prendre des précautions et des mesures immédiates, mais nous devons aussi modifier nos comportements afin de réduire notre influence destructrice sur l’air, l’eau, la terre, le climat et la biodiversité. Pour cela, nous devons conserver et utiliser l’énergie plus efficacement, passer à des ressources renouvelables, préserver et restaurer les espaces sauvages.
Prenez soin de vous.
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Traduction : Monique Joly et Michel Lopez