Le gouvernement fédéral a promis des milliards pour le nettoyage de puits de pétrole et de gaz abandonnés, et pour réduire les émissions de méthane. (Photo : RTPeat via Flickr)

En cette période de pandémie, la plupart des gens veulent simplement que leur famille et eux-mêmes demeurent en santé et en sécurité, et font tout ce qu’ils peuvent pour stopper ou ralentir la propagation rapide de la COVID-19.

Au cours des derniers mois, nous avons été témoins du meilleur de la nature humaine. Nous nous entraidons. Même si les mesures que nous devons suivre sont difficiles pour bon nombre de personnes, en particulier pour les personnes en première ligne et les personnes défavorisées, la société a pu ralentir et mieux comprendre les raisons pour lesquelles nous sommes confrontés à plusieurs crises majeures en même temps.

Tout le monde, cependant, n’a pas mis la pédale douce. Sous couvert de la pandémie, le secteur des combustibles fossiles et ses alliés font tout pour que le monde continue de creuser, de transporter et de brûler du bitume, du pétrole, du gaz et du charbon à un rythme accéléré, au détriment de l’air, de l’eau, du sol, de la biodiversité et du climat.

Fin mars, Environmental Defence a obtenu copie d’une note de service de l’Association canadienne des producteurs pétroliers à Seamus O’Regan, ministre fédéral des Ressources naturelles, dans laquelle elle réclame « une diminution draconienne des contrôles réglementaires, la suspension de toute nouvelle politique climatique et l’exemption pour le secteur de divulguer ses activités de lobbying ». L’association y demande également au gouvernement d’annuler « les plans de mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », ainsi que de repousser l’application des règles d’émissions de méthane.

Heureusement, le gouvernement fédéral a, jusqu’à présent, résisté à ces demandes. Il s’est plutôt engagé à consacrer des milliards de dollars au nettoyage de puits de pétrole et de gaz abandonnés, et à la réduction des émissions de méthane, grâce, notamment, aux pressions exercées par les organismes environnementaux et la population. Idéalement, ces frais de nettoyage et de restauration devraient incomber à l’industrie, mais, si nous devons la subventionner, les fonds serviront au moins à créer et à sauvegarder des emplois consacrés à la restauration des habitats et des écosystèmes.

Toutefois, les gouvernements de l’Alberta et de l’Ontario prennent le parti de l’industrie en annulant des règles environnementales.

Toutefois, les gouvernements de l’Alberta et de l’Ontario prennent le parti de l’industrie en annulant des règles environnementales et, dans le cas de l’Alberta, en investissant des milliards de dollars pour la construction de pipelines.

Il est clair qu’il faut soutenir les travailleurs des secteurs durement touchés, mais dépenser des milliards pour aider des entreprises polluantes qui ne sont plus rentables et qui ne le seront vraisemblablement pas avant longtemps constitue un gaspillage et une mesure contreproductive.

Dans le monde entier, y compris aux États-Unis, des gouvernements autoritaires infirment des protections et des lois environnementalesrévoquent des droits fondamentaux et — comme nous avons pu le voir durant la récession de 2008 — renflouent des entreprises lucratives qui n’ont pas toujours fait preuve d’imputabilité à l’égard de l’aide reçue.

Nul doute que certaines entreprises profitent de la situation actuelle, espérant que les gens sont trop occupés pour se rendre compte de ce qu’elles font ou pour réagir. D’autres ont peut-être tellement investi qu’elles se ferment les yeux devant l’urgence d’un changement.

Le Canada a déjà dépensé 4,5 milliards $ pour soutenir un projet de pipeline que l’industrie ne jugeait pas viable économiquement. Et l’Alberta a englouti des milliards pour soutenir un secteur dont le produit ne vaut plus rien.

Imaginez tout ce que nous pourrions réaliser si ces milliards servaient à changer de cap, à réduire les risques de pandémie, de pollution, de catastrophes climatiques et autres.

Imaginez tout ce que nous pourrions réaliser si ces milliards servaient à changer de cap, à réduire les risques de pandémie, de pollution, de catastrophes climatiques et autres. Nous pourrions créer de bons emplois, préserver nos ressources énergétiques, placer le Canada à l’avant-scène de la révolution technologique propre, profiter d’un air, d’une eau et de sols propres, et favoriser une économie plus stable sans les hauts et les bas inhérents aux systèmes fondés sur les ressources.

Les gouvernements promettent depuis des années d’éliminer progressivement les subventions aux énergies fossiles. Si nous devons encore continuer à les subventionner, ce devrait être uniquement pour les aider à nettoyer les nombreux puits abandonnés qui continuent de gâcher le paysage et de polluer l’air et l’eau, comme s’est engagé à le faire le gouvernement canadien, et pour favoriser une transition juste et rapide vers des énergies plus propres, fondée sur des plans concrets destinés à respecter nos engagements internationaux pour prévenir l’aggravation de la crise climatique.

Nous savons que la protection de la nature et le respect de notre interdépendance avec elle sont essentiels pour réduire les multiples risques, de la propagation de la maladie à la pollution ou aux catastrophes climatiques. Les barrières ne découlent pas d’un manque de solutions, mais plutôt d’un manque de volonté politique.

En cette période, nous devons nous concentrer sur notre sécurité et notre santé, ainsi que celles de nos familles et collectivités. À plus long terme, cependant, notre sécurité et notre sécurité dépendront de la sécurité et de la santé des systèmes naturels sur lesquels nous comptons.

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Traduction : Monique Joly et Michel Lopez