Les jeunes revendiquent leurs droits. Bon nombre d’entre eux font preuve d’une grande maturité. Sans œillères idéologiques, obligations du quotidien ni valeurs enracinées, ils sont à même de constater ce qui se passe. Ils ont dû s’affirmer pour réclamer un avenir meilleur, car trop peu de leurs aînés refusent de reconnaître que la consommation effrénée n’est qu’une quête illusoire de bonheur qui se fait au dépend des écosystèmes de la planète.
« Nous avons appris que si nous n’agissions pas pour notre avenir, personne d’autre ne ferait le premier pas », peut-on lire dans un article du Guardian signé par 46 jeunes, dont l’étudiante suédoise de 16 ans Greta Thunberg.
Les jeunes comprennent que leur bien-être, leur sécurité et leur vie dépendent de la santé de la planète, autrement dit d’un air pur, d’une eau potable, d’aliments nutritifs et d’un climat stable. Et bon nombre d’entre eux savent distinguer le vrai du faux.
Alors qu’ils ont été des dizaines de milliers à descendre dans la rue dans le monde entier dans le cadre des grèves pour le climat #FridaysForFuture initiées par Greta Thunberg et d’autres jeunes — ils ne perçoivent pas toujours une écoute chez les adultes qui ont le pouvoir de changer les choses.
« Nous sommes touchés par les conséquences de la situation ; il est donc normal que je m’en préoccupe davantage, a déclaré au Guardian Lily Gardner, 15 ans, de Lexington, au Kentucky. Mais il est très difficile de convaincre les politiciens et les législateurs de nous prendre au sérieux, en particulier parce que nous n’avons pas le pouvoir de voter. »
Et si nous leur donnions ce pouvoir ?
Trop d’adultes élisent des politiciens qui ne reconnaissent même pas la science climatique, encore moins l’urgence de s’attaquer aux perturbations climatiques.
Le mouvement qui réclame de faire passer l’âge de voter de 18 à 8 [*page en anglais uniquement] ans peut sembler farfelu, mais je n’ai pas l’impression que les adultes prennent de meilleures décisions politiques que les jeunes. Trop d’adultes élisent des politiciens qui ne reconnaissent même pas la science climatique, encore moins l’urgence de s’attaquer aux perturbations climatiques. Dans le monde entier, de nombreux gouvernements et politiciens semblent plus redevables à une industrie des combustibles fossiles en déclin qu’aux personnes qu’ils sont supposés représenter.
« Les politiciens sont au fait des changements climatiques depuis des décennies, ont écrit Greta Thunberg et ses jeunes coauteurs. Ils ont volontairement cédé leurs responsabilités à l’égard de notre avenir à des profiteurs dont la quête d’argent vite gagné menace notre existence même. »
Ces propos n’ont rien d’exagéré. Tous les scientifiques de renom de toutes les disciplines liées au climat, de l’océanographie à la physique atmosphérique, soutiennent qu’il nous reste peu de temps – pas plus d’une décennie en fait – pour changer les choses, cesser d’émettre une telle quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère qu’ils ne peuvent être absorbés ou décomposés et, ainsi, éviter que la Terre ne se réchauffe au point de ne plus pouvoir favoriser la vie humaine.
Tous les établissements et organismes scientifiques reconnus dans monde s’entendent. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a travaillé de concert avec des scientifiques et des chercheurs du monde entier, afin de colliger régulièrement les études et les données probantes et d’en transmettre un sommaire aux dirigeants gouvernementaux et aux législateurs. Les solutions ne manquent pas. Bon nombre d’entre elles sont actuellement déployées, et de nouvelles se développent sans cesse, mais pas assez vite. Le principal frein à l’heure actuelle s’avère le manque de volonté politique.
Or, de nombreux adultes sont prêts à mettre en doute les constats de ces scientifiques et de leurs études, même si leurs recommandations peuvent se traduire par un air, une eau et un sol plus propres, et par une population en meilleure santé – qu’ils aient tort ou raison.
Or, de nombreux adultes sont prêts à mettre en doute les constats de ces scientifiques et de leurs études, même si leurs recommandations pouvaient se traduire par un air, une eau et un sol plus propres, et par une population en meilleure santé – qu’ils aient tort ou raison. Ceux qui jouent ainsi l’avenir de nos jeunes appuient généralement les politiciens qui, comme eux, sont prêts à faire un pari risqué.
Les jeunes ne prennent peut-être pas toujours les décisions les plus éclairées ni les meilleures. Mais, comme c’est de leur avenir dont il s’agit et qu’ils comprennent que le changement est possible et nécessaire, je ne crois pas que leurs décisions puissent être pires que celles de leurs aînés.
En tant qu’adultes, nous devons faire l’impossible pour soutenir nos jeunes.
Les grèves étudiantes du vendredi ont culminé par une semaine d’activités, marquée par deux jours de grèves climatiques mondiales, les 20 et 27 septembre, auxquelles étaient conviés les gens de tous âges. Nous devons laisser la parole aux jeunes, à nos enfants et petits-enfants, et nous devons les écouter.
Nous devons également prendre au sérieux notre responsabilité électorale, nous renseigner sur le plan climatique des candidats et voter pour ceux qui s’engagent à assurer un avenir meilleur, plus propre et plus sûr.
Devrions-nous permettre aux jeunes de voter ? Comme le déclare la campagne 18to8 : « Laissons l’avenir décider de l’avenir ».
AUX ÉLECTIONS, VOTEZ AVANT TOUT POUR L’ENVIRONNEMENT
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez