Des options de fin de vie écologiques

Des mains se soutenant tout en réfléchissant aux options écologiques de fin de vie

Un jour, nous ne serons plus là. Heureusement, il existe des options écologiques de fin de vie pour rendre hommage à vos êtres chers disparus ou pour planifier vos propres funérailles, votre enterrement ou la célébration de votre vie. (Photo : Luis Quintero via Pexels)

Nous sommes toutes et tous interconnecté.e.s avec la nature. Comme le dit David Suzuki, « ce que nous faisons à la nature, nous le faisons à nous-mêmes » et vice versa. La mort est un élément naturel de l’existence. Il est donc essentiel de prendre en compte les impacts environnementaux de la vie, mais aussi de la mort. Voici quelques options écologiques de fin de vie à choisir pour rendre hommage à vos êtres chers disparus ou pour planifier vos propres funérailles, votre enterrement ou la célébration de votre vie.

Funérailles et enterrements écologiques

Les cultures du monde entier ont des traditions, des coutumes et des rites funéraires différents en matière de fin de vie. Les funérailles et les enterrements sont des moyens ancestraux de commémorer des vies.

En Amérique du Nord, les soins aux personnes défuntes représentent une industrie de plusieurs milliards de dollars. Au Canada, le chiffre d’affaires des salons funéraires s’élevait à 1,7 milliard de dollars en 2022.

En Amérique du Nord, les funérailles sont généralement divisées en trois parties : les visites, les funérailles et l’enterrement. Mais ces trois parties diffèrent selon les pratiques religieuses et culturelles.

Comment les rites funéraires affectent-ils l’environnement et comment pouvez-vous planifier une fin de vie écologique?

L’embaumement

Les procédés modernes d’embaumement consistent à injecter un cocktail de produits chimiques – généralement du formaldéhyde, du phénol, du méthanol, du borate de sodium, du nitrate de sodium, de la glycérine, des colorants et de l’eau – dans le corps d’une personne décédée. Le principal ingrédient de conservation est le « formol » (formaldéhyde mélangé à de l’eau), un produit cancérigène hautement toxique, dangereux pour la santé humaine et celle des écosystèmes.

Un embaumement moyen nécessite au moins douze litres de solution. Aux États-Unis, plus de trois millions de litres de liquide d’embaumement se retrouvent chaque année dans le sol à la suite d’un enterrement. Lorsque le corps et le cercueil se décomposent, le formol peut s’infiltrer dans le sol et contaminer les eaux souterraines.

Évitez toujours l’embaumement.

La production de cercueils et l’inhumation

Les cercueils ont évolué au fil des siècles. Les cercueils modernes présentent une grande variété de styles et de formes, allant du bois finement travaillé à l’acier industriel ou au bronze, souvent doublés d’un tissu. On estime que les enterrements conventionnels aux États-Unis utilisent à eux seuls 30 millions de pieds de planches de bois dur, près de trois millions de kilogrammes de cuivre et de bronze, plus de 104 millions de kilogrammes d’acier et près de deux milliards de kilogrammes de béton armé.

Parce qu’il est abordable, le bois reste le matériau le plus populaire pour les cercueils. Mais le bois utilisé provient souvent de pratiques d’exploitation forestière non durables. La quantité de bois pour des cercueils enterrés équivaut à environ 3,6 millions d’hectares de forêt par année.

Les ornements des cercueils sont souvent faits de plastique, de métal, de tissu, de peinture et de vernis qui contiennent des produits chimiques qui s’infiltrent dans le sol au fil du temps et contaminent le sol, l’eau et les écosystèmes. Une étude sur les lixiviats des cimetières a montré que les polluants présents dans les sépultures conventionnelles ne se limitent pas à l’endroit où elles sont enterrées. Des échantillons de sol prélevés à la profondeur des cercueils ont révélé des concentrations élevées de métaux utilisés dans la fabrication des cercueils, tels que le cuivre, le plomb, le zinc et le fer.

En raison de la demande croissante de cercueils fabriqués à partir de matériaux durables, tels que le bambou, le jonc de mer, le saule ou d’autres ressources renouvelables à croissance rapide, les détaillants de cercueils ont commencé à inclure des « cercueils écologiques » dans leurs catalogues. Si vous optez pour une doublure de cercueil, choisissez-la en coton non blanchi et biodégradable.

Les cimetières et l’utilisation des sols

Les cimetières sont des lieux consacrés où les morts sont enterrés ou déposés. L’enterrement des morts dans des lieux spécifiques est une coutume culturelle qui existe depuis des siècles à travers le monde.

Outre les implications environnementales de l’inhumation de corps embaumés dans des cercueils non biodégradables, les cimetières nécessitent également d’importantes superficies de terrain pour les concessions funéraires, les routes et les infrastructures. L’expansion des zones urbaines peut entraîner une perte et/ou une fragmentation de l’habitat. L’entretien des pelouses et des jardins des cimetières consomme de grandes quantités d’eau et fait souvent appel à des engrais chimiques.

Les cimetières génèrent également beaucoup de déchets provenant des cercueils, des pierres tombales, des fleurs et d’autres matériaux funéraires. Beaucoup de ces matériaux ne sont pas biodégradables et posent des problèmes de gestion des déchets.

Si vous ou l’un.e de vos proches souhaitez être enterré.e en pleine terre, optez pour un enterrement écologique.

Faites un legs en faveur de l’environnement

Si vous en avez les moyens, envisagez de faire un legs à la Fondation David Suzuki qui financera des travaux essentiels pendant des années. Vous soutiendrez la recherche scientifique et le plaidoyer, aiderez à restaurer et à protéger le patrimoine naturel du Canada pour les générations à venir et donnerez de l’élan aux leaders et aux penseur.euse.s de demain en matière d’environnement.

En savoir plus sur les legs

Les pierres tombales

Les pierres tombales, avec le nom de la personne défunte, les dates de naissance et de décès et souvent une épitaphe, facilitent la recherche d’un lieu de mémoire.

Les pierres tombales, les plaques et les monuments nécessitent des ressources non renouvelables telles que le granit, le marbre, le béton ou le bronze, souvent traités avec des revêtements chimiques pour améliorer leur apparence et les protéger des intempéries. Ils résistent à l’épreuve du temps – certaines pierres tombales dans les cimetières bien entretenus ont plus de 500 ans.

L’énergie nécessaire pour extraire, tailler, façonner et transporter la pierre entraîne d’importantes émissions de carbone tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Renoncez aux pierres tombales traditionnelles fabriquées à partir de ressources non renouvelables. Commémorez la dernière demeure de votre proche avec une option respectueuse de l’environnement.

  • Pierre naturelle. Choisissez une pierre naturelle d’origine locale, trouvée dans votre région. Elle peut être gravée à la main, mais n’utilisez pas de produits d’étanchéité ou de finition.
  • Mémoriaux vivants. Plantez un arbre, un arbuste ou une plante vivace en guise de mémorial vivant. Choisissez des espèces indigènes afin de soutenir la biodiversité locale et de créer un hommage durable qui aura des effets bénéfiques sur l’écosystème.
  • Bois sculpté ou bambou. Choisissez du bois ou du bambou d’origine locale. Ces deux matériaux sont renouvelables et se biodégradent avec le temps.
  • Art végétal. Encouragez la croissance de la mousse sur les pierres naturelles ou les marqueurs en bois pour créer des dessins ou des motifs artistiques. L’art végétal n’ajoute pas seulement de la beauté, mais favorise également l’équilibre écologique.
  • Bancs commémoratifs. Installez ou parrainez un banc commémoratif près du lieu de sépulture ou du parc ou de l’espace vert préféré de la personne défunte. Ce banc permettra aux proches de s’asseoir et de réfléchir tout en appréciant la nature et en s’y connectant.
  • Matériaux recyclés. Réutilisez des matériaux récupérés, comme du métal ou du bois flotté, pour fabriquer des pierres tombales uniques.

La crémation et les émissions

Les températures extrêmement élevées de la crémation éliminent tout le carbone contenu dans le corps. Ce processus a régulièrement gagné en popularité au Canada et domine désormais le marché de la fin de vie en raison de son coût abordable, de sa flexibilité, de l’évolution de certaines attitudes religieuses à l’égard de la crémation et de l’impression qu’il s’agit d’un choix plus écologique.

La crémation a souvent été présentée comme étant plus écologique que les enterrements traditionnels. En effet, elle a moins d’impact sur l’environnement que les enterrements en général, mais ce n’est pas une solution écologique pour la fin de vie.

Le processus de crémation dure généralement deux heures et nécessite que la chambre soit chauffée à une température comprise entre 650 et 1090 °C. L’énergie nécessaire pour atteindre et maintenir ces températures est immense. On estime qu’une crémation produit un quart de tonne de dioxyde de carbone, soit l’équivalent d’un trajet de 980 kilomètres dans un véhicule à essence de taille moyenne.

Le gaz « naturel » est une source d’énergie courante pour les crémations. Pour éviter une catastrophe climatique, nous devons nous affranchir de notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles, dans la vie comme dans la mort. Comme de plus en plus de personnes soucieuses de l’environnement recherchent des options de fin de vie écologiques, le secteur funéraire devra s’adapter.

Au Canada, quelques établissements funéraires et de soins aux personnes décédées utilisent un mélange d’énergie renouvelable et de gaz naturel provenant de projets de captage du méthane dans les décharges, les installations de traitement des eaux usées et les sites de digestion anaérobie pour alimenter leurs services de crémation. Si vous optez pour la crémation, essayez de trouver cette option.

Pratiques funéraires et d’inhumation traditionnelles des peuples autochtones au Canada

Les diverses pratiques traditionnelles d’enterrement et de funérailles de ces terres sont profondément enracinées dans les croyances culturelles et spirituelles autochtones. Les pratiques varient, mais elles mettent généralement l’accent sur le lien entre les morts, la terre et le monde spirituel.

La nation haïda érigeait des poteaux mortuaires dont le sommet était percé d’une cavité destinée à recevoir la boîte funéraire d’un membre important de la communauté. Les restes se décomposaient naturellement et retournaient à la terre. Les pratiques funéraires ojibwées s’articulent autour de la croyance selon laquelle une personne quitte cette vie pour le Pays des âmes en suivant le Chemin des âmes. Pour faciliter cette transition spirituelle et ce deuil, les proches habillaient la personne défunte de vêtements de cérémonie, l’enveloppaient dans des couvertures et l’enterraient avec des objets personnels tels que des pipes, du tabac et des baluchons de remèdes. Un totem, souvent fait d’éléments naturels, est placé à la tête de la tombe.

Le maintien de ces pratiques funéraires traditionnelles reste un défi en raison des impacts historiques de la colonisation, notamment l’assimilation forcée, la suppression culturelle et les obstacles juridiques et réglementaires liés à l’utilisation des terres.

Par exemple, la résistance de Kanehsatà:ke en 1990 (également connue sous le nom de crise d’Oka) a été déclenchée par le projet d’expansion d’un terrain de golf et d’ensemble résidentiel sur des terres contestées qui comprenaient un cimetière Kanyen’kehà:ka. Le projet a été annulé, mais le gouvernement fédéral a tout de même acheté le terrain et il n’y a pas eu de transfert organisé des terres aux Mohawks de Kanehsatà:ke. En 2020, une fouille archéologique a été proposée sur un terrain contesté que les membres de la communauté soupçonnent d’être un cimetière mohawk. Les Rotinokseshá:ka, le Peuple des maisons longues et le gouvernement de Kanehsatà:ke n’ont pas été consultés avant la planification des fouilles.

DES TRADITIONS D’ENTERREMENT ÉCOLOGIQUE

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Les enterrements célestes

Dans certaines régions du Tibet et de la Mongolie, les enterrements célestes sont une coutume de fin de vie importante sur le plan culturel et spirituel. Le corps de la personne défunte est placé au sommet d’une montagne ou d’une zone surélevée et exposé aux éléments.

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 Les enterrements dans l’eau

Les enterrements dans l’eau sont pratiqués dans certaines cultures nordiques, bouddhistes, hawaïennes et japonaises. Le corps de la personne défunte est placé dans une étendue d’eau, souvent dans un récipient biodégradable ou enveloppé dans un linceul.

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Les enterrements en forêt

En Corée du Sud, les enterrements en forêt sont courants. Le corps d’une personne défunte est enterré dans des forêts et des espaces verts désignés, souvent sans cercueil. Au lieu de pierres tombales, des pierres gravées sont utilisées pour marquer l’emplacement.

Quelles sont les pratiques de fin de vie les plus écologiques?

Les enterrements verts, l’aquamation et le compostage humain sont des pratiques de fin de vie respectueuses de l’environnement qui vous permettent, à vous ou à vos proches, d’exprimer des valeurs environnementales.

Ces trois pratiques sont couramment disponibles au Canada, mais ne sont pas nécessairement accessibles à toutes et à tous. Renseignez-vous auprès des salons funéraires sur leurs options de funérailles et d’enterrement respectueuses de l’environnement, et faites ce que vous pouvez avec ce qui est disponible. Voici quelques décisions que vous pouvez prendre (ou préconiser) dans le cadre de chaque pratique funéraire traditionnelle et qui peuvent contribuer à réduire votre impact sur l’environnement.

Des funérailles ou une célébration de la vie écologiques

Les pratiques écologiques en fin de vie sont relativement nouvelles au Canada et ne sont pas accessibles à toutes et tous, mais vous pouvez tout de même rendre hommage à votre être cher en organisant des funérailles ou une célébration de la vie respectueuses de l’environnement grâce à ces conseils de planification d’événements respectueux de la planète.

Planifier et organiser un événement respectueux de la planète

Les enterrements verts

Les enterrements verts ou naturels ont un faible impact, utilisent moins d’énergie, consomment moins de ressources (comme l’eau), sont moins toxiques et peuvent inclure des matériaux locaux et durables.

Devinez quoi? Il ne s’agit pas d’une pratique moderne ou new-age, mais d’une pratique utilisée depuis que les êtres humains enterrent des corps. Les communautés autochtones, bahá’íe, juives et musulmanes enterrent leurs morts de cette manière depuis longtemps.

Le premier cimetière urbain écologique du Canada a ouvert ses portes à Victoria, en Colombie-Britannique, en 2008. Depuis, il existe plus de dix sites certifiés dans tout le pays. Les cimetières écologiques hybrides disposent de sections réservées aux enterrements naturels.

Au lieu d’être embaumés, les corps sont enveloppés dans un linceul biodégradable et/ou placés dans un cercueil biodégradable, qui est enterré directement dans le sol de la zone protégée. On laisse la surface de la tombe se tasser avant de la restaurer avec des espèces locales de graminées, de couvre-sol fleuris, d’arbustes et d’arbres.

La commémoration d’une sépulture écologique est généralement simple et visuellement adaptée au site. Il s’agit d’inscriptions simples sur des matériaux naturels ou de petits monuments fabriqués à la main avec des matériaux naturels et, de préférence, locaux.

L’aquamation

L’aquamation ou « crémation par l’eau » est une crémation sans flamme qui utilise l’hydrolyse alcaline pour dissoudre le corps à l’intérieur d’un cylindre en acier inoxydable spécialement conçu à cet effet. Le processus utilise moins d’eau qu’un ménage n’en consomme en une journée.

L’aquamation est légale et disponible dans certains salons funéraires de Terre-Neuve-et-Labrador, de l’Ontario, du Québec et de la Saskatchewan. Dans d’autres provinces et territoires, une législation a été envisagée et/ou demandée par le public.

À la fin du processus, les restes inorganiques sont généralement rendus aux proches dans une urne. Certaines personnes choisissent de créer des produits commémoratifs à partir des restes, tels que des œuvres d’art en céramique ou des monuments en verre soufflé à la main, ou de les enterrer dans un jardin commémoratif.

Le compostage humain

Le compostage humain ou « terramation » est une nouvelle option écologique de fin de vie qui permet de transformer naturellement le défunt en terre. Tout ce qui est utilisé pour décomposer le corps est biodégradable et non toxique.

Bien que cette alternative écologique ne soit pas encore approuvée au Canada, Return Home (une société américaine) offre son service aux personnes résidant au Canada. Le corps doit être expédié à leurs installations de Seattle, ce que votre entreprise de pompes funèbres locale peut faciliter moyennant un certain prix. Vous pouvez ensuite choisir de recevoir la terre de votre proche par la poste ou d’en faire don au programme local de revitalisation des terres de l’organisation.