Prenez une gorgée vers la durabilité : buvez des spiritueux qui goûtent l’amour de la nature.
Les spiritueux font partie de la culture des civilisations humaines depuis des siècles, chacun se distinguant par ses propres traditions et techniques de production. Aujourd’hui, ils représentent environ la moitié de la consommation d’alcool mondiale (source en anglais). Si vous voulez en boire, faites attention à votre santé, mais aussi à la planète.
Les spiritueux concoctés avec des méthodes écologiques contribuent à un avenir durable pour l’industrie de l’alcool… une gorgée à la fois!
N’oubliez pas : la consommation d’alcool peut entraîner des effets négatifs sur la santé et la vie sociale. Buvez toujours de façon responsable.
Les conséquences environnementales de l’alcool
Voici les principaux enjeux environnementaux associés au fonctionnement général et aux activités de production de l’industrie des spiritueux :
Consommation d’eau
L’eau est essentielle à la distillation des spiritueux, un processus qui englobe le broyage des grains, la fermentation, la mesure de la teneur en alcool et le refroidissement. Selon une étude (en anglais), les distilleries utilisent en moyenne 37 litres d’eau pour produire un litre de spiritueux, soit 10 fois la quantité nécessaire pour produire de la bière et du vin. Certains spiritueux sont pires que d’autres : la production d’un seul litre de whisky nécessite plus de 114 litres d’eau. De quoi mettre une pression sur les réserves d’eau locales, surtout dans les régions déjà frappées par une pénurie.
Consommation d’énergie
Le processus de distillation est énergivore. Ses étapes – chauffer la purée pour en extraire l’alcool et la refroidir pour la condenser en spiritueux – dépendent souvent de sources d’énergie non renouvelables. Savez-vous quelle quantité de dioxyde de carbone produit une seule bouteille de spiritueux de 750 millilitres? Selon une étude (en anglais), pas moins de 3 kilogrammes (6,5 livres). Cette production contribue aux émissions de gaz à effet de serre et à l’empreinte carbone de la fabrication de spiritueux.
Production de déchets et pollution de l’eau
Les distilleries génèrent un immense volume d’eaux usées de couleur foncée, qui renferme une bouillie de polluants organiques et inorganiques identifiés comme génotoxiques, cancérigènes, mutagènes et perturbateurs pour le système endocrinien. Cette soupe toxique non seulement nuit aux écosystèmes aquatiques en inhibant les activités photosynthétiques, mais aussi perturbe les terres agricoles en réduisant l’alcalinité du sol et en inhibant la germination des graines et la croissance de la végétation (source en anglais).
Guide des bières biologiques, artisanales et neutres en carbone
La « bière verte » désignait autrefois une bière colorée artificiellement pour célébrer la Saint-Patrick. Mais le sens de ce terme s’est élargi quand les brasseur.euse.s et les brasseries ont commencé à adopter une approche écologique pour définir le quoi et le comment de leur production.
Changements climatiques et détérioration de la nature : comment les spiritueux sont-ils touchés et comment les distilleries s’adaptent-elles?
Gin
Le gin tire sa saveur distincte des baies de genièvre, qui sont sensibles aux sécheresses et aux changements climatiques. La hausse des températures et le changement des régimes de précipitations compromettent la fertilité des régions où ces fruits prospèrent, ce qui entraîne une baisse des récoltes et un phénomène de raréfaction.
Changements dans l’industrie du gin
Quelques petits producteurs de gin en Irlande collaborent avec des exploitations agricoles de la région pour cultiver des plantes indigènes en guise de solutions de rechange. D’autres travaillent avec des scientifiques pour créer des solutions comme le premier gin respectueux du climat du monde. Avec des pois cultivés localement, l’équipe de recherche a réussi à réduire l’empreinte carbone du gin en diminuant les émissions liées au défrichement, à la culture, à la transformation et au transport. Les sous-produits peuvent être réutilisés pour nourrir les animaux, une stratégie qui réduit la dépendance au soya importé.
Rhum
La production de rhum dépend de la canne à sucre, qui est sensible à la variation des précipitations et des températures. Les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les ouragans et les sécheresses prolongées, réduisent l’abondance des récoltes. Il en découle des pénuries et des fluctuations de prix.
Changements dans l’industrie du rhum
Les changements climatiques menacent la canne à sucre, mais dans un même temps, la culture de celle-ci contribue à ces changements. On parle d’une production de 400 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’énergie consommée par 49 millions de foyers chaque année. Bonsucro, une plateforme mondiale pour la durabilité de la canne à sucre, a conçu l’outil de suivi ClimateCane pour aider les producteurs à se fixer des objectifs de réduction et à progresser vers la carboneutralité (source en anglais).
Quelques gros producteurs adoptent des pratiques durables pour ce qui touche la distillation, la gestion des déchets, le conditionnement et la consommation d’énergie.
Tequila et mezcal
Les changements climatiques menacent la chauve-souris à long nez (Leptonycteris nivalis), une espèce en voie de disparition qui pollinise l’agave, ce qui a pour effet de compromettre l’approvisionnement mondial en liqueurs à base d’agave comme la tequila et le mezcal. Selon une étude de 2019 (en anglais), sous l’effet de la hausse des températures et de la dégradation des sols, on a vu rapetisser les milieux adaptés à l’agave et à son pollinisateur.
Changements dans les industries de la tequila et du mezcal
Le Tequila Regulatory Council (le Conseil de réglementation de la tequila) a lancé une certification écoresponsable pour l’agave, qui atteste l’importance accordée par les producteur.trice.s de tequila à la durabilité environnementale à toutes les étapes de la production et de l’exploitation.
Dans un souci de réduire au maximum leur empreinte carbone, quelques marques de tequila reconnues ont adopté des pratiques durables comme des systèmes de traitement de l’eau internes, des chaudières à biomasse et le recyclage de la fibre d’agave.
Whisky
On fabrique le whisky avec l’orge, qui est sensible aux phénomènes météorologiques extrêmes, comme les sécheresses et les vagues de chaleur. Les facteurs de stress climatiques peuvent réduire la quantité et la qualité des récoltes d’orge, venant altérer le goût et la consistance du whisky.
Changements dans l’industrie du whisky
L’Écosse, le plus grand producteur de whisky au monde, mène la barque vers un avenir plus vert! L’industrie a réduit ses émissions de plus de la moitié depuis 2009 et fonctionne avec près de 40 % d’énergies renouvelables. En 2023, chaque distillerie écossaise s’est engagée à devenir carboneutre d’ici 2040 et à atteindre la cible de zéro émission nette d’ici 2045.
Vodka
Deux des principaux ingrédients de la vodka sont touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes : le blé et les patates. D’ailleurs, les patates constituent l’une des cultures les plus fragiles dans le contexte des changements climatiques, à la source des phénomènes en question.
Changements dans l’industrie de la vodka
Air Company, une entreprise qui a pour mission de décarboniser la planète grâce à des solutions technologiques modulables, produit une vodka carbonégative. Sa technologie brevetée et exclusive « imite le processus de photosynthèse en captant le dioxyde de carbone et en le transformant en alcool pur qui ne laisse derrière que de l’eau et de l’oxygène ». Pour chaque bouteille produite, un demi-kilogramme (une livre) de CO2 est éliminé de l’air.
D’autres marques de vodka ont décidé de privilégier des pratiques durables, comme l’approvisionnement en produits biologiques, les cultures sans OGM et l’établissement d’objectifs de carboneutralité ambitieux.
Guide des vins biologiques, biodynamiques, naturels et végétaliens
Vous n’avez pas besoin d’être un.e œnologue, un.e sommelier.ière ou un.e expert.e. Sachez simplement que les méthodes traditionnelles de vinification sont souvent les meilleures – pour la qualité du produit et pour l’environnement.
L’essor des spiritueux « verts »
La révolution « verte » qu’a connue la bière semble aussi s’observer du côté des spiritueux : les producteurs embrassent à leur tour des pratiques durables et s’engagent à combattre les changements climatiques et la détérioration de la nature. Partout dans le monde, les distilleries prennent des mesures pour réduire leur empreinte environnementale, de la certification biologique à la production carboneutre.
Quoi regarder sur les étiquettes de spiritueux
Contrairement à la bière et au vin, il se peut que ce soit difficile de déterminer si un spiritueux en magasin est issu de méthodes d’approvisionnement et de production durables.
Parfois, c’est facile : les bouteilles arborent une écoétiquette ou une déclaration environnementale, ou les détaillants d’alcool mettent en vedette leurs produits « verts » ou recommandent des spiritueux écologiques. Quand c’est moins évident, il vous faudra peut-être mener votre petite enquête.
Mots à chercher sur les étiquettes des spiritueux :
- B Corp. Les marques certifiées B Corp respectent des normes élevées en matière de performance sociale et environnementale, de responsabilisation et de transparence. On compte des dizaines de marques de spiritueux certifiées B Corp.
- Biodynamique. Si les vins biodynamiques sont plus courants, le whisky et le brandy biodynamiques gagnent du terrain.
- Carboneutre. Plusieurs distilleries sont totalement carboneutres, et beaucoup se sont engagées à le devenir.
- Local. Achetez vos produits dans des distilleries locales. Voilà une belle façon d’encourager les fermes, les entreprises et l’économie locales.
- Biologique. Le terme « biologique » est réglementé au Canada. Vérifiez que votre bouteille arbore l’écoétiquette Biologique Canada.
Posez des questions corsées
Informez-vous. Faites des choix qui tiennent compte de l’environnement. Découvrez comment vos distilleries préférées protègent, préservent ou améliorent l’air, l’eau, la terre et les écosystèmes.