Montréal, le 31 janvier 2018 – L’étude Évolution des coûts du système de transport par automobile au Québec, dont les résultats ont été présentés conjointement aujourd’hui par la Fondation David Suzuki et Trajectoire Québec, conclut que le transport automobile et les routes coûtent de 43 à 51 G$ par an aux Québécois, soit l’équivalent de 11,4% à 13% du PIB. Ces coûts augmentent à un rythme supérieur à celui de la population.
L’étude a été présentée en marge d’un panel animé par Julie Cailliau, rédactrice en chef du journal Les Affaires, auquel prenaient part Alexandre Taillefer, Florence Junca-Adenot, professeure au département d’études urbaines et touristiques de l’UQÀM, et Karel Mayrand, directeur général de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique.
Des données budgétaires inquiétantes
En 20 ans, les dépenses publiques combinées des trois paliers de gouvernements dans le secteur du transport automobile ont augmenté de 68,9% pour atteindre près de 6,7 milliards de dollars. Le système de transport par automobile génère également des externalités négatives (congestion, pollution, etc.) évaluées à 7,6 G$ par année. En incluant les dépenses publiques, les automobilistes québécois dépensent plus de 43 milliards de dollars par année pour la possession et l’entretien de leurs véhicules. Cela équivaut à 20 000$ en moyenne pour un ménage de quatre personnes, un chiffre en hausse de 27,7% par rapport à il y a 20 ans.
« La rigueur budgétaire et le contrôle des dépenses publiques sont au cœur des débats depuis quelques années. La croissance des dépenses gouvernementales, particulièrement en santé et en éducation, a été jugée inquiétante et de lourdes compressions ont été imposées. Le secteur du transport par automobile connaît lui aussi une croissance des coûts de système qui pèse lourdement sur les finances publiques et celles des ménages. Ce secteur a pourtant largement été ignoré dans ces débats, malgré les milliards de dollars dépensés », explique Philippe Cousineau Morin, directeur de Trajectoire Québec.
La pression exercée par l’étalement urbain, la croissance du parc automobile, l’élargissement du réseau routier et son vieillissement sont autant de facteurs qui expliquent la hausse constante des dépenses publiques dans le secteur des transports au Québec. Or, les auteurs de l’étude estiment que les revenus dédiés des différents paliers de gouvernement ne croissent pas à un rythme suffisant pour répondre à cette forte augmentation.
« Les usagers ont un accès illimité, gratuit et sans frein aux infrastructures routières, ce qui engendre une surutilisation et une saturation du réseau. Pour y remédier, nos gouvernements investissent toujours plus. Or, ce système atteint actuellement ses limites. Nous ne pouvons pas continuer à dépenser sans se questionner collectivement sur la viabilité de nos choix en matière de transport », soutient Karel Mayrand, directeur général de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique.
Loin du principe d’utilisateur-payeur
L’étude révèle que les automobilistes assument moins de 33% de la facture associée aux coûts du transport automobile au Québec, une proportion en baisse depuis 1995. Le reste du financement du système est absorbé par le transport de marchandises et l’ensemble des contribuables. « L’idée reçue selon laquelle les frais des utilisateurs, tels les taxes sur l’essence et les frais d’immatriculation, suffiraient à financer le réseau est erronée. Peu importe que vous soyez piéton, cycliste ou automobiliste, chaque famille de quatre personnes au Québec assume 6900 $ par année en dépenses publiques pour le transport automobile », soutient Philippe Cousineau Morin.
Les transports : clé de la lutte aux changements climatiques
Trajectoire Québec et la Fondation David Suzuki ont appelé le gouvernement à élever la mobilité durable au rang de priorité économique. En outre, ils ont souligné la nécessité de mettre en place une politique de mobilité durable qui réduit à la fois les émissions de gaz à effet de serre, le déficit commercial, les coûts pour les familles, le temps dans la congestion et la pollution de l’air.
« En continuant d’investir massivement dans des infrastructures routières, l’État encourage en quelque sorte la croissance du parc automobile et l’augmentation du nombre de kilomètres parcourus. À l’heure où l’on parle de transition énergétique et de lutte aux changements climatiques, il faut arrêter la fuite en avant et offrir dès maintenant des alternatives viables et efficaces afin de diminuer la dépendance au transport automobile. En clair, il faut permettre aux gens de se déplacer plus rapidement pour moins cher », explique Karel Mayrand.
Un fardeau financier croissant pour les ménages
L’étude démontre que les ménages consacrent plus de 20% de leur revenu disponible au secteur du transport, soit plus que pour l’alimentation, l’éducation ou la santé. « L’augmentation du fardeau du transport pèse lourdement dans le budget des ménages et contribue à leur endettement. En investissant dans des solutions de transports collectifs et alternatifs, Québec contribuerait à redonner un peu d’oxygène aux familles dont les budgets sont grevés par les dépenses automobiles » a conclu M. Mayrand.
Pour consulter le rapport : https://fr.davidsuzuki.org/projet/le-cout-des-transports-au-quebec/
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Renseignements :
Geneviève King-Ruel, Fondation David Suzuki
Spécialiste des communications et affaires publiques
Tél. : 514 582-9692 |Courriel : gKing-Ruel@davidsuzuki.org
Philippe Cousineau Morin, Trajectoire Québec
Directeur
Tél. : 514-799-1906 | Courriel : info@trajectoire.quebec
À propos :
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Trajectoire Québec est une association qui intervient dans la représentation des citoyens et la promotion de leurs intérêts en matière de transports collectifs partout au Québec. Fondée en 1977 sous le nom de Transport 2000, l’association soutient l’accès à des services de mobilité abordables, sécuritaires et de qualité, en plus de rassembler et de mobiliser citoyens, associations et corporations grâce à son expertise en mobilité citoyenne.
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