Montréal – La décision annoncée aujourd’hui par le gouvernement fédéral de donner le feu vert au projet d’oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan ainsi qu’au projet de remplacement de la Ligne 3 d’Enbridge s’inscrit en faux contre l’engagement qu’avait pris ce même gouvernement, en signant l’Accord de Paris, de redoubler d’efforts pour éviter une hausse de plus de 2 C de la température moyenne de la planète.
Que ce soit d’un point de vue environnemental ou économique, il n’y a aucune bonne raison d’autoriser ce projet. «En approuvant deux oléoducs qui ajouteront 1,4 million de barils par jour en capacité de transport de pétrole, le gouvernement fédéral permettra une croissance des sables bitumineux qui mettra hors d’atteinte nos objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a déclaré Karel Mayrand, directeur pour le Québec de la Fondation David Suzuki. Par cette décision, le gouvernement Trudeau tourne le dos à l’Accord de Paris à peine quelques semaines après son entrée en vigueur.»
«Ces décisions, à l’instar de l’autorisation donnée récemment au projet ultra polluant de LGN de Pacific NorthWest près de Prince-Rupert, reviennent à imposer des infrastructures d’hydrocarbures dont personne ne veut et ne ressent le besoin, poursuit M. Mayrand. Nous devrions financer les projets de transition vers les énergies renouvelables plutôt que de continuer de soutenir les projets d’infrastructures dépassées qui nous enfermeront pendant des années encore dans la spirale climato-destructrice des énergies fossiles.»
En particulier, la décision controversée d’approuver le pipeline Kinder Morgan fait fi de l’opposition de 17 Premières Nations, de la province de la Colombie-Britannique et de 20 municipalités représentant plus de deux millions de citoyens. Le prolongement de l’oléoduc doit assurer le transport de pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’en Colombie-Britannique à des fins d’exportation.
La Fondation David Suzuki s’oppose à toute expansion des infrastructures liées aux combustibles fossiles, et cela comprend l’oléoduc Trans Mountain, ainsi que le remplacement de la Ligne 3 d’Enbridge, qui multiplierait par sept le volume de trafic des pétroliers.
« Les Britanno-Colombiens ont bien raison de s’inquiéter des effets de déversements de pétrole sur un écosystème marin fragile, sur les épaulards et sur leur propre santé, indique Karel Mayrand. Des déversements de pétrole se produiront inévitablement et leurs dégâts ne pourront jamais être totalement réparés.»
De fait, la recherche a démontré que la technologie n’existe pas encore qui permettrait de récupérer efficacement le bitume dilué d’un déversement. « De toute façon, même sans déversement, le niveau prévu d’augmentation du trafic de pétroliers est extrêmement préoccupant en ce qui touche à la population d’épaulards résidents du Sud, qui compte à peine plus de 80 individus », ajoute M. Mayrand.
« La mer des Salish est très étroitement associée à l’histoire économique, naturelle et culturelle du Canada. La faune de cette région est très riche, et c’est un coin formidable pour explorer la nature, sans compter que des milliers de personnes y vivent de la pêche et du tourisme. Cet endroit est beaucoup trop précieux pour qu’on l’expose au risque d’un déversement de pétrole lourd brut, or c’est exactement ce que fait le projet Kinder Morgan », poursuit Karel Mayrand.
Des voix se sont également élevées pour dénoncer le processus de consultation publique défaillant et la perte totale de confiance du public envers l’Office nationale de l’énergie. « Au vu des failles importantes qu’accuse le processus de consultation, on ne nous annonce pas aujourd’hui une décision éclairée fondée sur des éléments probants. Nous nous attendons à ce que la population de la Colombie-Britannique, ainsi que les citoyens d’un bout à l’autre du pays, contestent une décision qui va à l’encontre de la volonté citoyenne et qu’elle demande qu’un processus d’évaluation environnementale digne de ce nom soit mis en œuvre. Ce processus doit tenir compte des préoccupations des peuples autochtones et de l’ensemble des citoyens », conclut M Mayrand.
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Diego Creimer, Spécialiste, communications et affaires publiques
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