Le succès du nouveau plan de réduction des émissions dépendra de sa mise en œuvre urgente et de la correction des principales lacunes, notamment le rehaussement du plafond des émissions du secteur pétrolier et gazier.

MONTRÉAL | TERRITOIRE TRADITIONNEL ET NON CÉDÉ DE LA PREMIÈRE NATION KANIEN’KEHÁ:KA, 29 mars 2022 – La publication du premier plan canadien de réduction des émissions à l’horizon 2030 en vertu de la nouvelle Loi sur la responsabilité en matière de carboneutralité constitue un pas en avant encourageant pour l’action climatique au pays.

« Ce plan a de meilleures chances de succès que tous les plans climatiques canadiens qui l’ont précédé. Les projections d’émissions secteur par secteur liées à des mesures spécifiques permettent la reddition de comptes qui aidera le Canada à rester sur la bonne voie. Si l’on veut que le plan ait l’effet escompté, c’est-à-dire que le Canada fasse sa juste part dans la lutte contre la crise climatique mondiale, il faut corriger les principales lacunes. Une plus grande clarté sur le rôle des compensations de carbone et des technologies d’émissions négatives est essentielle », a déclaré Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique et responsable de l’équipe climat. « Il est encourageant de voir le gouvernement s’engager à agir rapidement pour atteindre près de la moitié des réductions d’émissions prévues d’ici 2026. »

Le Plan de réduction des émissions aidera le Canada à s’éloigner de sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles polluants, réduisant ainsi son exposition à la volatilité des prix mondiaux de l’énergie et aux perturbations. Il contribuera également à accroître l’efficacité énergétique des maisons et des bâtiments, ce qui améliorera l’abordabilité et la résilience aux impacts climatiques.

Les éléments importants de ce plan sont les suivants :

  • Pour la première fois, l’accent est mis sur la réduction des émissions du secteur pétrolier et gazier – la plus grande source d’émissions du Canada et celle qui continue de croître ;
  • Des efforts pour réduire les émissions du secteur du bâtiment, y compris une utilisation réduite des combustibles fossiles pour le chauffage dans le secteur du bâtiment et l’étiquetage ÉnerGuide pour les maisons au moment de la vente ;
  • Nouveaux détails sur les règlements visant à accélérer le passage des ventes aux véhicules zéro émission ;
  • Un investissement significatif (9 milliards de dollars) pour soutenir la mise en œuvre, y compris un nouveau financement important (180 millions de dollars) engagé pour soutenir les projets d’énergie propre et d’efficacité menés par les nations autochtones.

Les principales lacunes sont les suivantes :

  • Le plafond des émissions du secteur pétrolier et gazier, bien qu’important, est fixé bien en deçà des 40 à 60 % que les analyses montrent comme étant atteignables ;
  • Une trop grande importance accordée au captage et au stockage du carbone – qui s’est avéré moins efficace que prévu – et qui risque de retarder les efforts d’atténuation ;
  • La transparence entourant les mécanismes de compensations du carbone et la limitation explicite de leur utilisation font défaut ;
  • Le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de 40 à 45 %, mais ce plan n’atteindra que la limite inférieure de la fourchette. La juste part du Canada à l’échelle mondiale est une réduction de 60 % de ses émissions.

« Nous avons besoin de règles qui garantissent que les compensations de carbone sont réelles, qu’elles protègent la nature et qu’elles bénéficient du soutien total et du leadership des nations autochtones », a déclaré Jay Ritchlin, directeur général de la Fondation pour l’Ouest canadien et responsable du programme nature. « Nous ne pouvons pas nous permettre plus d’écoblanchiment, ou de compensations comme moyen d’échapper aux réductions directes d’émissions. »

« Les données climatiques et la modélisation seront également essentielles à la réussite de ce plan », a déclaré Tom Green, conseiller principal en matière de politique climatique de la Fondation. « Cela inclut la transparence dans la modélisation pour mesurer les progrès, éviter les impasses et saisir les opportunités dans la transition vers la carboneutralité. »

Le mois dernier, la principale autorité mondiale en matière de climatologie (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies) a publié son dernier rapport, confirmant une fois de plus que les gouvernements du monde entier sont loin d’en faire assez pour lutter contre l’aggravation de la crise climatique. Une version divulguée de son prochain rapport – axé sur l’atténuation des effets du changement climatique et dont la publication est prévue le 4 avril – indique que les émissions mondiales de GES doivent atteindre un pic et commencer à diminuer au cours des quatre prochaines années.

En mai, la Fondation publiera une modélisation inédite au Canada, montrant comment le pays peut parvenir à un réseau électrique à émissions nulles d’ici 2035.

« Pour la première fois, le secteur pétrolier et gazier est tenu de réduire ses émissions, mais à 31 %, le gouvernement s’est arrêté bien loin des 45 à 60 % que les analyses montrent comme étant atteignables », ajoute M. Green.

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Brendan Glauser, Fondation David Suzuki | bglauser@davidsuzuki.org