Longueuil — Un grand nombre d’organisations ayant fortement à cœur la contribution de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme au développement durable ont lancé aujourd’hui un appel en faveur de la pérennité du territoire agricole, en marge des audiences publiques de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) sur le futur Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD).

Tout en rappelant que les espaces actuellement disponibles en zone blanche (16 000 hectares -l’équivalent de trois fois la ville de Blainville), jumelés à des seuils de densité adéquats, assureraient aux municipalités de la CMM un développement résidentiel, industriel et commercial pour les deux prochaines décennies, les intervenants ont salué la proposition de geler pour une période de cinq ans après l’adoption du plan tout dézonage agricole et souhaitent même qu’un tel gel aille bien au-delà de cette période.

 

Superficie vacante en 2011

Source : PMAD, avril 2011.

« Depuis 2001, près de 3 000 hectares — l’équivalent de 5 600 terrains de football — ont été sacrifiés à l’urbanisation anarchique du territoire de la CMM. À ce rythme, quelle proportion de la zone agricole d’aujourd’hui disparaîtra d’ici 2031 si l’étalement urbain se poursuit? La réponse est sans équivoque. Il faut cesser le développement sur les bases actuelles, s’engager dans une gestion optimale de l’urbanisation, densifier la trame urbaine et prolonger la période de gel à toute la durée du PMAD », a déclaré M. Christian Lacasse, président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), tout en rappelant que la zone agricole, au Québec, ne représente que 2 du territoire comparativement à 58 en France et 45 % aux États-Unis.

« Il faut cesser de voir les territoires agricoles, exploités ou non, comme des zones en attente d’urbanisation… Soyons conscients du peu de bonnes terres agricoles dont dispose le Québec, qu’une grande partie de celles-ci se trouvent en bordure de la communauté métropolitaine et, par conséquent, que la pression sur ces espaces ne fera qu’augmenter au cours des prochaines années. Cependant, nous avons ici une belle occasion de démontrer que la cohabitation entre agriculture et milieux urbains peut se faire harmonieusement, et ce, dans le respect de la valeur sociale, économique et environnementale des deux. C’est le défi que tous les acteurs engagés dans le PMAD doivent relever au bénéfice de l’ensemble de la société », a continué M. René Mongeau, président de l’Ordre des agronomes du Québec.

« Les terres agricoles sont d’une importance capitale pour notre capacité nourricière à long terme. Un cadre cohérent doit être établi afin que ces terres servent prioritairement à un approvisionnement de proximité, ce qui commande une diversification de leurs cultures et un accès à la terre facilité pour la relève, afin d’en préserver l’usage agricole à long terme », a pour sa part affirmé M. Sidney Ribaux, cofondateur et coordonnateur général d’Équiterre. « Avec bientôt près de 9,5 milliards d’habitants à nourrir sur notre petite planète et des territoires agricoles qui se désertifient sous l’action des changements climatiques, il serait aberrant de poursuivre l’étalement urbain et le détournement de vocation des meilleures terres agricoles du Québec. Le PMAD, en prescrivant un gel du dézonage et une revitalisation des terres agricoles de la grande région de Montréal, propose une vision courageuse qui s’inscrit pleinement dans le développement durable de notre société » a pour sa part souligné M. Ghislain Cloutier, premier vice-président de La Coop fédérée — Fédération des coopératives agricoles.

« Le PMAD doit traduire une vision axée sur une région économiquement responsable, socialement équitable et environnementalement viable. Pour y arriver, le RNCREQ pense que le document final doit être bonifié en fixant des objectifs réalistes, mais précis et suffisants. Parmi ces objectifs, la mise en place d’un moratoire sur le dézonage agricole sur 20 ans, la protection intégrale des cours d’eau et la conservation intégrale des milieux humides, le tout intégré dans un concept de ceinture et de trame vertes et bleues », a ajouté M. Philippe Bourke, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux en environnement (RNCREQ).

M. Karel Mayrand, directeur général de Fondation David Suzuki pour le Québec, a abondé dans le même sens. « La zone agricole, tout comme les boisés, les milieux humides et aquatiques, est une partie intégrante de la ceinture verte que nous souhaitons voir apparaître sur le territoire de la CMM. Il est inconcevable que Montréal demeure l’une des dernières grandes villes à ne pas posséder de ceinture verte et à ne pas s’être dotée d’un cadre cohérent conciliant le développement urbain, la protection des milieux naturels et l’agriculture ».

Même son de cloche du côté du président de l’Ordre des architectes du Québec, M. André Bourassa : « Pour freiner l’étalement urbain, la région métropolitaine doit adopter une ceinture verte comme l’Ontario l’a fait. Il faut voir au-delà des limites de la CMM et inciter Québec à réglementer en ce sens ». « La protection des terres agricoles va de pair avec la protection des milieux naturels sur le territoire du Grand Montréal. Une approche sérieuse de densification urbaine, la création d’un nouveau type d’aires protégées et la mise en place d’une vraie ceinture verte devraient stopper la véritable hémorragie que constitue la perte de sols agricoles dans cette région», a continué M. Christian Simard, directeur général de Nature Québec.

« Le PMAD est une occasion privilégiée de faire les choses autrement. L’utilisation optimisée du territoire en zone blanche permet d’accueillir toute la croissance démographique prévue sur le territoire de la CMM. Nous sommes donc d’avis qu’il faut dorénavant rejeter tout dézonage agricole, et ainsi envoyer le signal aux développeurs qu’il faut construire des milieux plus compacts et moins énergivores », a pour sa part indiqué M. Alexandre Turgeon, président exécutif de Vivre en Ville — Regroupement québécois pour le développement urbain, rural et villageois viable.

Soulignons que les organisations suivantes appuient la sortie d’aujourd’hui : l’Association des détaillants en alimentation du Québec, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Conseil central du Montréal métropolitain-CSN (CCMM-CSN) et le Conseil régional en environnement de Montréal (CRE-Montréal).

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Source :
Éliane Hamel
Directrice, Service des communications
Union des producteurs agricoles
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Information
Patrice Juneau
Conseiller aux affaires publiques
Union des producteurs agricoles
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