Des activistes protestent contre l’événement organisé par CropLife à la COP15 alors que les délégué.e.s envisagent le premier objectif mondial de réduction des pesticides
MONTRÉAL/TIOHTIÀ:KEI TERRITOIRE TRADITIONNEL KANIEN’KEHÁ:KA NON-CÉDÉ, le jeudi 8 décembre 2022 – Des activistes déguisés en abeilles et en monarques ont manifesté leur inquiétude quant à la présence de l’industrie des pesticides à la COP15, le sommet mondial pour la biodiversité qui se tient à Tiohtià:ke/Montréal. Les groupes environnementaux appellent les gouvernements à mettre en place des objectifs de réduction des pesticides à l’occasion du cadre mondial de la biodiversité actuellement en négociation au sommet de la COP15.
La fédération de l’industrie des pesticides, CropLife, a tenu un événement pour les délégué.e.s de la COP cet après-midi. La fuite d’un rapport a révélé les efforts de CropLife Europe pour freiner les objectifs de réduction des pesticides qui ont malgré tout été inclus à la Stratégie sur la biodiversité de l’Union Européenne en 2020. Le Canada ne dispose actuellement pas d’une stratégie parallèle pour réduire l’utilisation des pesticides, alors que les données sur les ventes de pesticides montrent que l’utilisation des produits chimiques est en hausse. Trois compagnies – Bayer, Coverta et Syngenta-Chemichina, toutes trois présentes sur le conseil de CropLife Canada – contrôlent plus de 70% du marché mondial des pesticides et représentent 61% des ventes de semences (incluant les OGM).
En plus des risques pour la santé humaine associés aux pesticides (chaque année, on compte 385 millions d’agriculteurs.trices souffrant d’une intoxication aiguë aux pesticides), les pesticides sont un facteur du déclin de nombreuses espèces. Par exemple, l’utilisation intensive des herbicides à base de glyphosate a éradiqué les asclépiades, plantes essentielles à la survie des larves des Monarques, de la plupart des paysages. Environnement et Changement climatique Canada mène actuellement des consultations à la suite d’une recommandation de 2016 visant à inscrire officiellement les Monarques sur la liste des espèces en danger en vertu de la Loi fédérale sur les espèces en péril. De même, les oiseaux qui se nourrissent d’insectes sont affectés, la quantité et la qualité de leurs proies ayant par conséquent diminué. Depuis les années 70, la quantité d’insectivores aériens a chuté de 60% au Canada.
Le projet de Cadre mondial de la biodiversité en étude à la COP15 exigerait des parties – incluant le Canada – de réduire les pesticides de deux tiers d’ici à 2030 (Cible 7). Si celui-ci est approuvé dans le texte final, ce serait la première fois que les parties de la Convention sur la diversité biologique s’entendent sur un objectif global de réduction des pesticides.
Interrogé lors de l’événement d’aujourd’hui, un porte-parole de l’organisation CropLife a déclaré que son organisation ne soutenait pas l’objectif de réduction de l’utilisation des pesticides proposé dans le cadre mondial.
Les délégué.e.s à la COP15 doivent être vigilant.e.s au « greenwashing » (écoblanchiement) et ne pas laisser l’influence de l’industrie saboter l’objectif de réduction des pesticides. Nous appelons le Gouvernement du Canada à soutenir publiquement l’objectif de réduction des pesticides inclus dans le projet de convention-cadre et à ajuster la régulation fédérale sur les pesticides afin d’atteindre cet objectif.
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Contacts médias:
Charles Bonhomme, cbonhomme@davidsuzuki.org, (438) 883-8348
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Citations:
«Le sommet pour la nature de Montréal doit faire le lien entre les pesticides et la perte de biodiversité. Nous appelons le Canada, en tant que pays hôte, à prendre une position de chef de file en s’engageant clairement à réduire l’utilisation des pesticides et les risques qui y sont liés.»
– Lisa Gue, Responsable des politiques nationales, Fondation David Suzuki
«Les oiseaux qui se nourrissent d’insectes volants, tels que les hirondelles, sont en chute libre au Canada et ailleurs dans le monde. La perte de leur ressource alimentaire première – les insectes – est un facteur clé de leur disparition. Nous devons diminuer et non augmenter l’utilisation des pesticides si nous voulons continuer d’observer le retour des hirondelles au début de chaque printemps.»
– Silke Nebel, PhD, Vice-Présidente de Science et Conservation, Oiseaux Canada
«CropLife International a causé des dommages inimaginables sur la biodiversité à travers la planète. Ils n’ont cessé de faire pression en faveur du statu quo, de la surutilisation et de la dépendance excessive à l’égard des produits chimiques toxiques. Ils n’ont rien à faire ici et ils n’auraient jamais dû avoir la possibilité de s’exprimer à la COP15…»
– Charlotte Dawe, Chargée de campagne, Conservation and Policy, Wilderness Committee
«Une grande partie de la perte de biodiversité actuelle et récente est due à l’intensification de l’agriculture, notamment à l’utilisation et à la dépendance vis-à-vis des pesticides et des herbicides. Les coûts écologiques associés comprennent les dommages sur les sols, les forêts de monoculture exposées aux contraintes environnementales, et l’effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux. Il est temps pour le Canada de mettre en place une stratégie visant à réduire l’utilisation et la dépendance aux pesticides avant qu’il ne soit trop tard.»
– Ted Cheskey, Directeur naturaliste, Nature Canada
«La biodiversité est essentielle pour toute vie et pour la santé des êtres vivants – incluant les humains. La perte de biodiversité et les changements des écosystèmes, comme en témoigne par exemple le déclin des papillons monarques, augmentent les risques de maladies infectieuses chez les plantes, les animaux et les humains. Un objectif mondial de réduction des pesticides est essentiel pour la protection de la biodiversité et de la santé humaine.»
– Dr. Melissa Lem,. M.D., Présidente du conseil d’administration, Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
«Nous avons besoin de plus d’ambition pour stopper et inverser la perte de biodiversité. L’altération de ces négociations par ceux qui profitent des pesticides est inacceptable. Nous devons aller au-delà de la science corporative et des lobbyistes de l’industrie et construire un plan d’action audacieux pour la santé de la planète.»
– Cassie Barker, Toxics Senior Program Manager, Environmental Defence
«Nous savons depuis longtemps que des entreprises utilisent des techniques controversées, telles que ‘’semer’’ le doute dans la science, l’intimidation des critiques et l’utilisation de prête plume, par exemple, qui retardent et font dérailler d’importantes décisions politiques – comme nous l’avons vu dans les domaines du tabac, du climat et des pesticides. Ces intérêts corporatifs ont fait suffisamment de mal et ne devraient pas avoir leur place lorsqu’il s’agit de négocier l’avenir de la biodiversité et de la vie sur notre planète.»
– Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM
«Je ne connais pas d’agriculteurs qui utilisent les pesticides pour s’empoisonner ou empoisonner la biodiversité de notre planète. Les pesticides sont un enjeu de société, une affaire de santé publique, pas seulement un problème qui concerne le milieu agricole.»
– Serge Giard, agriculteur atteint de la maladie de Parkinson, président de Victimes des pesticides du Québec
«Alors que la résistance aux pesticides se développe, au lieu de réduire leur utilisation pour préserver leur efficacité (comme c’est le cas pour les antibiotiques), l’industrie utilise des produits chimiques de plus en plus puissants. Les pesticides polluent l’environnement et nuisent à la santé des travailleurs et du public. Quel rôle joue CropLife pour préserver ce que ses produits sont censés tuer?»
– Meg Sears, Présidente de Prevent Cancer Now
«Premièrement nous devons arrêter les dommages sur la biodiversité. La planète a besoin d’une réduction significative de l’utilisation des pesticides et d’une réorientation vers la gestion des nuisibles plutôt que la guerre ouverte contre tous les insectes avec l’utilisation prophylactique des pesticides. L’objectif de CropLife est de vendre autant de pesticides que possible pour faire du profit – leurs intérêts ne peuvent pas s’aligner sur ceux qui cherchent à mettre fin aux dommages, à restaurer et à conserver la biodiversité. Les gouvernements devraient considérer CropLife et ses membres comme des pollueurs qui doivent payer pour les dommages qu’ils infligent à notre biodiversité mondiale.»
– Beatrice Olivastri, CEO, Les ami.e.s de la Terre du Canada