Les progrès réalisés dans le cadre de plusieurs accords mondiaux sur le climat ont été pris en otage par une poignée de pays réfractaires à tout avancement

Madrid – Les dirigeants mondiaux présents à la COP25 qui n’ont pas réussi à prendre des mesures concrètes pour faire face à la crise climatique sont de plus en plus en décalage avec l’urgence signalée par la science et les voix des générations futures qui devront faire face aux conséquences de leurs choix.

«Nous sommes à un moment charnière, a déclaré Diego Creimer, responsable des affaires publiques à la  Fondation David Suzuki, présent aux négociations qui vient de finir à Madrid. Nous avons vu nos jeunes leaders rallier des millions de personnes dans les rues pour réclamer des mesures climatiques. Des centaines de villes à travers le pays ont déclaré l’urgence climatique. Et ici, au Canada, nous ressentons déjà les effets des changements climatiques, y compris les phénomènes météorologiques extrêmes.»

Le Canada connaît ces dernières années des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus graves, comme les incendies de forêt en Colombie-Britannique et en Alberta, les inondations au Québec et en Ontario, la fonte des glaces et du pergélisol dans le Nord et les phénomènes météorologiques extrêmes dans les Maritimes.

«Nous constatons les effets du changement climatique, mais ce que nous ne voyons pas, c’est le leadership politique mondial nécessaire pour s’attaquer à cette crise d’une manière efficace, a ajouté Diego Creimer. Les dirigeants mondiaux présents à Madrid ont simplement prouvé qu’ils accusent un sérieux retard par rapport aux citoyens qui appellent à une action urgente pour faire face à cette crise.»

Dans l’ensemble, le Canada a joué un rôle constructif dans les pourparlers, mais il n’a pas pu relever le niveau d’ambition de l’accord final. La plupart des résultats escomptés ne se sont pas matérialisés et ont été reportés aux négociations de l’année prochaine à Glasgow. Cela comprend les mécanismes d’implémentation des marchés du carbone et l’intégration des droits humains et des droits des peuples autochtones dans plusieurs règles clés de l’article 6 de l’Accord de Paris, soit celui qui traite de l’échange de droits d’émission.

«Nous ne pouvons pas avancer vers des solutions climatiques en négligeant les droits humains et autochtones. Nous pouvons et devons avoir les deux», a renchéri Creimer.

Au cours d’une année où plusieurs rapports majeurs ont souligné la gravité de l’urgence climatique, les résultats obtenus au Sommet des Nations Unies sur le climat ne sont pas conformes à la science qui montre qu’une transformation profonde et une transition accélérée vers les énergies propres et la restauration de nos forêts sont maintenant nécessaires pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius, l’objectif défini dans l’Accord de Paris.

Le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement sur les écarts d’émissions montre que les pays prévoient d’extraire et de brûler des combustibles fossiles au cours de la prochaine décennie à plus du double du niveau compatible avec le maintien de la hausse des températures à 1,5 degré Celsius.

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, nous devons réduire de moitié les émissions mondiales de carbone au cours des dix prochaines années pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius.

«Malheureusement, la COP25 n’a pas permis de réaliser des progrès substantiels. Toutefois, il est clair que nous faisons de grands progrès dans nos collectivités, et que nous avons réussi à faire de l’action climatique la priorité absolue lors des récentes élections fédérales. Nos concitoyens savent que nous devons aller de l’avant pour protéger l’avenir de nos enfants», a conclu Diego Creimer.

Le gouvernement fédéral doit prendre d’autres mesures et adopter ces solutions au cours des prochains mois:

– Déposer la mise à jour du plan climatique du Canada en vue d’atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050;

– Adopter des cibles de réduction des émissions de carbone tous les cinq ans, y compris des cibles climatiques plus rigoureuses pour 2030, comme le Canada s’est engagé à faire à Madrid;

– Faire respecter les droits et titres autochtones au Canada;

– Élaborer une norme solide pour les carburants plus propres;

– Garder le cap sur la réduction de la pollution due au méthane provenant du pétrole et du gaz;

– Investir dans des voitures et des camions électriques à émissions nulles en exigeant des constructeurs automobiles qu’ils en augmentent l’offre;

– Poursuivre les investissements dans le transport en commun et accélérer le déploiement des autobus électriques;

– Accélérer la transition vers un avenir carboneutre en travaillant davantage sur les questions d’efficacité énergétique et le déploiement des énergies renouvelables;

-Garantir l’équité dans l’établissement du prix des émissions de carbone des gros émetteurs au Canada.

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Contact : Diego Creimer +1-514-999-6743 dcreimer@davidsuzuki.org