CHARM EL-CHEIKH, le jeudi 17 novembre 2022 – À un jour de la fin de la COP27, au moment le plus critique des négociations de l’ONU, le Réseau action climat – Climate Action Network Canada demande au ministre de l’Environnement et des Changements climatiques Steven Guilbeault de se joindre aux nations vulnérables qui luttent pour que la conférence sur le climat aboutisse à un accord historique et ambitieux. Cet accord doit répondre aux besoins de ceux qui sont en première ligne de la crise climatique.

Les pays vulnérables aux impacts climatiques sont venus à Charm el-Cheikh pour réclamer justice, alors qu’ils sont aux prises avec des impacts dévastateurs causés par les émissions gargantuesques des nations riches. Le Canada doit être solidaire des personnes les plus touchées et se battre pour que les questions suivantes fassent partie de la décision finale –l’accord principal conclu par les pays lors de la COP27 :

  • Une facilité financière mise en place sous l’égide de la CCNUCC pour faire face aux pertes et préjudices causés par le climat dans les pays du Sud. L’Alliance des petits États insulaires et d’autres pays du Sud ont clairement indiqué que les pertes et dommages sont le test décisif qui déterminera le succès de cette CdP, et leur demande a pris un élan sans précédent. Le Canada doit refuser de laisser les États-Unis ou d’autres pays riches saboter ce moment historique;
  • L’élimination progressive de tous les combustibles fossiles, en reconnaissant que l’expansion des combustibles fossiles est incompatible avec un avenir compatible avec le 1,5°C et que la transition vers les énergies renouvelables apportera une plus grande stabilité énergétique, un prix plus abordable et des avantages pour les communautés. Le Canada doit soutenir la proposition de l’Inde d’inclure l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles dans la décision finale et s’engager à agir en premier et le plus rapidement possible, conformément à une transition juste, centrée sur les travailleur.euse.s et leurs communautés, et ancrée dans le dialogue social;
  • Protéger et livrer sur le 1,5°C. Le rapport de synthèse de la CCNUCC publié le mois dernier a montré que nous nous dirigeons vers une catastrophe climatique si les pays ne révisent pas leurs plans actuels. Les pays – en particulier ceux comme le Canada qui n’ont pas encore rempli leur engagement en vertu du Pacte de Glasgow à cet égard – doivent renforcer leurs objectifs pour 2030 dès que possible afin de combler les écarts d’ambition et d’implantation avec le 1,5 °C;
  • Un signal politique fort sur la nécessité de conclure un accord ambitieux sur la protection de la nature et de la biodiversité lors de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique à Montréal en décembre prochain. Les crises du climat et de la biodiversité sont intimement liées et doivent être abordées ensemble, en suivant le leadership et la science des peuples autochtones;
  • Les pays développés doivent élaborer une feuille de route pour doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025, comme ils se sont engagés à le faire l’année dernière à Glasgow. Les pays doivent consacrer 50 % de l’ensemble du financement climatique à l’adaptation, qui permet de sauver des vies et de prévenir les pertes et les dommages – mais qui reste gravement sous-financée et négligée.

La décision finale sur lequel les pays s’accordent à la fin de la COP envoie un message politique fort qui définira la voie à suivre. Il doit bâtir sur le Pacte de Glasgow pour le climat et en accroître l’ambition. L’horloge tourne et, avec ses 8400 mots, le projet de décision finale publié hier soir par la présidence égyptienne est encore loin d’être une proposition convaincante et gérable.

« Il est maintenant temps de lutter pour la justice climatique, » a déclaré Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale à Climate Action Network – Réseau action climat Canada (CAN-Rac). « Ce serait une véritable honte pour le Canada et ses alliés des pays riches de laisser la COP27 se terminer sans établir un mécanisme financier pour les pertes et préjudices. Nous devons saisir cette chance de parvenir à un accord politique sur le fait scientifique qu’un avenir sécuritaire nécessite une élimination progressive et contrôlée de tous les combustibles fossiles. Nous devons jeter les bases d’une démarche ambitieuse en matière d’adaptation et de biodiversité. Nous ne pouvons pas dire aux personnes en première ligne de l’escalade des impacts climatiques dans le monde qu’elles doivent attendre une autre année pour obtenir justice. »

« Le texte doit inclure une mention claire sur la Transition juste, un dialogue social avec les travailleurs et travailleuses à la table. S’assurer que ce soit inclus n’est pas une frivolité. C’est une question de travail décent, de qualité pour tous et toutes à travers le monde. C’est un enjeu d’équité des genres, de respect des Peuples Autochtones. Le Canada doit être une voix forte pour s’assurer que ce soit inclus et résister aux pressions des pays qui veulent effacer toute mention des droits humains, » dit Patrick Rondeau, conseiller à l’environnement et à la Transition juste, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

« Ne pas avoir de mécanisme fort et inclusif de compensation des pertes et préjudices ni de financement suffisant, c’est abandonner les communautés vulnérables qui ne reçoivent pas le soutien nécessaire après des désastres climatiques. C’est leur refuser la nourriture, l’eau, les soins de santé et les infrastructures éducatives et agricoles dont elles ont absolument besoin. Le Canada doit agir à la mesure de sa responsabilité disproportionnée à l’origine des changements climatiques et militer pour que le vocabulaire employé dans la décision-cadre soit véritablement effectif et ne dilue pas les engagements des États, » soutient Albert Lalonde, militant-e étudiant-e pour la justice climatique et chargé-e de projet pour le Laboratoire conscience climatique de la Fondation David Suzuki.

« À quelques heures de la fin de la COP27, le Canada doit inspirer l’ambition collective et non la freiner. C’est le minimum s’il veut remédier à ses multiples incohérences domestiques. L’adaptation a été mise à mal durant ce sommet, et la décision-cadre doit donner un second souffle à cette question. Alors que les besoins en adaptation des pays en développement sont estimés à 70 milliards de dollars par année dès maintenant, il est crucial que le Canada milite pour une décision-cadre qui exige des fonds neufs, additionnels et facilement accessibles. En matière de finance climatique, le Canada fait de belles promesses, mais il tarde également à les concrétiser. Choisissons la justice climatique, » ajoute Andréanne Brazeau, analyste politique chez Équiterre.

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Climate Action Network – Réseau action climat (CAN-Rac) Canada est le plus vaste réseau d’organisations travaillant sur les questions liées aux changements climatiques et à l’énergie au Canada. Il s’agit d’une coalition de 140 organisations opérant d’un océan à l’autre. Nos membres rassemblent des groupes environnementaux, des syndicats, des Premières Nations, des organisations de justice sociale, de développement, de santé et de jeunesse, des groupes religieux et des initiatives locales.

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Charles Bonhomme, Responsable affaires publiques et communications, Fondation David Suzuki
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