La science montre que l’élimination immédiate des combustibles fossiles nocifs est essentielle pour maîtriser la crise climatique et répondre au « code rouge » lancé par le GIEC

 

OTTAWA | TERRITOIRE TRADITIONNEL ET UNIQUE DU PEUPLE ALGONQUIN ANISHNAABEG (21 septembre 2021) — La Fondation David Suzuki félicite tous les membres du Parlement nouvellement élus et réélus et exhorte le premier ministre à ne pas perdre de temps pour mettre en œuvre les engagements de son programme électoral visant à répondre à l’urgence climatique (voir le résumé ci-dessous).

« La crise climatique a été un enjeu électoral majeur pour la plupart des électeurs »[1], a déclaré Severn Cullis-Suzuki, directrice générale de la Fondation David Suzuki. « Cet été au Canada, les incendies de forêt et les épisodes de chaleur extrême ont été choquants. La ville de Lytton a été réduite en cendres. Des centaines de Canadien.ne.s ont péri à cause de la chaleur extrême. Les Canadien.ne.s veulent un leadership en matière de climat et cette session parlementaire est l’occasion pour le gouvernement fédéral de répondre adéquatement à l’urgence climatique. »

Le mois dernier, les scientifiques climatiques de l’ONU ont émis un « code rouge pour l’humanité » dans leur dernière évaluation scientifique mondiale de la crise. Leurs travaux scientifiques montrent que la crise climatique s’accélère et que, si rien n’est fait, elle pourrait faire grimper les températures mondiales moyennes de 2,7 à 3,2 °C au cours des prochaines décennies ; 1,5 à 2 °C est le seuil critique à partir duquel les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents et commencent à mettre en péril l’agriculture et la santé humaine. L’évaluation conclut que sans une réduction immédiate, rapide et à grande échelle des émissions de gaz à effet de serre au cours de cette décennie, la limitation du réchauffement à des niveaux sûrs (1,5 C, voire 2 C d’ici la fin du siècle) sera hors de portée.

« C’est notre dernière chance de mettre en œuvre le changement transformationnel nécessaire pour éliminer la pollution par le carbone et sauver nos communautés et les écosystèmes dont nous dépendons de la crise climatique », a déclaré Ian Bruce, directeur exécutif par intérim de la Fondation pendant la campagne électorale, et ancien directeur, science et politique. « Les actions de notre gouvernement dans les jours et les mois à venir détermineront si le Canada émergera en tant que leader climatique dans cette transition mondiale, sans quoi il devra faire face aux impacts environnementaux, économiques et sanitaires dévastateurs des changements climatiques. »

La Fondation David Suzuki demande au gouvernement fédéral d’accélérer le travail déjà en cours et de mettre rapidement en œuvre ses engagements électoraux afin d’accélérer le passage aux énergies renouvelables et d’éliminer l’utilisation des combustibles fossiles pour alimenter nos industries, nos voitures et notre système de transport, ainsi que nos maisons et nos bâtiments, de réduire les émissions de carbone, de protéger la nature et de faire progresser d’autres priorités environnementales, notamment les droits et la réconciliation des peuples autochtones. Dans les 100 premiers jours de ce mandat, cela devrait inclure :

  • Renforcer la réglementation sur le méthane, un puissant gaz à effet de serre pour lequel des solutions de réduction rentables sont disponibles.
  • Développer un plan pour éliminer progressivement tout financement public du secteur des combustibles fossiles.
  • Introduire une loi sur la transition juste pour soutenir les travailleurs et les communautés dans la transition nécessaire vers l’abandon des combustibles fossiles.
  • Publier des règlements interdisant les plastiques à usage unique non essentiels.
  • Réintroduire le projet de loi C-28 avec des améliorations, mettant à jour la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, y compris une reconnaissance significative du droit à un environnement sain.
  • Réintroduire le projet de loi C-230, une loi visant à lutter contre le racisme environnemental.
  • Appliquer les ordonnances de protection de l’habitat essentiel et les autres pouvoirs de la Loi sur les espèces en péril lorsqu’il est évident que des espèces en péril comme le caribou et l’épaulard ne sont pas efficacement protégées et rétablies, car la protection et la restauration de la nature aident à lutter contre le changement climatique et ses répercussions.
  • Conclure un accord sur la nature avec la Colombie-Britannique afin de protéger une plus grande partie des forêts anciennes de la province et d’étendre les zones protégées sur terre et en mer dans tout le pays, en veillant à ce que les peuples autochtones, les communautés locales et les travailleurs soient des partenaires clés dans l’élaboration des orientations à prendre pour la protection de la nature.

« Les résultats des élections fédérales nous démontrent que l’action climatique et l’environnement étaient les priorités absolues pour la majorité des électeurs et électrices. Ce gouvernement minoritaire doit représenter la volonté des citoyens et citoyennes, écouter la science et agir avec audace pour mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles. Qu’il s’agisse de la crise climatique ou de la COVID-19, le gouvernement doit faire preuve de leadership et mettre rapidement en œuvre ses engagements électoraux. », souligne Sabaa Khan, directrice générale, Québect et l’Atlantique de la Fondation David Suzuki.

« La COVID-19 a montré que nous pouvons faire face à la crise climatique », a déclaré Mme Cullis-Suzuki. « Nous avons appris que la science est la clé de notre survie, que nous sommes tous interconnectés et que notre gouvernement peut agir de manière décisive face à une urgence. Nos gouvernements ont la capacité de faire face à des crises d’ampleur mondiale. Nous savons maintenant à quoi ressemble une réponse d’urgence. Nous ne pouvons accepter rien de moins pour le climat. »

– 30 –

 

Pour plus d’informations : 

Charles Bonhomme, Spécialiste communications et affaires publiques, Fondation David Suzuki
438-883-8348 | cbonhomme@davidsuzuki.org

Résumé des engagements principaux en environnement de la plateforme 2021 du gouvernement fédéral :

Climat

  • Obliger les sociétés pétrolières et gazières à réduire, d’ici 2030, leurs émissions de méthane d’au moins 75 % par rapport aux niveaux de 2012.
  • Plafonner et réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier, la source d’émissions de carbone la plus importante et celle qui connaît la croissance la plus importante au Canada.
  • Élaborer un plan pour éliminer progressivement tout financement public du secteur des combustibles fossiles et accélérer l’engagement du Canada au G20 d’éliminer les subventions aux combustibles fossiles de 2025 à 2023.
  • Introduire une norme d’électricité propre qui mettra le Canada sur la voie de la réduction d’un plus grand nombre d’émissions d’ici 2030 et de la mise en place d’un système électrique à 100 % d’émissions nettes nulles d’ici 2035.
  • Introduire une exigence de vente réglementée selon laquelle au moins 50 % de toutes les nouvelles ventes de véhicules légers seront des véhicules à émissions nulles en 2030. Adopter une loi sur la transition juste.
  • Lancer une stratégie nationale de bâtiments à émissions nettes nulles, exiger l’étiquetage ÉnerGuide des maisons au moment de la vente et investir 250 millions de dollars pour aider les Canadien.ne.s à faible revenu à se passer du chauffage au mazout, entre autres mesures visant à réduire les émissions des bâtiments.
  • Accélérer les grands projets de transport en commun et soutenir le passage aux autobus électriques.
  • Finaliser la toute première stratégie nationale d’adaptation du Canada d’ici la fin de 2022, qui établira des objectifs et des indicateurs clairs pour mesurer les progrès réalisés en matière d’adaptation et renforcer l’analyse de rentabilisation de cette dernière.
  • Finaliser et appliquer une optique climatique afin de s’assurer que les considérations relatives à l’adaptation au climat et à l’atténuation de ses effets sont intégrées dans le processus décisionnel du gouvernement fédéral.

Nature

  • Protéger 25 % des terres et des eaux du Canada d’ici 2025, et 30 % d’ici 2030, notamment en créant 10 nouveaux parcs nationaux et 10 nouvelles aires marines nationales de conservation (AMNC) au cours des cinq prochaines années, et en travaillant avec les communautés autochtones à des accords de cogestion. Créer 15 nouveaux parcs urbains nationaux d’ici à 2030.
  • S’efforcer d’enrayer et d’inverser la perte de nature d’ici 2030 au Canada et parvenir à un rétablissement complet de la nature d’ici 2050.
  • Investir 200 millions de dollars supplémentaires dans le nouveau Fonds national d’infrastructure.
  • Renforcer la Loi sur les produits antiparasitaires afin de mieux protéger notre santé, la faune et l’environnement contre les risques liés aux pesticides.
  • Interdire les plastiques à usage unique nocifs et non recyclables et prendre d’autres mesures dans le but d’éliminer les déchets plastiques d’ici 2030.
  • Mettre en œuvre un « droit à la réparation » et d’autres mesures pour prolonger la durée de vie des appareils ménagers, notamment électroniques.

Justice environnementale, droits environnementaux et économie axée sur le bien-être

  • Adopter une Loi canadienne sur la protection de l’environnement renforcée et reconnaître le « droit à un environnement sain » pour la première fois dans une loi fédérale.
  • Présentation d’une loi exigeant du ministre de l’Environnement et du Changement climatique qu’il examine le lien entre la race, le statut socio-économique et l’exposition aux risques environnementaux, et qu’il élabore une stratégie de justice environnementale.
  • Aller de l’avant avec l’étiquetage obligatoire des produits chimiques contenus dans les produits de consommation, notamment les cosmétiques, les produits de nettoyage et les ignifugeants dans les tissus d’ameublement, qui peuvent avoir des répercussions sur notre santé ou notre environnement.
  • L’adoption d’un budget axé sur la qualité de vie dans le cadre d’une transformation plus large de la finalité économique.
  • Entreprendre un examen complet des politiques stratégiques des programmes gouvernementaux afin d’examiner l’efficacité avec laquelle chaque programme et politique d’importance contribue à l’atteinte d’émissions nettes nulles d’ici 2050, à l’amélioration de la justice et de l’égalité ainsi qu’à la promotion de la qualité de vie.

[1] Données de sondage provenant d’Angus Reid (Août2021)