Québec, le jeudi 14 avril 2022 – La coalition nationale Non au troisième lien réagit à la nouvelle mouture de projet de tunnel Québec-Lévis présenté par le ministre des Transports. Pour la coalition, le fait que le gouvernement renie le projet proposé en grande pompe il y a moins d’un an démontre clairement l’improvisation du gouvernement. Alors que le gouvernement se gonflait le torse avec son projet titanesque, il nous présente aujourd’hui une nouvelle version, mais dont les enjeux et les répercussions sont les mêmes.
En effet, peu importe le nombre de voies qu’il contient, un nouveau tunnel autoroutier demeure un investissement pharaonique non-justifié en termes de besoin. Il causera de l’étalement urbain et ajoutera de la congestion par demande induite, tout en nous éloignant collectivement de nos cibles de réduction de gaz à effet de serre. Avec le remplacement des voies dédiées au transport collectif par des voies dynamiques, le gouvernement révèle ses réelles intentions, soit l’augmentation de la capacité routière pour les automobiles.
Rappelons que, déjà, plus de 50 000 personnes ont signifié leur opposition en signant la pétition de la Coalition, soit plus que le nombre d’usagères et usagers prévu de ce tunnel.
Un projet injustifié et un traitement spécial incompréhensible
Pour la coalition, le troisième lien, de par son absence de besoins démontrés, demeure un projet excessif.
«Malgré ce que le gouvernement tente de nous faire croire, il n’y a pas de justification pour un tel projet. Aucune étude démontrant les besoins n’a été dévoilée. Toutes les études qui existent, notamment l’enquête Origine-Destination, le montrent : il y a très peu de déplacements dans cet axe. Et de toute façon, l’ajout de capacité routière mène inévitablement à plus de congestion.», explique Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec et membre de la coalition Non au troisième lien.
La coalition s’inquiète de voir que le gouvernement ait décidé de soustraire le projet du processus de gouvernance régulier d’un projet routier en ne rendant pas publique d’étude d’opportunité. Les étapes de cheminement d’un projet routier sont pourtant claires : la première pierre, c’est l’étude d’opportunité qui permet d’analyser s’il y a des besoins, d’identifier les solutions potentielles et de les comparer. Or, le gouvernement saute cette étape pourtant fondamentale en ne rendant pas l’étude d’opportunité publique.
En effet, les étapes telles qu’énoncées dans tous les projets du Ministère des transports du Québec consiste en (1) Étude d’opportunité, (2) Conception, (3) Plans et devis, (4) Construction, (5) Évaluation. Visiblement, ce projet n’aurait pas passé le test.
« Ce n’est pas avec un tel projet que la région de Québec prendra le nécessaire virage vers la mobilité durable. Soyons rigoureux. Des besoins réels en transport collectif, il y en a partout! Le traitement spécial offert au troisième lien n’a pas lieu d’être. », déclare Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville et membre de la coalition Non au troisième lien.
Des conséquences graves à long terme
Pour la coalition, l’entretien et l’optimisation des infrastructures existantes doivent primer sur l’ajout de nouvelles routes ou autoroutes pour éviter d’aggraver la congestion par trafic induit et, surtout, pour répondre à l’urgence climatique.
« Au lendemain d’un désastreux rapport du GIEC, c’est indignant de voir que le gouvernement Legault s’entête à aller de l’avant avec un projet qui va à l’encontre de la science en termes de lutte aux changements climatiques. La science le dit : l’ajout de nouvelles routes, ça mène inévitablement à plus d’étalement urbain, ça augmente à moyen ou long terme la congestion par demande induite, ce qui nous éloigne de nos cibles de réduction de GES. », ajoute Charles Bonhomme, spécialiste affaires publiques et communications à la Fondation David Suzuki et membre de la coalition Non au troisième lien.
La coalition s’étonne aussi de voir le gouvernement opter pour une gestion dynamique des voies dans le nouveau tunnel, alors que ce scénario semblait « oh combien » invraisemblable sur le Pont Pierre-Laporte.
« Le gouvernement change quatre trente sous pour une piastre. Les modifications au projet ne changent rien à sa nature profonde. D’autant plus qu’on réduit l’offre de transport en commun : faire des voies réservées seulement à certaines heures, c’est faire place au transport collectif quand ça ne dérange pas trop la circulation automobile », explique Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales chez Équiterre et membre de la coalition Non au troisième lien.
Une preuve que la mobilisation commence à porter ses fruits
Enfin, pour la coalition, il est clair que les nombreux changements que le gouvernement ne cesse d’apporter au projet montrent une chose : la mobilisation commence à porter ses fruits.
La coalition Non au troisième lien convie d’ailleurs les citoyennes et citoyens à manifester contre le projet le dimanche 5 juin prochain, à 13 h, à Québec : https://www.facebook.com/events/1025744998055477/
« La conférence d’aujourd’hui montre une chose : la mobilisation commence à porter ses fruits et le gouvernement improvise. Car, soyons clair : ça demeure un projet injustifié et excessif. En 2022, il n’y a rien de modeste ou de raisonnable dans le fait de construire des autoroutes et de favoriser l’auto-solo, alors que la planète brûle. », conclut Angèle Pineau-Lemieux, conseillère en communication chez Accès transports viables et membre de la coalition Non au troisième lien.
La mobilisation nationale Non au troisième lien a été initiée en mai 2021 par Accès transports viables, le Conseil régional de l’environnement – région de la Capitale-Nationale, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Trajectoire Québec et Vivre en Ville.
Toutes et tous les citoyennes et citoyens, ainsi que les organisations désirant dénoncer ce projet autoroutier peuvent signer la pétition, désormais rendue à plus de 50 000 signataires, sur le site nonautroisiemelien.quebec.
– 30 –
Pour plus d’informations :
Charles Bonhomme, Spécialiste affaires publiques et communications, Fondation David Suzuki
438-883-8348 | cbonhomme@davidsuzuki.org