L’utilisation répandue d’un des pesticides les plus vendus au monde continuera au Canada, malgré des inquiétudes internationales au niveau de risques pour la santé et l’environnement.

OTTAWA — Santé Canada a omis des preuves scientifiques crédibles dans sa réévaluation du pesticide le plus utilisé au monde, le glyphosate, selon sa décision rendue aujourd’hui d’octroyer une homologation continue au Canada.

Le glyphosate est l’ingrédient actif de l’herbicide Roundup vendu par Monsanto et également utilisé dans des centaines de formulations d’autres pesticides vendus par les plus grands manufacturiers agrochimiques.

« L’utilisation répandue du glyphosate contamine l’environnement ainsi que les aliments que nous consommons, affirme Louise Hénault-Éthier, chef des projets scientifiques pour la Fondation David Suzuki. Les études démontrent que le glyphosate persiste dans l’environnement et que les zones tampons comme les bandes riveraines végétalisées ne sont pas nécessairement efficaces pour prévenir la dérive dans les cours d’eau. De plus, l’Agence canadienne d’inspection des aliments rapportait il y a deux semaines qu’un tiers de nos aliments contiennent des résidus de glyphosate », conclut Mme Hénault-Éthier.

Le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’OMS, classifie le glyphosate comme étant « probablement cancérogène pour l’humain ». Plusieurs chercheurs considèrent aussi les herbicides à base de glyphosate comme des perturbateurs endocriniens.

« La réévaluation du glyphosate est particulièrement inquiétante puisque son utilisation augmente à un taux alarmant au Québec. Cette utilisation est étroitement liée à l’accroissement des cultures génétiquement modifiées tolérantes au glyphosate », déclare Thibault Rehn, Coordinateur de Vigilance OGM.

Le glyphosate jouerait un rôle dans le déclin rapide des populations de papillons monarques. L’utilisation envahissante du glyphosate a fortement réduit la présence des asclépiades dans les régions cultivant le maïs et le soja en Amérique du Nord. Les asclépiades sont la seule source d’alimentation pour les larves des papillons monarques.

Des études scientifiques démontrent que les pesticides à base de glyphosate, ajoutés à d’autres substances chimiques dans la formulation, sont souvent plus toxiques que le glyphosate à lui seul. Or, l’évaluation de Santé Canada n’a pas considéré ces effets synergiques dans son évaluation du glyphosate.

« Le glyphosate est utilisé dans plus de 180 produits antiparasitaires vendus au Canada, en combinaison avec plusieurs autres substances chimiques, incluant des pesticides, souligne Elaine MacDonald, directrice des programmes Communautés Saines chez Écojustice. Or, Santé Canada n’a pas considéré le risque cumulatif potentiel des produits antiparasitaires vendus au Canada qui combinent d’autres produits chimiques comme des surfactants ou encore d’autres ingrédients actifs de pesticides », ajoute Mme MacDonald.

« Nous sommes très préoccupés par les changements annoncés aujourd’hui aux étiquettes sur les pesticides contenant du glyphosate, affirme Annie Bérubé, directrice des relations gouvernementales chez Équiterre. Santé Canada admet aujourd’hui qu’il y a des risques associés à l’utilisation du glyphosate qui méritent des changements à l’étiquetage. Toutefois, nous soutenons que la responsabilité de réduire les risques du glyphosate ne doit pas être imposée aux utilisateurs de ces produits seulement par l’entremise d’étiquettes. Santé Canada est responsable de limiter les risques que posent les pesticides sur la santé et l’environnement et les instructions sur l’étiquetage ne sont pas suffisantes ».

La Commission européenne a recommandé des restrictions sur certaines utilisations du glyphosate et va réévaluer son approbation du glyphosate prochainement.

Équiterre, Écojustice et la Fondation David Suzuki exigent que Santé Canada reconsidère sa décision et demandent que le ministère ait recours au principe de précaution pour restreindre certaines utilisations du glyphosate, compte tenu des preuves de dommage de ce pesticide. Les groupes exigent également que le gouvernement fédéral désigne le papillon monarque comme espèce menacée sous la Loi sur les espèces en péril, suite à l’évaluation récente du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Ils demandent également une restriction immédiate de l’utilisation du glyphosate dans l’habitat du papillon monarque.

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Pour plus d’information :

Manon Dubois
Fondation David Suzuki
mdubois@davidsuzuki.org
514 679-0821

Dale Roberston
Équiterre
drobertson@equiterre.org
514 605-2000

Dre Elaine MacDonald
Ecojustice
emacdonald@ecojustice.ca
416 368-7533, poste 527
Cell 416 564-4400

Thibault Rehn
Vigilance OGM
contact@vigilanceogm.org
514 582-1674