Un nouveau rapport met en garde contre le risque accru d’accaparement des terres agricoles québécoises par des intérêts financiers étrangers
Montréal — Un nouveau rapport de la Fondation David Suzuki met pour la première fois en relief les risques accrus d’accaparement des terres agricoles du Québec dans le contexte des changements climatiques. Climat d’accaparement : Changements climatiques, accaparement des terres agricoles et sécurité alimentaire au Québec documente les phénomènes d’accaparement et de financiarisation des terres agricoles ainsi que l’impact des changements climatiques sur l’agriculture dans le monde et au Québec et conclut que le Québec doit dès maintenant agir pour éviter de perdre le contrôle de cette ressource stratégique pour sa sécurité alimentaire future.
Pour Karel Mayrand, directeur pour le Québec de la Fondation David Suzuki : « Les terres agricoles du Québec sont une ressource stratégique qui fera l’objet d’une convoitise accrue au cours des prochaines décennies, au même titre que l’eau douce. Que ce soit au profit d’intérêts financiers québécois ou étrangers, il existe un risque réel que le Québec voit son agriculture lui échapper, mettant du même coup à risque sa sécurité alimentaire. Le Québec doit agir dès maintenant pour conserver le contrôle de cette ressource », a-t-il ajouté.
Le rapport documente la manière dont les changements climatiques vont affecter l’agriculture à travers le monde et mener à une raréfaction ou à une perte de productivité des terres agricoles. Dans la mesure où le Québec sera relativement moins touché que d’autres régions du globe, profitant entre autres d’un accroissement de la saison de production et de ressources hydriques abondantes, la valeur des terres agricoles québécoises risque d’augmenter aux yeux des investisseurs de partout.
Le phénomène d’accaparement observable dans plusieurs régions du monde est également analysé dans le rapport. L’accaparement et la financiarisation transforment la finalité de la propriété des terres agricoles, les terres passant de leurs exploitants à des fins de production alimentaire à des investisseurs dont l’objectif est la spéculation et la maximisation des rendements sur l’investissement. Dans un contexte de raréfaction des terres agricoles et d’instabilité financière, les terres agricoles deviennent une valeur refuge de plus en plus intéressante au plan financier.
La combinaison de ces deux phénomènes soulève des risques importants pour le Québec. Le rapport affirme qu’il existe déjà au Québec une dynamique d’accaparement des terres, de nombreux investisseurs québécois — notamment institutionnels ou privés — faisant actuellement l’acquisition de lots importants de terres agricoles à des fins de spéculation sur leur valeur future ou de maximisation des rendements. S’il se poursuit et s’accentue au cours des prochaines décennies, ce phénomène d’accaparement pourrait menacer la souveraineté alimentaire du Québec.
Le rapport conclut que pour maintenir un modèle d’exploitation agricole basé sur des terres majoritairement exploitées par des agriculteurs à des fins de production alimentaire, le Québec doit créer une société d’aménagement et de développement agricole. Afin de remplir son mandat, cette société devrait pouvoir acquérir, administrer temporairement et transférer des actifs agricoles, suivant le principe de la « préférence agriculteurs ». Elle disposerait d’un droit de préemption, c’est-à-dire qu’elle pourrait, si elle le juge à-propos, faire l’acquisition de toute terre ou actif agricoles mis en vente au Québec, en ayant préséance sur tout acheteur qui ne serait pas un nouvel agriculteur exploitant.
Pour lire le rapport, consultez le site Web de la Fondation : https://www.davidsuzuki.org/fr/publications/rapports/2015/climat-daccaparement-changements-climatiques-accaparement-des-terres-agricoles-e
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Manon Dubois Crôteau, Directrice des communications, Québec
Fondation David Suzuki
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