La réduction de la consommation des combustibles fossiles ne vise pas uniquement à éviter une catastrophe climatique. Il en va de même de la diminution de la consommation de viande.
L’élimination progressive des combustibles fossiles contribuera à réduire la destruction des habitats et la pollution des sols, de l’air et de l’eau. Elle nous assurera aussi des réserves pour des sources de combustibles essentielles et autres produits pétrochimiques. La diminution de la consommation de viande comporte les mêmes avantages environnementaux pour la protection de l’air, des sols et de l’eau, en plus d’être bénéfique pour la santé… et le portefeuille !
Selon une récente étude publiée dans The Lancet, « de nombreux travaux récents sur les effets environnementaux de divers régimes alimentaires concluent qu’une alimentation riche en produits d’origine végétale et faible en produits d’origine animale est bénéfique à la santé et à l’environnement ». Le rapport, intitulé « Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems », a été rédigé par « 37 scientifiques de premier plan, issus de 16 pays et de diverses disciplines, notamment la santé humaine, l’agriculture, les sciences politiques et la durabilité de l’environnement ».
« …de nombreux travaux récents sur les effets environnementaux de divers régimes alimentaires concluent qu’une alimentation riche en produits d’origine végétale et faible en produits d’origine animale est bénéfique à la santé et à l’environnement. » –The Lancet
Santé Canada a également emprunté la voie d’une alimentation plus saine. Son nouveau guide alimentaire élimine des groupes alimentaires qui remontent aux éditions de 1942 et recommande de consommer plus de produits végétaux, moins de produits carnés et transformés, et de privilégier l’eau.
Bien que le guide alimentaire ait été « conçu pour aider les personnes à bien se nourrir », le rapport de The Lancet démontre que « le mode de production des aliments, les produits que nous consommons, les pertes et le gaspillage influent lourdement sur la santé des gens et de la planète ».
Le mode de production des aliments, les produits que nous consommons, les pertes et le gaspillage influent lourdement sur la santé des gens et de la planète.
The Lancet
En ce qui a trait à la production et à la consommation, le rapport affirme que : « À l’heure actuelle, la mauvaise alimentation pose davantage de risques de morbidité et de mortalité que les pratiques sexuelles non protégées, l’alcool, les drogues et le tabac combinés. La production alimentaire mondiale menace la stabilité climatique et la résilience des écosystèmes ; elle constitue le principal vecteur de dégradation environnementale et de transgression des frontières planétaires. Les conséquences de cette situation sont désastreuses. Il est urgent de transformer radicalement le système alimentaire mondial. »
L’adoption de saines habitudes alimentaires exigerait que, d’ici 2050, dix milliards de personnes plus que doublent « leur consommation d’aliments sains comme les fruits, les légumes, les légumineuses et les noix » et réduisent au moins de moitié « leur consommation globale de produits moins sains comme les sucres ajoutés et la viande rouge ». Pour les chercheurs, cela signifie « en premier lieu de réduire la consommation excessive dans les pays plus riches et d’analyser avec soin le rôle des aliments d’origine animale dans le régime des gens à la lumière du contexte et des réalités locales et régionales ».
Le guide alimentaire représente une bonne source d’information : il contient des conseils pour manger plus sainement et même des recettes. Sur le plan environnemental, le rapport de The Lancet révèle que l’adoption d’une alimentation plus riche en produits d’origine végétale et l’amélioration des modes de production contribueraient à réduire les effets négatifs causés par les changements climatiques, les changements du système terrestre, l’utilisation de l’eau douce, les fluctuations d’azote et de phosphore, et la perte de biodiversité.
En effet, il est possible, et nécessaire de nous attaquer aux changements climatiques et aux autres enjeux environnementaux, ainsi que d’améliorer la santé humaine à l’échelle mondiale.
Les chercheurs ont constaté que l’adoption d’une production alimentaire durable pourrait faire en sorte que les sols deviennent « un puits net de carbone plutôt qu’une source nette de carbone ». Toutefois, la nécessaire réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, notamment le méthane et l’oxyde nitreux, issus de l’agriculture, en particulier de la production de viande, constitue un défi.
Certains sont d’avis que seule une alimentation végétarienne stricte ou végétalienne peut sauver l’humanité. Des études antérieures démontrent qu’une alimentation végétarienne est meilleure pour la santé, l’environnement et le climat qu’une alimentation carnée, et qu’une alimentation végétalienne est légèrement meilleure.
Il est possible, et nécessaire, de nous attaquer aux changements climatiques et aux autres enjeux environnementaux, ainsi que d’améliorer la santé humaine à l’échelle mondiale.
Mais, le rapport publié dans The Lancet note que ces régimes alimentaires ne conviennent pas à tous, et qu’une baisse notable de la consommation de viande, de produits laitiers, d’aliments transformés et de sucres, combinée à de meilleures pratiques agricoles et agroalimentaires et à une diminution du gaspillage, pourrait assurer à la population mondiale croissante l’accès à une alimentation nutritive et la protection des systèmes essentiels à la vie sur Terre.
Le gaspillage alimentaire représente un enjeu majeur. Au Canada, 58 pour cent de tous les aliments produits — 35,5 millions de tonnes par année — sont perdus ou gaspillés peut-on lire dans un rapport de Second Harvest, un organisme torontois de redistribution des surplus alimentaires. Cette situation entraîne des coûts annuels de 49 milliards $ et l’émission de 56,6 millions de tonnes de dioxyde de carbone, constate le rapport « The Avoidable Crisis of Food Waste ».
Il est possible, et nécessaire de nous attaquer aux changements climatiques et aux autres enjeux environnementaux, ainsi que d’améliorer la santé humaine à l’échelle mondiale. Comme l’indique le rapport de The Lancet, « les données dont nous disposons sont suffisantes et assez solides pour justifier une action immédiate ». Nous pouvons tous bien manger, pour notre santé et celle de la planète.
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez