Un avion laissant une trainée de fumée (chemtrails)

(Crédit : scyrene via Flickr)

J’ai récemment écrit un article sur la géo-ingénierie comme étant une stratégie pour faire face aux changements climatiques et aux émissions de dioxyde de carbone. Cela a attiré les commentaires de gens qui confondent ce processus scientifique avec la théorie non scientifique des « Chemtrails ». Certains ont également affirmé que mon article soutenait la géo-ingénierie, ce qui n’était pas le cas.

Cette réaction m’a fait me demander pourquoi certaines personnes croient aux phénomènes rejetés par la science, comme les « Chemtrails », mais nient les problèmes réels démontrés par des quantités massives de données scientifiques, comme les changements climatiques.

Ceux qui croient à la théorie des « Chemtrails » affirment que les gouvernements du monde entier sont de mèche avec des organisations secrètes pour ensemencer l’atmosphère avec des produits chimiques et des matériaux — tels sels d’aluminium, cristaux de baryum, agents biologiques, fibres polymères, etc. — à diverses fins toutes malveillantes . Il s’agit notamment de vouloir contrôler la météo à des fins militaires, d’empoisonner les gens pour le contrôle de la population ou de l’esprit, et de supporter des programmes de développement d’armes secrètes basées sur le projet de Recherche Active sur les Hautes Fréquences Auroral (High Frequency Active Auroral Research Program, abrégé en HAARP).

Les scientifiques ont testé et utilisé l’ensemencement des nuages et de l’atmosphère pour modifier le climat et considèrent ces méthodes comme des moyens de ralentir le réchauffement climatique. Avec autant d’effets inconnus et de conséquences involontaires possibles, ces pratiques ont le potentiel de causer beaucoup de dommages. Mais la théorie du complot des « Chemtrails » est beaucoup plus large, postulant que les compagnies aériennes militaires et commerciales sont impliquées dans une constante pulvérisation quotidienne massive qui nuit à la santé physique et mentale des citoyens à travers le monde.

Je n’ai pas l’énergie pour commencer à aborder les absurdités d’une croyance en un complot qui impliquerait une collusion entre les gouvernements du monde entier, les scientifiques, les dirigeants et les pilotes des compagnies aériennes qui amasseraient et pulvériseraient une quantité inimaginable de produits chimiques à des altitudes de 10.000 mètres ou plus. Je suis un scientifique, donc je me base sur une science crédible — et il n’y en a aucune en faveur de l’existence des « Chemtrails ». Ce sont des traînées de condensation, qui se forment lorsque l’air chaud et humide des gaz d’échappement des avions se mélange avec de l’air à faible pression de vapeur plus froid. Bien sûr, ceci vient avec ses propres problèmes environnementaux.

Mais ce qui m’intéresse, c’est le lien entre le déni des changements climatiques et la croyance dans les « Chemtrails ». Pourquoi est-ce que tant de gens acceptent une théorie pour laquelle il n’existe aucune preuve scientifique tout en rejetant un phénomène grave et potentiellement catastrophique qui peut facilement être observé et pour lequel des preuves accablantes ont été amassées pendant des décennies ?

Pour commencer, le déni des changements climatiques et les théories sur les « Chemtrails » sont souvent basés sur des conspirations. Une étude menée par des chercheurs de la University of Western Australia a montré que « l’adhésion aux théories du complot… prédit le rejet de la science du climat ainsi que le rejet des autres conclusions scientifiques ».

Beaucoup de ceux qui sont dans le déni voient les changements climatiques comme un complot massif ou un canular perpétré par les scientifiques et les institutions scientifiques, les gouvernements, l’ONU, les écologistes et les forces sinistres du monde entier afin de créer un gouvernement mondial socialiste ou quelque chose de ce genre.

Tous ne vont pas à de telles extrémités. Certains acceptent que les changements climatiques se produisent, mais nient que les humains en soient responsables. Pourtant, il ne semble pas raisonnable de refuser quelque chose d’aussi indéniable! Dans un article du Bloomberg , l’auteur et professeur à la Faculté de droit de Harvard, Cass R. Sunstein , relève trois obstacles psychologiques à accepter les changements climatiques qui peuvent aussi aider à expliquer pourquoi il est plus facile pour les gens de croire aux « Chemtrails » : Les gens se tournent vers des exemples faciles pour évaluer le danger, ils se concentrent « sur les risques ou les dangers qui ont un auteur identifiable» , et ils accordent plus d’attention aux menaces immédiates qu’à celles à long terme .

Les chercheurs Ezra Markowitz et Azim Shariff du département d’études sur l’Environnement et la Psychologie de l’Université de l’Oregon en ajoutent quelques-uns de plus, y compris que les changements climatiques d’origine humaine « provoque un biais d’auto-défense » et que sa politisation « favorise la polarisation idéologique».

Les gens qui souscrivent à d’incroyables théories du complot peuvent se sentir impuissants et se considèrent comme des victimes de forces puissantes — ou comme des héros qui s’opposent à ces forces. Que ce soit nier les problèmes réels ou répandre des problèmes imaginaires, ça aide à renforcer une vision du monde qui se méfie des gouvernements, des médias, des scientifiques et des cabales de l’ombre, auxquels on se réfère comme étant les banquesters , les élites mondiales , les Illuminés ou le Nouvel Ordre Mondial.

Le problème est que nier la science, dans le cas des « Chemtrails », constitue un égarement farfelu et, dans le cas de déni des changements climatiques, un obstacle à solutionner un problème grave et urgent. La science est rarement à 100 pour cent certaine, mais c’est le meilleur outil dont nous disposons pour régler les conséquences de nos actes et pour trouver des solutions aux problèmes. La science est claire : les changements climatiques d’origine humaine représentent la menace la plus pressante contre l’humanité et nous devons travailler pour les résoudre. Nous n’avons pas le temps pour les théories du complot démystifiées.