Mylène Paquette est la première femme nord-américaine à avoir réussi la traversée de l’océan Atlantique Nord à la rame en solitaire, exploit qu’elle vient d’accomplir et qu’elle peut ajouter à sa brillante traversée du fleuve Saint-Laurent et de son golfe en 2011. Le lien entre la navigatrice est d’ailleurs très fort puisqu’elle est Ambassadrice pour la Fondation David Suzuki au Québec dans le cadre du programme « Le Saint-Laurent : Notre fleuve vivant ». Rencontre avec une femme de cœur doublée d’une sportive hors-norme.

1. Comment êtes-vous devenue consciente des liens entre l’environnement et ta santé?

Quand j’ai traversé l’océan la première fois avec les garçons en 2010 j’ai vu énormément de déchets sur l’océan je me suis beaucoup questionnée sur l’impact que les déchets avaient sur notre santé. Ce n’était pas tant la présence des déchets qui m’a dérangée que la réaction qu’ils suscitaient. Leur réaction était de penser qu’il n’y avait rien à faire et ça me frustrait. On arrive malheureusement à s’immuniser contre ces choses-là. Il y a plus de particules de plastique que de phytoplancton dans tous les océans: 24 molécules de plastique pour une de phytoplancton. Le lien est évident, entre la nature et l’homme. Un Québécois sur deux boit l’eau du Saint-Laurent, donc si le fleuve est malade c’est nous qui sommes malades.

2. Croyez-vous que le fait d’accomplir un exploit comme le vôtre permet de sensibiliser les gens à la cause environnementale?

Oui ça peut sensibiliser. J’ai remarqué que mes capsules vidéo éducatives sur l’environnement ont été beaucoup partagées. Il y a eu également beaucoup de « j’aime » sur Facebook. Les gens ont cherché à savoir ce que je faisais, mais pas uniquement ce que je mangeais sur le bateau ou ce genre de choses banales, ils ont été plus loin et avaient un réel intérêt pour les baleines, l’océanographie de manière générale, le Gulf Stream. Je voudrais que les gens fassent un lien entre nous et l’océan autant qu’il y en a un entre nous et le Saint-Laurent. J’ai fait de la recherche scientifique en acoustique appliquée pendant cette aventure ; le but était de savoir s’il existait encore des endroits dans le monde où il n’y avait aucun bruit. C’est quoi qu’on entend au milieu de l’océan? Je voulais aussi montrer que l’océan n’était pas un grand désert d’eau qui bouge sur lequel il est difficile et dangereux de se déplacer.

3. Croyez-vous que les gestes individuels peuvent avoir un impact positif sur la planète?

Oui je pense que ces gestes individuels sont très importants, mais je crois que les entreprises et les chefs d’entreprises doivent également être courageux et aller à contre-courant en choisissant d’utiliser des matériaux qui ont moins d’impact sur l’environnement. Les consommateurs ne devraient pas avoir à se poser la question quand ils sont en magasin et doivent choisir entre deux produits qui ont plus ou moins d’emballage. Il faut être réaliste, une mère de famille qui arrive à la fin du mois ne sera pas tant préoccupée par la pollution que les produits qu’elle achète pour ses enfants engendrent que par leur prix. On ne devrait pas avoir à faire de choix en tant que consommateur, toutes les entreprises devraient être plus responsables. Et ensuite, je pense que le gouvernement doit suivre et agir.

4. Pouvez-vous nous expliquer de quelle façon votre rôle en tant qu’Ambassadrice du Saint-Laurent de la Fondation David Suzuki peut avoir un impact positif sur la société québécoise?

J’essaye de mettre ce fleuve en lumière, en parlant tout simplement. Je suis toujours ouverte à transmettre ce que j’ai appris, à donner des conférences. J’espère avoir un impact positif sur les gens. Plus on est d’ambassadeurs, plus le Saint-Laurent trouvera sa place dans les préoccupations des Québécois.

5. Pouvez-vous partager avec nous une péripétie de votre extraordinaire voyage?

J’ai reçu la visite de petits pétrels qui sont des petits oiseaux de mer. Ils venaient très souvent dans mon cockpit et il y en avait un qui était particulièrement « colleux » au point que je l’ai appelé velcro! Il avait besoin de moi pour se reposer, mais aussi pour que je l’aide à prendre son envol. C’est un bel exemple d’interdépendance entre les hommes et la nature je trouve. J’avais besoin d’eux pour me sentir moins seule, c’étaient mes amis et eux avaient besoin de moi.

6. Avez-vous un conseil pour passer un Noël écolo?

Ce que je fais dans ma famille, c’est qu’on se donne quelque chose dont on ne veut plus pour les fêtes. Ma cousine aimait mes bottes, moi un cadre de tableau. On a fait l’échange. C’est une forme de recyclage après tout!

7. Pouvez-vous partager avec nous votre plus beau souvenir d’hiver québécois?

C’est le verglas en 1998. J’étais alors bénévole au Palais des Congrès, j’avais tout juste 20 ans. C’était une situation évidemment catastrophique, mais j’ai vécu ces trente jours comme un très beau moment d’entraide et de solidarité.

Pour en savoir plus sur Mylène Paquette, consultez son site Internet.