une usine et ses émissions de gaz

(Crédit : bichxa via Flickr)

Chris Carlsten, M.D. M.H.P., est professeur agrégé à l’université de la Colombie-Britannique et titulaire de la chaire de recherche sur les maladies pulmonaires environnementales et en milieu de travail. Il est aussi directeur du Occupational Lung Disease Clinic à l’Hôpital général de Vancouver. Ses plus récentes découvertes sur les effets des gaz d’échappement de moteurs diesel et d’autres formes de pollution sur l’asthme pourront influencer l’élaboration des politiques publiques sur la pollution. Il discute de ses découvertes avec Vert santé.

Vert Santé : Votre laboratoire a fait l’étude des effets de la pollution de l’air sur les poumons des humains. Racontez-nous un peu les résultats de vos découvertes jusqu’à présent.

Dr Carlsten : Nous voulions comprendre pourquoi différentes personnes réagissaient différemment à la pollution de l’air, et ce, dans la même région géographique. En nous concentrant spécifiquement sur les poumons, nous avons suivi un grand nombre de personnes, y compris les enfants et les adultes, et nous avons mené des études d’observation et expérimentales afin de voir comment ces personnes réagissent à la pollution de l’air, tout particulièrement, aux gaz d’échappement de moteurs diesel.

Il existe en réalité plusieurs raisons qui expliquent la variation des réactions à la pollution de l’air, y compris le comportement humain (par exemple, si la personne fait de l’exercice ou non) et le temps passé dans les « microenvironnements » où il y a une forte concentration de la pollution de l’air. Cependant, le facteur visé repose sur la constitution génétique d’une personne. Bref, certaines personnes comptent des variantes génétiques qui font en sorte que les risques de développer de l’asthme sont plus grands lorsqu’elles sont exposées à la pollution de l’air.

Vert Santé : Les variantes génétiques qui nous rendent plus susceptibles à la pollution de l’air sont-elles fréquentes?

Dr Carlsten : Nous avons étudié le cas de plus de 5 000 enfants— le plus grand nombre jamais étudié selon cette méthode auparavant— et avons trouvé ces variantes génétiques chez environ 10 pour cent des enfants. Les enfants ayant une variante génétique présentaient un risque accru de 50 pour cent de développer l’asthme. Ces enfants courent un risque encore plus grand de développer l’asthme.

Vert Santé : Quelles sont les répercussions de ces découvertes?

Dr Carlsten : Notre recherche nous permettra de mieux comprendre les effets de la pollution de l’air, ce qui contribuera à l’élaboration des politiques publiques. Ces découvertes particulières sont importantes parce qu’il incombe à la société, avec l’aide du gouvernement, de voir à la protection de ses membres les plus vulnérables des effets de la pollution de l’air.

Traditionnellement, les recherches sont effectuées en fonction des populations moyennes, plutôt que de focaliser sur des groupes de personnes hautement vulnérables parmi ces populations. En raison de ces variantes génétiques relativement courantes et de la quasi-omniprésence de la pollution de l’air, les résultats de notre recherche démontrent que plusieurs milliers d’enfants courent le risque d’être exposés à cette combinaison dangereuse des variantes génétiques et de la pollution de l’air.

Nous croyons que les normes relatives à la pollution de l’air et les règlementations connexes devraient être établies en accordant une certaine sensibilité à l’égard des personnes particulièrement affectées par la pollution alors qu’elles n’en sont pas responsables.