Alors que nous nous éloignons du Sommet de la COP26 sur le climat de Glasgow, les signes de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons sont visibles partout. Là où je vis, des pluies torrentielles ont inondé des villes et des vallées, pris au piège et tué des gens et des animaux, détruit des routes, des ponts et des chemins de fer, et coupé l’accès terrestre à Vancouver. L’état d’urgence a été déclaré. Les souvenirs horribles des dômes de chaleur estivaux et des incendies de forêt sont encore frais. Ces signes alarmants ne se manifestent pas que dans ce petit coin du monde, mais partout sur la planète.
Nous ne devrions jamais considérer cette situation comme une « nouvelle normalité » et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter qu’elle ne s’aggrave. Compte tenu du statu quo, il y a lieu de se demander si la COP26 n’était que du « bla bla bla » de plus ou si elle nous aidera à éviter la catastrophe.
Les rassemblements et les accords internationaux sont importants, mais ils ne suffisent pas. La COP26 visait à finaliser l’Accord de Paris et à amener les pays à accélérer la lutte contre les changements climatiques au cours de la présente décennie. Tout se déroule comme prévu, mais l’entrain diminue au fil des négociations, et bon nombre des mesures convenues sont volontaires.
La plupart des dirigeants mondiaux sont sincères lorsqu’ils reconnaissent la crise que constitue le dérèglement climatique et qu’ils expriment leur volonté de s’y attaquer. Mais tant qu’ils n’admettront pas qu’il est urgent de changer radicalement de cap et de mettre fin à toute nouvelle exploitation du charbon, du pétrole et du gaz, nous continuerons de faire face à des risques de plus en plus grands causés par les inondations, la chaleur, la sécheresse, les feux de forêt, les déplacements de personnes et plus encore.
Le financement destiné à aider les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique, dont la plupart contribuent le moins à la crise, est inadéquat.
Bien que de nombreux pays aient réalisé des progrès, notamment en réduisant ou en éliminant la pollution par le méthane, de même qu’en diminuant les subventions aux combustibles fossiles à l’étranger ainsi que la production de charbon, de pétrole et de gaz, ils ont fait piètre figure dans de nombreux domaines. Le financement destiné à aider les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique, dont la plupart contribuent le moins à la crise, est inadéquat. Outre le manque de reconnaissance des droits des Autochtones, la COP26 a été un échec monumental en matière de justice climatique.
À bien des égards, les accords accentuent les divisions entre les pays riches et les pays pauvres, la société civile et les intérêts des entreprises, et aggravent les conséquences pour les plus vulnérables aux changements climatiques, soit décès, perte de logement et absence de moyens de subsistance.
Malgré les mesures limitées visant à réduire les subventions aux combustibles fossiles, les gouvernements du monde entier, y compris celui du Canada, continueront de soutenir l’industrie au moyen d’allégements fiscaux et de redevances ainsi que de stratégies comme l’achat d’infrastructures, sans parler du soutien aux relations publiques de certains gouvernements provinciaux et d’États.
Malgré ses lacunes, le sommet sur le climat a réussi à amener les politiciens, les administrations, les dirigeants d’entreprise et d’autres intervenants à s’entendre sur des objectifs importants. Toutefois, il ne suffit pas de laisser tout cela entre les mains de personnes, de pays et d’entreprises qui ont des priorités et des programmes très différents. Nous devons tous nous impliquer.
Nous pouvons remercier ceux qui ont grandement contribué aux progrès réalisés à la COP26. En effet, la descente de millions de jeunes et d’aînés dans les rues du monde entier, l’organisation de marches massives à Glasgow durant le sommet, la mobilisation populaire visant à sensibiliser par des discours, des écrits, des pétitions et l’art ont permis d’attirer l’attention du monde sur le rôle de l’humanité dans les crises auxquelles nous faisons face.
Lorsque nous exigeons que des mesures soient prises, les politiciens doivent nous écouter. Ici, au Canada, notre gouvernement a pris des engagements fermes. Nous devons veiller à ce que ces paroles soient appuyées par des mesures efficaces, et nous devons exercer des pressions pour que les choses s’améliorent.
Le Canada doit travailler rapidement pour mettre à jour son plan de lutte contre les changements climatiques, plafonner et réduire les émissions de pétrole et de gaz et élaborer un plan directeur afin de gérer la diminution de la production.
Le Canada doit travailler rapidement pour mettre à jour son plan de lutte contre les changements climatiques, plafonner et réduire les émissions de pétrole et de gaz et élaborer un plan directeur afin de gérer la diminution de la production. Pour confirmer un véritable changement d’orientation, notre pays doit adhérer à la Beyond Oil and Gas Alliance et respecter son engagement de mettre fin au financement public des subventions pétrolières et gazières à l’étranger d’ici 2022. Le Canada doit également adopter sans délai un projet de loi sur la transition équitable afin que les travailleurs touchés par le virage énergétique nécessaire puissent bénéficier d’un soutien et de possibilités.
Le Canada ne contribue peut-être qu’à environ 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (sans compter celles d’autres pays qui brûlent les produits que nous leur vendons ou qui produisent des produits que nous leur achetons), mais il se classe au troisième rang mondial des émetteurs de gaz à effet de serre par habitant et possède la troisième plus grande réserve de pétrole connue au monde. C’est également le quatrième plus grand exportateur de pétrole au monde. Nos actions sont donc cruciales.
Notre climat change rapidement, et il continuera d’en être ainsi pendant un certain temps en raison des émissions que nous avons déjà rejetées dans l’atmosphère. Ainsi, en plus de mettre fin aux activités qui contribuent aux perturbations climatiques, nous devons également trouver des moyens de nous protéger contre les inondations, les incendies, les glissements de terrain, les phénomènes météorologiques extrêmes et d’autres phénomènes coûteux et mortels.
La COP26 et l’Accord de Paris font partie de la solution, mais nous avons besoin de beaucoup plus.