Un papillon monarque sur une fleur

(Crédit: stonebird via Flickr)

Le 22 mai a été déclaré Journée internationale de la diversité biologique en souvenir du jour où les Nations Unies adoptèrent la Convention sur la diversité biologique en 1992. Au cours des deux dernières décennies, les scientifiques ont accumulé des connaissances sur l’écologie — l’étude du fonctionnement des écosystèmes et de la place essentielle de chaque composante biologique au sein d’un système — à une vitesse fulgurante. Ces connaissances ont abouti sur deux constats importants : la diversité biologique (biodiversité) de la planète décline à un rythme inquiétant et inégalé, et si l’on veut assurer le bien-être ou même la survie de la race humaine et se garder des possibilités pour l’avenir, il faut protéger la biodiversité autant que possible.

On évalue souvent la santé du monde naturel en examinant la distribution et la santé des nombreuses espèces animales et végétales qui vivent avec nous sur cette planète. Ce qui donne aux scientifiques une image de la biodiversité de la Terre, c’est le nombre total de toutes les formes de vie qui existent au sein d’un écosystème donné. Les écologistes ont démontré que plus un écosystème est sain, plus son contenu est diversifié. Les écosystèmes très abîmés ou très pollués abritent beaucoup moins de types de plantes et d’animaux que les environnements naturels, non abîmés ou non pollués du même genre. De ce fait, surveiller l’évolution de la biodiversité revient à écouter les battements de cœur de notre planète.

La diversité phénoménale des organismes et des cultures qui existent aujourd’hui sur notre planète sont le résultat de plus de 3,5 milliards d’années d’évolution biologique. À travers les millénaires, chaque forme de vie s’est adaptée afin de répondre aux exigences de son habitat. Lorsque des forces physiques (volcans, séismes, glaciers, sécheresses, inondations, etc.) viennent changer le caractère d’une région donnée, une multitude de changements ont également lieu chez les nombreux organismes qui y vivent, dont les humains. Des pressions biologiques (prédation, maladies, famine, rivalité entre partenaires sexuels, etc.) peuvent aussi influencer des populations et des groupes d’organismes. Une grande variété de gènes, d’espèces, d’écosystèmes et même de cultures constitue la matière première dont les populations et les communautés, humaines notamment, se servent pour s’adapter aux changements. Plus les possibilités sont nombreuses, plus on aura de chances de trouver des solutions pour relever les prochains défis — changements climatiques, nouvelles maladies, besoin d’augmenter le rendement agricole sur une parcelle de terrain limitée, etc. Malheureusement, les humains sont en train de dévaliser les trésors biologiques de la Terre.

Les services que nous rend la nature, ou écoservices, sont du domaine de la protection des bassins hydrologiques, de la pollinisation et de tous les nutriments qui font leur chemin jusque dans nos assiettes. Tous ces écoservices jouent un rôle important dans le bien-être économique des humains. En fait, le maintien constant des systèmes entretenant la vie naturelle de la Terre est crucial si l’on veut assurer le succès de l’économie mondiale et la santé de l’espèce humaine. Une étude a estimé ces services à plus de 30 billions de dollars américains par an, soit bien plus que le PNB annuel de la planète. Ce genre de services ne peut pas être remplacé par des machines et par l’intelligence humaine. Les écosystèmes intacts jouent un rôle essentiel dans la santé humaine. Tous les aliments et de nombreux médicaments et produits industriels sont tirés des composantes sauvages et domestiques de la diversité biologique. De la moisissure qui nous a fait découvrir la pénicilline aux nombreux produits pharmaceutiques uniques dérivés du venin de vipère, des alcaloïdes de la pervenche ou des éponges sous-marines, la biodiversité de la Terre a littéralement sauvé des vies humaines.

Inversement, lorsque les environnements sont abîmés, les gens en souffrent de manière considérable. Des études faites par le gouvernement ont montré que des niveaux élevés de toxines inquiétantes, dont le mercure, le diphényle polychloré, les dioxines et les composés synthétiques sont relevés dans la chaîne alimentaire depuis les trente dernières années. On voit souvent des toxines chimiques concentrées des millions de fois surgir du fond de la chaîne. Dans les pays industrialisés, les sources de nourriture deviennent de plus en plus compromises. Des produits chimiques, des herbicides, des pesticides, des produits nocifs et des polluants de toutes sortes s’introduisent dans la chaîne alimentaire par le biais de l’eau, de la terre et de l’air. Ces poisons dans l’environnement affaiblissent le foie et les systèmes immunitaire et digestif. Les facteurs environnementaux peuvent provoquer des maladies graves et des états chroniques tels que la fatigue, les troubles du sommeil, les sauts d’humeur, la dépression, la confusion, les douleurs corporelles — la liste des symptômes est presque infinie.

Si les bénéfices médicaux de la biodiversité sont considérables et que le coût de la détérioration de l’environnement est élevé, d’autres effets sont à prendre en compte. La biodiversité joue également un rôle important dans les valeurs sociales et culturelles, et les avantages économiques de la protection de la biodiversité sont quasiment indénombrables, que ce soit dans les domaines des loisirs et du tourisme ou pour des produits commerciaux encore non existants. La banque immense des gènes cachée sous la voûte de la biodiversité est un contrat d’assurance contre de futures catastrophes. La perte de chaque élément de la biodiversité réduit le nombre des outils que la nature utilise lorsqu’elle fait face à des conditions changeantes. Cela est vrai pour les humains et pour toutes les autres espèces, et c’est la raison pour laquelle nous devons nous efforcer de protéger et de soigner notre héritage naturel. En tant que régisseurs de la prochaine génération, il nous incombe de faire en sorte que les outils que la nature nous a donnés restent disponibles pour les générations qui suivront. La mise en place du maintien de la diversité biologique est une affaire très urgente. Les pressions naturelles et les pressions causées par l’homme précipitent un nombre croissant de plantes, d’animaux et d’autres ressources vers la limite de l’extinction.

Les auteurs

Tina Fujikawa a fait ses études en écologie à Cal Poly, à San Luis Obispo, et a passé d’innombrables heures dans la nature. Elle a développé un goût de première main pour les relations inextricables que l’humain entretient avec le monde naturel par le biais de ses études en entomologie médicolégale. Elle continue actuellement ses études dans le domaine de la santé publique.

Joseph Dougherty est diplômé des universités de Berkeley et du Michigan. Il se sert de la photographie pour appuyer l’étude du monde naturel et partager ses merveilles avec un public plus large. Dr Dougherty a passé les deux dernières décennies à visiter des sites naturels essentiels en termes d’écologie et de diversité, à travers le monde et raconte beaucoup de ces expériences sur son site Web. Dr Dougherty travaille actuellement comme chirurgien généraliste dans le nord de la Californie.