Dans tous ses scénarios, le GIEC a constaté que les phénomènes côtiers extrêmes qui se produisaient tous les 100 ans risquent de survenir chaque année d’ici 2050 dans de nombreux endroits. (Photo : NASA Goddard Space Flight Centre via Flickr)

Depuis des décennies, nous déversons dans les océans du pétrole, du plastique, des produits chimiques toxiques, des boues radioactives, des eaux usées et des engins de pêche.

Nous dépendons énormément des océans, entre autres pour la moitié de l’oxygène qui nous assure la vie ! Ils constituent une source de protéines pour des millions de gens dans le monde. Ils absorbent une grande partie de la chaleur croissante provenant de notre consommation effrénée de combustibles fossiles. Alors, pourquoi les traitons-nous si mal ?

Un nouveau rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) établit clairement le lien entre le climat, les océans et la cryosphère (zones où l’eau est sous forme solide : l’Arctique et l’Antarctique, les glaciers, le pergélisol, les plateaux de glace, les icebergs et la glace de mer).

Le « Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans un climat en évolution » conclut que le réchauffement planétaire anormalement rapide, d’origine humaine, affecte les océans et la cryosphère plus vite et plus largement prévu. Lorsque la couverture de glace et de neige diminue sous l’effet de la hausse des températures mondiales, on peut s’attendre à une augmentation des glissements de terrain, des avalanches, des inondations, des feux de forêt et des risques pour l’approvisionnement et la qualité de l’eau. Les effets se feront aussi sentir sur « les activités récréatives, le tourisme et le patrimoine culturel ».

Si aucune mesure sérieuse n’est prise pour faire face à la crise, ses effets dévastateurs continueront d’augmenter.

Ce sont les océans qui portent le fardeau de l’excédent de chaleur, soit environ 90 pour cent. Si aucune mesure sérieuse n’est prise pour faire face à la crise, ses effets dévastateurs continueront d’augmenter.

Le GIEC note que les émissions de gaz à effet de serre et autres activités humaines ont déjà réchauffé la planète de 1 oC au-dessus des niveaux préindustriels. « Il existe des preuves accablantes que cela entraîne de graves conséquences pour les écosystèmes et les populations. Les océans sont plus chauds, plus acides et moins productifs. La fonte des glaciers et des calottes glaciaires provoque l’élévation du niveau de la mer, et les événements extrêmes le long des côtes s’aggravent. »

Le rapport — rédigé par plus de 100 auteurs issus de 36 pays qui ont recensé environ 7 000 publications scientifiques — a établi que les gaz à effet de serre demeurent dans l’atmosphère pendant de nombreuses années. De ce fait, les tendances déjà observées risquent de s’accélérer, notamment l’appauvrissement de la vie marine, l’augmentation des tempêtes, la fonte du pergélisol et la diminution de la calotte glaciaire. Si nous ne parvenons pas à réduire les émissions et à prendre d’autres mesures pour ralentir le réchauffement planétaire, les conséquences seront bien pires.

Le GIEC estime que l’élévation du niveau de la mer d’ici 2100 sera supérieure de 10 centimètres aux prévisions de 2014 — entre 61 et 110 centimètres — principalement parce que la glace de l’Antarctique fond plus vite que prévu. Or, les estimations du GIEC ont tendance à être prudentes. Selon d’autres sources, le niveau de la mer pourrait augmenter de 238 centimètres si les émissions ne sont pas contenues.

Les chercheurs affirment que, même si le réchauffement se maintient en dessous de 2 oC, il faut craindre que les dégâts côtiers atteignent des milliards de dollars et que des millions de migrants fuient les côtes où vivent actuellement environ deux milliards de personnes.

Les chercheurs affirment que, même si l’on maintient le réchauffement en dessous de 2 oC, il faut craindre que les dégâts côtiers atteignent des milliards de dollars et que des millions de migrants fuient les côtes où vivent actuellement environ deux milliards de personnes.

Dans tous ses scénarios, le GIEC a constaté que les phénomènes côtiers extrêmes qui se produisaient tous les 100 ans risquent de survenir chaque année d’ici 2050 dans de nombreux endroits : tempêtes tropicales plus intenses et plus fréquentes, accompagnées de vents plus violents et de précipitations plus abondantes, dommages croissants aux forêts de varech et à d’autres écosystèmes importants, destruction des récifs coralliens, déclin de la pêche et augmentation des inondations occasionnées par la montée du niveau de la mer. La diminution de la couverture glaciaire et neigeuse entraîne également des boucles de rétroaction qui accélèrent le réchauffement, car la neige et la glace réfléchissent la chaleur tandis que les surfaces sombres l’absorbent.

Un communiqué de presse de OneOcean souligne que trois des effets les plus graves de la dégradation du climat sur les océans — l’acidification, le réchauffement et la désoxygénation — ont été présents dans chaque extinction massive de l’histoire de la Terre. La gravité de cette situation exige le contrôle d’autres facteurs de stress. « La surpêche, la pollution, ainsi que la destruction des habitats, des écosystèmes et de la biodiversité sont autant de facteurs de stress qui peuvent être arrêtés afin de soutenir la résilience de l’océan face à la crise climatique », indique le communiqué.

Comme pour tous les autres problèmes climatiques, les solutions ne manquent pas. Il nous faut simplement la volonté politique de les mettre en œuvre.

OneOcean recommande de protéger, en vertu du droit international, les deux tiers des océans qui composent la haute mer (les zones situées en dehors des juridictions nationales), de réduire la surpêche et la pollution, de renforcer les objectifs en matière de biodiversité et de lutter par tous les moyens possibles contre les perturbations climatiques.

Notre consommation excessive de combustibles fossiles, de même que la destruction des eaux et des terres qui absorbent les excédents de carbone ont déjà entraîné des conséquences irréversibles. Heureusement, il n’est pas trop tard pour éviter les effets les plus dévastateurs des perturbations climatiques. Nous devons tous écouter la science et mettre de l’avant les solutions.

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez