Même les élus qui parlent de la nécessité de maîtriser le réchauffement planétaire continuent de promouvoir l’expansion du secteur des combustibles fossiles, et ignorent les statistiques qui témoignent de l’augmentation de la température et des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. (Photo : Fiona Paton sur Flickr)

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat contient très peu de renseignements inédits. C’est un fait troublant, teinté d’un peu d’espoir.

La première des quatre parties intitulé Changement climatique 2021 : les éléments scientifiques, confirme que l’activité humaine, principalement l’utilisation des combustibles fossiles et la destruction des puits de carbone naturels, réchauffe la planète à un rythme sans précédent qui continue de s’accélérer, et que ce réchauffement global se poursuivra au moins jusqu’au milieu du siècle, peu importe les mesures qui seront prises, en raison des émissions déjà dans l’atmosphère, et qu’il dépassera 1,5 à 2,0 °C au cours du présent siècle, à moins d’une réduction rapide des émissions.

Le rapport décrit aussi en détail les conséquences désastreuses de l’inaction, de l’augmentation des épisodes de températures extrêmes jusqu’à ses effets sur les cycles de l’eau et l’agriculture. Le rapport indique aussi que plusieurs des changements causés par les émissions de gaz à effet de serre passées et futures seront irréversibles pour des siècles, voire des millénaires, particulièrement ceux qui ont affecté les océans, les nappes glaciaires et le niveau global des océans.

Une ébauche qui a filtré du rapport du troisième groupe de travail va encore plus loin en indiquant que pour prévenir le dérèglement du climat, les émissions doivent plafonner d’ici les quatre prochaines années, les centrales au charbon et au gaz doivent être fermées d’ici 10 ans et que nous devons modifier notre comportement et notre mode de vie (l’évaluation comprend trois parties et un rapport de synthèse, qui doivent tous être approuvés par l’assemblée des 195 membres).

Selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, il s’agit d’une « alerte rouge pour l’humanité », et « ce rapport doit sonner le glas du charbon et des combustibles fossiles avant qu’ils ne détruisent notre planète ».

Chacune des évaluations effectuées depuis 1990 nous avait prévenus que l’avenir serait incertain si nous ne prenions pas des mesures pour enrayer le dérèglement climatique. Depuis cette époque, les méthodes de recherche se sont améliorées, les données probantes sont plus nombreuses et notre certitude est sans équivoque, mais nous savions déjà ce qui nous attendait. Ce rapport confirme que nous avons déjà atteint un point critique.

Nous pouvons nous-mêmes le constater : vagues de chaleur sans précédent, feux de forêt, inondations, sécheresses, extinction d’espèces, rareté de l’eau, conflits… Les données probantes contenues dans le rapport de quelque 4 000 pages, compilées par 284 experts chercheurs de 66 pays qui ont évalué 14 000 études regroupant les plus récentes données scientifiques, sont irréfutables.

Selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, il s’agit d’une « alerte rouge pour l’humanité », et « ce rapport doit sonner le glas du charbon et des combustibles fossiles avant qu’ils ne détruisent notre planète ».

Nous ne pouvons plus nier qu’il est temps d’agir rapidement si on veut éviter une accélération du chaos climatique. Les raisons vont au-delà de la seule volonté de stabiliser le climat : il faut rapidement réduire la pollution et les coûts de santé qui lui sont associés, créer de meilleurs emplois et vitaliser l’économie, réduire les conséquences pour les terres et l’eau et profiter des nombreux autres bénéfices indirects.

Mais je vous pose la question encore une fois (je martèle ceci depuis aussi longtemps que le GIEC publie ses rapports), pourquoi diable n’en faisons nous pas davantage? Pourquoi, après plus de 30 années à accumuler des données probantes (presque 200 depuis la première observation des gaz à effet de serre) et à observer des signes évidents de détérioration du climat, les médias continuent-ils à publier les absurdités anti-science des complices du secteur et des négationnistes? Pourquoi les gouvernements ne font-ils pas ce qui est nécessaire de faire?

Les gens sont d’accord pour réduire leur empreinte carbone, mais les changements progressifs ne sont plus suffisants. Nous devons mettre en place des mesures de changement systémiques et transformationnelles qui, pour être efficaces, doivent venir d’en haut.

Le rapport du GIEC indique que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre espoir. Mais pour éviter les pires conséquences de cette crise, nous devons abandonner au plus vite les combustibles fossiles, protéger les puits de carbone naturels et utiliser des technologies d’émission négatives et des solutions naturelles pour retirer le CO2 de l’atmosphère.

Les gouvernements qui parlent d’engagements climatiques et qui, en même temps, achètent des pipelines et subventionnent la fracturation hydraulique, ou pire encore, qui se plaignent en disant que l’abandon des combustibles fossiles est « utopique » et « irréalisable » n’aident en rien. Il en est de même des médias qui minimisent la crise climatique (souvent par une couverture déficiente) ou qui diffusent de fausses informations en faveur du secteur des combustibles fossiles et des groupes qui les représentent.

Les gens sont d’accord pour réduire leur empreinte carbone, mais des changements progressifs ne sont plus suffisants. Nous devons mettre en place des mesures de changement systémiques et transformationnelles qui, pour être efficaces, doivent venir d’en haut. Les gouvernements, les entreprises et les différents secteurs, les institutions financières, les médias et les autres entités doivent regarder les intérêts des personnes qu’ils sont censés servir et commencer à agir en fonction des données probantes.

Puisque nombre d’entre eux ne sont pas à l’écoute, il nous appartient de parler plus fort en utilisant nos votes, notre argent, nos organismes et nos voix. Votez pour des politiciens qui sont prêts à s’engager sérieusement à combattre les changements climatiques et la pollution. Soutenez les entreprises, les médias et les institutions financières qui reconnaissent la crise pour ce qu’elle est. Suivez les mouvements des jeunes, des peuples autochtones et des activistes et rejoignez ou soutenez les mouvements de protestation et les grèves pour le climat.

Puisque nombre d’entre eux ne sont pas à l’écoute, il nous appartient de parler plus fort en utilisant nos votes, notre argent, nos organismes et nos voix. Votez pour des politiciens qui sont prêts à s’engager sérieusement à combattre les changements climatiques et la pollution. Soutenez les entreprises, les médias et les institutions financières qui reconnaissent la crise pour ce qu’elle est. Suivez les mouvements des jeunes, des peuples autochtones et des activistes et rejoignez ou soutenez les mouvements de protestation et les grèves pour le climat. Abordez la question avec votre famille, vos amis et vos voisins, mais n’oubliez pas ces paroles du moine bouddhiste Thich Nhat Hanh : « Dites la vérité, mais sans brusquer ».

L’évaluation du GIEC et les recherches qui la sous-tendent constituent un signal d’alarme clair que le temps commence à manquer. Nous connaissons maintenant le problème et les solutions. Qu’attendons-nous pour agir?

EXHORTONS LE CANADA À ÊTRE PLUS AUDACIEUX SUR LES QUESTIONS CLIMATIQUES!