Vu les termes empruntés par les dirigeants du G7 lors de leur sommet de la mi-juin à Cornwall, au Royaume-Uni, il est difficile de ne pas être déçus des résultats. Reprenant à leur compte le discours du mouvement environnemental, les dirigeants des sept principales économies du monde ont pu laisser croire qu’ils avaient enfin réalisé la gravité des crises du climat et de la biodiversité, notamment de leurs conséquences financières.
Les dirigeants du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis ont discuté de la nécessité de « rebâtir en mieux » après la pandémie et d’assurer un avenir « plus vert et plus prospère ». Les moyens : protéger la planète, préserver la santé des populations, renforcer la résilience mondiale contre les futures pandémies et défendre des valeurs communes, notamment la démocratie et les droits de la personne.
Le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, a même réclamé un « plan Marshall » pour le climat – référence aux efforts massifs des États-Unis pour reconstruire l’Europe après la Deuxième Guerre mondiale — en vertu duquel les pays les plus riches aideraient financièrement les pays en développement à diminuer de façon draconienne leurs émissions de carbone.
Or, les résolutions des dirigeants se sont avérées décevantes, certains s’étant contentés de réaffirmer leurs engagements antérieurs. Ils ont convenu de réduire de moitié les émissions collectives d’ici 2030, de freiner l’extinction des espèces, de mettre fin au financement des projets d’exploitation du charbon qui ne s’accompagnent pas de méthodes de captation et de stockage du carbone, de décarboniser le secteur de l’électricité et de créer un fonds pour favoriser la transition des pays utilisateurs de charbon. Ils se sont également entendus pour conserver ou protéger 30 pour cent des zones terrestres et maritimes de leur pays d’ici 2030.
Cela dit, malgré l’insistance du Royaume-Uni, ils ont refusé de fixer une échéance à la production d’électricité au moyen du charbon, se contentant d’une déclaration vague sur leur volonté de « mettre en place rapidement des technologies et politiques destinées à accélérer l’élimination » du charbon non associé à une technologie de capture du carbone.
De l’avis de plusieurs, la faiblesse de la position du G7 en matière de charbon nuira aux efforts pour inciter la Chine à s’engager à réduire l’augmentation de sa production énergétique au charbon lors du sommet sur le climat qui se tiendra en novembre à Glasgow. Les critiques ont également dénoncé le manque de financement consenti aux pays les moins responsables de la crise climatique, mais qui en souffrent le plus.
L’attention accrue portée au climat et à la biodiversité incitera-t-elle au moins les pays du G7 à augmenter leurs objectifs et ambitions en matière de climat ? Difficile à dire : le G7 s’engage depuis 2009 à abolir les subventions aux énergies fossiles. Pourtant, elles sont toujours là.
Espérons que les membres du G7 et tous les dirigeants mondiaux cesseront de s’approprier le discours des mouvements environnementaux et s’engageront pour de bon à « rebâtir en mieux ».
Espérons que les membres et tous les dirigeants mondiaux cesseront de s’approprier le discours des mouvements environnementaux et s’engageront pour de bon à « rebâtir en mieux. »
Les efforts déployés à l’échelle mondiale pour résoudre les crises du climat et de la biodiversité sont loin d’être suffisants, en particulier de la part des pays riches qui ont le plus contribué au problème. Mais, on assiste à une prise de conscience progressive de l’urgence vitale d’agir, après des décennies d’immobilisme qui ont transformé ce qui aurait pu être une occasion en une crise.
La COVID-19 a révélé les inégalités et les lacunes systémiques qui mènent aux catastrophes écologiques et sanitaires. Mais, elle a aussi démontré que les pays qui se fondent sur la science et favorisent la collaboration peuvent accomplir beaucoup en mobilisant leurs ressources. Grâce aux avancées rapides en matière d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables et de stockage, plus rien ne nous empêche d’unir nos forces dans la lutte contre la crise climatique.
Toutefois, nous avons tellement résisté au changement que tout progrès majeur devra venir d’en haut. Aussi utiles que soient nos actions individuelles — conduire moins, conserver plus, réduire notre consommation de viande et baisser le chauffage — la mesure la plus efficace que nous puissions prendre est de faire pression sur les gouvernements et le secteur industriel pour qu’ils s’attaquent aux crises écologiques avec détermination.
La pression de la population est souvent nécessaire pour détourner les politiciens de leurs traditionnelles vision et priorités à court terme, dictées par le cycle électoral.
Les moyens sont multiples : appeler ou écrire à vos élus, participer à des manifestations pour le climat ou simplement voter de façon éclairée. La pression de la population est souvent nécessaire pour détourner les politiciens de leurs traditionnelles vision et priorités à court terme, dictées par le cycle électoral.
Nous avons déjà insufflé des changements déterminants. L’oléoduc Keystone XL a été annulé ; des actionnaires ont voté pour rendre les entreprises plus responsables de leur rôle dans les bouleversements climatiques ; des gens retirent leurs investissements dans les combustibles fossiles ; au Royaume-Uni, un gouvernement conservateur a réclamé un « plan Marshall » pour le climat — autant d’avancées en grande partie attribuables aux efforts inlassables de citoyens et d’activistes engagés.
La crise de la COVID a sensibilisé de nombreuses personnes à l’urgence des crises écologiques connexes, notamment des politiciens, des financiers, des actionnaires et des PDG. Ils ont prononcé des discours : nous devons maintenant faire en sorte qu’ils concrétisent leurs engagements et les inciter à faire plus encore.
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez