Au 21e siècle, nous ne devrions plus utiliser des combustibles du 19e siècle. (Photo : Brett Ciccotelli via Flickr)

Durant et après la campagne électorale de 2016, l’actuel président des États-Unis a promis de redonner au charbon sa grandeur. Il a également soutenu que les changements climatiques étaient un canular. Rien d’étonnant dès lors de le voir promouvoir un combustible bon marché, dépassé, polluant et néfaste pour le climat, alors que des options plus propres, efficaces et efficientes s’offrent à nous.

Depuis, le prix du charbon n’a fait que chuter, acculant plusieurs entreprises américaines de ce secteur à la faillite. Il y a dix ans, le charbon générait plus de la moitié de l’électricité des États-Unis. Cette proportion n’est plus que d’un cinquième et ne cesse de diminuer au profit du gaz naturel, mais également d’énergies renouvelables. L’éolien est actuellement la source d’électricité qui connaît la plus forte croissance au pays.

Le charbon ne reviendra pas, et ne doit pas revenir, car il constitue sur toute la ligne l’une des sources d’énergie les plus destructrices. Son extraction requiert souvent le dynamitage de la cime des montagnes, en plus de polluer l’air, l’eau et le sol. Sa combustion crée d’énormes quantités de pollution toxique, ainsi que des émissions de CO2 et de méthane qui contribuent au réchauffement de la planète.

L’urgence climatique exige que nous utilisions moins d’énergie et que nous répondions à nos besoins à l’aide de ressources plus propres. Au 21e siècle, nous ne devrions plus utiliser des combustibles du 19e siècle.

Pourtant, le président américain n’est pas le seul à vouloir intensifier l’extraction toxique et archaïque du charbon, en dépit de la crise climatique. En plus de pousser le réchauffement mondial à des niveaux catastrophiques avec son pétrole sale des sables bitumineux, l’Alberta entend maintenant développer encore plus son secteur du charbon — sans réel cadre environnemental.

Bien que le Canada élimine progressivement ses centrales électriques au charbon, il continue allègrement d’exporter le combustible.

Bien que le Canada élimine progressivement ses centrales électriques au charbon, il continue allègrement d’exporter le combustible. C’est un peu comme un vendeur de drogues qui cesse de consommer parce qu’il connaît les risques de son produit, mais continue de le vendre à d’autres.

Si le projet d’expansion de la mine Vista près de Hinton, en Alberta, va de l’avant, la production de charbon thermique y passera de sept millions de tonnes par année à dix à quinze millions de tonnes. Et malgré la destruction d’écosystèmes et la menace que ce projet représente pour des espèces en péril, aucune évaluation environnementale fédérale ne sera menée, notamment parce que l’entreprise a révisé sa « zone projetée » pour qu’elle s’inscrive en deçà du seuil d’augmentation de l’aire d’exploitation de 50 pour cent de la mine à partir duquel une évaluation est exigée.

Dans la vallée d’Elk, en Colombie-Britannique, la mine de charbon à coke métallurgique Teck’s Castle Mountain tente également de se soustraire à l’évaluation fédérale en alléguant que le projet constitue une expansion plutôt qu’une nouvelle mine.

L’Alberta a même entrepris d’abroger des règles adoptées en 1976 par son gouvernement conservateur pour protéger des zones sensibles sur le plan écologique, afin d’autoriser l’expansion considérable des mines à ciel ouvert. Les relations entre le gouvernement albertain et le secteur du charbon sont presque aussi étroites qu’avec le secteur pétrolier. L’ancien ministre provincial de l’environnement est aujourd’hui président de la Coal Association of Canada.

C’est toujours la même histoire avec ces gens qui n’ont pas assez d’imagination, de sagesse et de vision pour apprendre et s’adapter, qui font passer l’économie créée par l’homme avant l’air, le sol et la biodiversité dont nous avons besoin pour survivre, avant la santé et le bien-être de la population.

Les coûts et avantages économiques ne devraient jamais être les seuls facteurs pris en compte dans les politiques et règlements qui régissent le secteur industriel.

Les coûts et avantages économiques ne devraient jamais être les seuls facteurs pris en compte dans les politiques et règlements qui régissent le secteur industriel. Mais, même là, le charbon ne fait pas le poids. Bien que l’électricité produite par les centrales au charbon actuelles se révèle souvent moins chère que celle générée par l’éolien ou le solaire, de nombreuses centrales dans le monde arrivent en fin de vie. Or, la construction de nouvelles centrales thermiques au charbon fera grimper le prix de l’électricité, alors que le prix des énergies renouvelables diminue rapidement, au rythme des avancées technologiques. Il faudrait aussi tenir compte des coûts incalculables en vie humaine ou sur le plan de la santé, de la faune, de l’habitat et du climat.

Il est étonnant de devoir parler de la croissance du charbon au 21e siècle. En fait, ceux et celles qui détruisent l’environnement et alimentent la crise climatique en échange de profits à court terme et de quelques emplois, alors qu’il existe tant d’autres options, font preuve d’une absence de vision et illustrent les failles du système économique actuel.

Même dans la structure actuelle, nous pourrions créer davantage d’emplois de meilleure qualité en favorisant les technologies propres et le secteur des énergies renouvelables, plutôt qu’en tablant sur des sources d’énergie dépassées et destructrices qui, de l’avis du monde entier, doivent être éliminées si nous voulons survivre.

La pandémie n’a pas ralenti la crise climatique ni les extinctions, mais elle a démontré qu’une action rapide peut générer des résultats positifs. Il est temps de faire mieux. Le charbon appartient au passé.

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Traduction : Monique Joly et Michel Lopez