Nous assistons à l’émergence d’orientations concrètes pour transformer l’économie canadienne en une économie résolument axée sur le bien-être et la résilience dont les gens ont tant besoin et que la nature peut nous apporter, maintenant et pour les générations à venir. (Photo: Leo Rivas / Unsplash)

Si vous prenez le temps de réfléchir à vos motivations profondes, à ce qu’il y a de plus essentiel pour vous, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?

Vaut-il mieux avoir plus ou agir mieux ? Acheter toujours plus ou se préoccuper davantage des autres ? Surconsommer ou tisser des liens et partager ? Aimer les objets et votre statut ou aimer tout simplement ? Alors que nous vivons une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, la population canadienne prend conscience de ce qui importe vraiment. Ce pourrait être une occasion de repenser l’économie de demain.

En cette période de crise, le discours ambiant oppose notre santé et celle de notre entourage à la « santé » de l’économie. Pourtant, le terme « économie » désigne l’ensemble des activités sociales interreliées que chaque personne effectue au quotidien. Il reflète notre façon de vivre notre vie et la façon dont chacun autour de nous vit sa vie. Il sous-tend nos propos, les connaissances que nous diffusons, nos modes de fabrication, d’échange et de commerce. Il définit notre expérience et notre gestion de la vie collective sur la planète que nous partageons.

En cette période marquante de notre histoire, notre perception de l’essentiel face à nos besoins ne correspond pas à nos objectifs économiques d’avant la crise.

L’« économie », c’est aussi notre vision du modèle économique, de ses objectifs et de ce qu’il pourrait être. Or, en cette période marquante de notre histoire, notre perception de l’essentiel face à nos besoins ne correspond pas à nos objectifs économiques d’avant la crise.

Par ailleurs, les mots « économie » et « écologie » viennent tous deux du grec « oikos », qui signifie « maison » ou « maisonnée ». Les écologistes aspirent à des principes, règles et lois qui favorisent une progression durable des espèces. Les économistes sont appelés à « gérer » notre activité au sein de la biosphère, notre maison, idéalement dans le cadre des règles et structures préconisées par les écologistes.

Avant la pandémie, nous considérions notre économie comme un moteur, dont le but premier était de consommer le plus de ressources naturelles possible pour produire le plus d’argent possible, selon le concept d’une main-d’œuvre la moins chère et la plus désincarnée possible. Cette équation ne tient pas compte de l’être humain dans toute sa complexité ni du petit « point bleu pâle » dont nous dépendons tous. Ce n’était pas le but visé.

Cette équation a été adoptée à la fin de la guerre, portée par l’hypothèse qu’une augmentation du commerce entre les pays assurerait la paix et la prospérité. En 1944, les représentants de 44 pays se sont rencontrés à Bretton Woods, au New Hampshire, pour créer un système d’échanges internationaux plus efficace et pour promouvoir la croissance économique. Au sortir du conflit, on a mis en place une nouvelle façon de gérer l’économie. Et malgré la transformation qui s’est opérée dans les années 1970, les objectifs initiaux ont été maintenus.

À l’heure actuelle, de nombreux politiciens parlent de la pandémie comme d’une guerre. Mais, que ferons-nous au terme de cette « guerre » ? Laisserons-nous encore une vieille équation nous dicter la marche à suivre ? Ne pourrions-nous pas plutôt décider, ensemble, de viser un nouvel objectif ?

La vieille façon de penser l’économie, les modèles établis, ont laissé voir leur inefficacité et leurs failles.

Partout, les gens sont inquiets. Notre santé et notre survie sont menacées. Le tissu social, le vivre-ensemble sont entravés par la nécessité de la distanciation physique. Les anciennes structures n’ont pas été en mesure de répondre adéquatement à nos besoins, ce qui a forcé les gouvernements à intervenir de manière inhabituelle, afin d’assurer le bien commun. La vieille façon de penser l’économie, les modèles établis, ont laissé voir leur inefficacité et leurs failles.

Pourtant, au milieu de cette anxiété et de ce bouleversement, nous entrevoyons des possibilités de transformation. En quelques semaines, des gestes de bonté et de solidarité exceptionnels sont devenus courants. Les gens font preuve d’une créativité numérique toute nouvelle pour soutenir les autres. Des entreprises réorientent leurs motivations de profit à court terme pour répondre à des besoins bien réels.

Nous assistons à l’émergence d’orientations concrètes pour transformer l’économie canadienne en une économie résolument axée sur le bien-être et la résilience dont les gens ont tant besoin et que la nature peut nous apporter, maintenant et pour les générations à venir.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n’a fallu que trois semaines à un petit groupe d’hommes pour redéfinir l’économie mondiale de l’après-guerre. Au sortir de cette crise, profiterons-nous de cette occasion pour faire mieux ?

Ensemble, nous pouvons redéfinir l’économie pour qu’elle reflète l’essentiel.

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Traduction : Monique Joly et Michel Lopez