Nous vivons une drôle d’époque. Tout indique que nous nous dirigeons vers une crise climatique majeure qui menace notre survie. Or, que font les gouvernements ? Mettent-ils en œuvre les nombreuses solutions disponibles ? S’efforcent-ils d’informer la population et de résoudre cette crise ? Certains essaient. D’autres nient carrément les preuves ou s’en prennent aux citoyens qui s’expriment sur l’urgence. D’autres encore prétendent agir tout en planifiant des ventes de combustibles fossiles suffisantes pour faire bouillir la planète.
En décembre dernier, nous avons été témoins des piètres résultats de la Conférence de Madrid sur le climat, où certains pays — parmi lesquels se trouvaient les principaux responsables de l’urgence climatique — ont continué à faire passer les intérêts du secteur des énergies fossiles avant ceux de l’Humanité. Lorsque les gouvernements se défilent, il revient aux citoyens d’agir. C’est pourquoi les grèves climatiques, les procès, les débats constructifs et les pressions exercées sur les gouvernements sont des moyens d’action essentiels.
Le Canada a joué un rôle constructif à Madrid, mais nous devons accepter une réalité importante : nous ne pouvons pas brûler tout le bitume de l’Alberta sans mettre en danger notre santé, notre bien-être, notre économie et notre survie. L’Alberta et le Canada avaient besoin d’un plan judicieux pour réduire leur dépendance aux combustibles fossiles il y a plusieurs décennies, notamment en aidant les travailleurs déplacés. Aujourd’hui, nous sommes dans l’impasse depuis si longtemps que la province et le pays doivent prendre la tête d’une mobilisation générale mondiale pour éviter la catastrophe.
Au lieu de cela, certains Albertains — y compris au sein du gouvernement — se plaignent lorsque des écoles mettent sur pied des exercices de réflexion critique qui illustrent les différentes perspectives sur les sables bitumineux. Le gouvernement albertain a mis sur pied un « war room », un comité d’action chargé de fournir de « l’information basée sur les faits sur l’énergie canadienne qui s’opposera au faux et fera la promotion de la vérité ». Sur leur site web, on peut lire cette « vérité » tordue : « Un accès plus grand aux immenses ressources en combustibles fossiles du Canada permettra de réduire considérablement les émissions mondiales de gaz à effet de serre. » Pour ajouter à l’absurdité, ce « war room » est en partie financé par les recettes de la taxe sur le carbone de la province et structuré de manière à échapper à la réglementation sur la liberté d’information.
Nous assistons à un effort concerté pour faire taire ou punir ceux qui dénoncent les effets de l’exploitation et de l’utilisation des combustibles fossiles, notamment le pétrole des sables bitumineux, sur l’air, l’eau, la terre, les animaux, les plantes et le climat.
Ceux qui font la promotion du charbon, du pétrole et du gaz craignent les critiques contre cette industrie. Ils savent que la science n’est pas de leur bord.
Ceux qui font la promotion du charbon, du pétrole et du gaz craignent les critiques contre cette industrie. Ils savent que la science n’est pas de leur bord. Ils savent que le changement est en marche, rapidement. Les banques se débarrassent des obligations de l’Alberta en raison du mauvais bilan climatique de l’Alberta et du Canada et des émissions élevées de gaz à effet de serre par habitant. Les investisseurs se retirent du secteur des énergies fossiles. L’agence de notation Moody’s a abaissé la cote de crédit de l’Alberta, en partie à cause de sa dépendance aux combustibles fossiles. Les entreprises de haute technologie choisissent de s’installer dans des provinces qui ne donnent pas priorité aux énergies fossiles. De plus, dans la plupart des régions du Canada, les citoyens ont voté pour des partis fédéraux qui avaient de véritables plans climatiques.
Les dirigeants de l’industrie croient peut-être qu’ils peuvent faire de l’obstruction pendant un certain temps, afin de conserver les avantages dont ils bénéficiaient pendant que la planète se réchauffait. Avec la complicité des médias et des politiciens, ils pourraient réussir. Mais ce serait à notre détriment à tous.
Devant cette situation, nous devons d’urgence passer à une société qui gaspille moins et qui utilise des énergies renouvelables plutôt que des combustibles fossiles.
Le réchauffement planétaire et ses conséquences s’intensifient plus rapidement que les scientifiques ne l’avaient prévu. La calotte glaciaire du Groenland fond à un rythme sept fois plus rapide que dans les années 1990 ; le réchauffement de l’Arctique libère du dioxyde de carbone et du méthane provenant de la fonte du pergélisol. Devant cette situation, nous devons d’urgence passer à une société qui gaspille moins et qui utilise des énergies renouvelables plutôt que des combustibles fossiles.
Chaque année, les avertissements des scientifiques se font plus pressants. Nous devons passer à l’action pour de bon au cours de l’année à venir.
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez