Nous avons récemment mis en lumière la logique tordue d’un argument pseudoscientifique pour s’opposer à la lutte contre les changements climatiques: comme les plantes ont besoin de CO2, l’augmentation des émissions est bénéfique à la planète et à la vie sur Terre. Ceux qui lisent et écrivent sur les changements climatiques et l’écologie ou qui en parlent sont bien au fait de ce genre d’arguments anti-environnementaux, non étayés par la science.
Certains prétendent que si vous conduisez une auto, que vous achetez des articles en plastique ou que vous utilisez un clavier d’ordinateur, votre prétention à réduire le recours aux énergies fossiles ne tient pas la route, même si les preuves que vous avancez sont imparables. Tout comme l’allégation que «le CO2 est un aliment pour les plantes», il s’agit d’une piètre argumentation, mais pour des raisons différentes. Dans ce cas-ci, il s’agit tout simplement d’une logique fallacieuse.
L’affirmation que les voitures à essence polluent est vraie ; l’allégation que les émissions automobiles ne sont pas nocives est fausse. Le fait qu’une personne possède une auto ou qu’elle conduise à l’occasion ne change rien à la réalité.
Outre la fausseté de l’argumentation, l’insistance à souligner les nombreux usages des énergies fossiles pour rejeter la nécessité de réduire notre dépendance à ces formes d’énergie plaide plutôt en faveur d’une baisse de l’utilisation du charbon, du gaz naturel et du pétrole. Les énergies fossiles ont de multiples utilités, que ce soit pour fabriquer du matériel médical qui sauve des vies ou des claviers d’ordinateur. Dans ce cas, pourquoi les extraire, les transporter et les brûler si rapidement? Pourquoi les gaspiller? Les réserves ne sont pas illimitées.
Certaines personnes n’ont peut-être pas poussé leur réflexion suffisamment. Ou elles n’ont peut-être pas d’arguments assez solides contre la nécessité de protéger l’air, le sol et la biodiversité qui nous assurent la santé et la vie. Face à un sujet comme les changements climatiques, cela peut se comprendre. En cette ère de «post-vérité» et d’information infinie, il est difficile de bien cerner certains sujets, surtout s’ils sont aussi complexes et vastes que le réchauffement de la planète. La plupart des gens n’ont ni le temps ni l’expertise pour lire et comprendre les innombrables articles scientifiques évalués par les pairs sur des phénomènes comme les boucles de réaction climatiques, l’acidification des océans, les événements climatiques extrêmes, l’extinction des espèces et le niveau des mers.
Heureusement, il existe d’excellentes sources d’information qui s’adressent à des gens de connaissances et de compétences diverses. Le site multilingue Skepticalscience.com propose une approche globale qui repose sur l’analyse de publications évaluées par les pairs. Sa rubrique sur les mythes climatiques les plus courants (Most Used Climate Myths) expose les fausses allégations et permet au lecteur de cliquer sur l’explication élémentaire, intermédiaire ou avancée des arguments scientifiques.
On trouve aussi des explications scientifiques accessibles sur les sites de la U.S. National Oceanic and Atmospheric Administration (anglais) et de la National Aeronautics and Space Administration (anglais). L' »American Institute of Physics »:https://www.aip.org/ propose aussi une histoire détaillée de la science climatique et d’autres renseignements.
Certains médias présentent une couverture environnementale abondante et crédible, notamment The Guardian et le National Geographic, ainsi que les sites de Grist, EcoWatch et National Observer. Les articles et la base de données exhaustive de Desmog Blog mettent également en lumière les dessous des efforts concertés pour minimiser ou rejeter la gravité des changements climatiques. Les sites de groupes environnementaux comme la Fondation David Suzuki, le Pembina Institute, Équiterre et autres sont également de bonnes sources d’information. Notez aussi la sortie récente de Just Cool It!, un livre que je cosigne avec Ian Hanington, rédacteur en chef à la Fondation, qui explique les changements climatiques et apporte des solutions.
De nombreux autres livres, sites, articles, films et plus encore expliquent clairement les changements climatiques et leurs conséquences.
L’information probante procure à la population des outils pour faire face à la pire crise humanitaire. Il est de plus en plus évident que nous ne pouvons pas compter sur les politiciens pour nous sortir de ce bourbier que nous avons nous-mêmes créé. L’actuelle administration américaine est pleine de gens qui rejettent les preuves irréfutables de la responsabilité humaine dans les changements climatiques. Au Canada, notre gouvernement s’est doté de bonnes politiques climatiques, mais continue d’approuver des projets d’infrastructure d’énergies fossiles.
Est-ce qu’une bonne information fera changer le point de vue de ceux qui rejettent la nécessité de protéger l’environnement? Difficile à dire. Par contre, les faits aideront ceux et celles qui s’intéressent au problème et qui veulent comprendre pour changer les choses.
Le beau côté de l’irrationalité qui a frappé les États-Unis, c’est qu’elle a lancé un véritable mouvement de promotion des données scientifiques et des solutions fondées sur la science. La Marche pour la science qui se tiendra dans plusieurs villes américaines et ailleurs le 22 avril, Jour de la Terre, en est un bon exemple.
Nous avons de notre côté des données scientifiques et des arguments rationnels. Utilisons-les pour promouvoir les solutions.
Traduction: Monique Joly et Michel Lopez