Un cycliste sous les précipitations

Les changements climatiques sont responsables pour trop de précipitations pendant certaines périodes, et peu de précipitations pendant d'autres. (Crédit : Sam Javanrouh via Flickr)

Personne ne peut vivre sans eau. Au Canada, on se croit chanceux d’avoir toute cette abondance d’eau douce, mais, dans les faits, nous ne disposons pas beaucoup plus de réserves d’eau potable que dans d’autres régions du monde.
Seule l’eau qui s’écoule des terres peut être utilisée de façon durable. Ce que nous infligeons à l’environnement en général, et non pas seulement à l’eau en elle-même, a des conséquences sur tous les plans, de la quantité d’eau dont nous disposons à la qualité de ces réserves.

On observe déjà les effets dévastateurs du changement climatique sur les réserves d’eau et la fonte des glaciers; les périodes de sécheresse et d’inondations sont aussi plus fréquentes qu’auparavant. Les premiers ministres des provinces du Canada devront faire face à ce problème lorsqu’ils se rencontrent à Winnipeg pour le Conseil de la fédération, du 4 au 6 août. Il est prévu qu’ils discuteront des approvisionnements en eau douce du pays et des conséquences du changement climatique sur ces dernières.

Un rapport du Comité sénatorial, datant de 2005 Water in the West: Under Pressure, met le problème en perspective: «Le changement climatique rend les précipitations moins fiables, et nous pouvons nous attendre à recevoir plus de pluie que de neige. La neige fondra plus rapidement. Il y aura aussi davantage d’orages importants et de sécheresses.»

Le rapport, qui se base sur des témoignages d’experts, indique également que l’écoulement des rivières est 40% plus faible qu’il ne l’était il y a un siècle. Le manque d’eau disponible n’est pas l’unique source du problème. John Carey, d’Environnement Canada, le dit bien dans le rapport: «Par variabilité climatique, nous voulons dire que les chutes de pluie se feront plus rares dans de plusieurs secteurs, mais aussi que la pluie qui tombera sera plus intense.»

Le docteur Carey affirme que: «On recevra trop d’eau dans certains moments, et pas assez la plupart du temps. Les périodes de sécheresse dans les Prairies dureront plus longtemps et les inondations seront plus fréquentes et plus graves.» Nous avons vu un exemple clair de cette réalité avec les inondations qui ont dévasté les Prairies au printemps et à l’été.

Toutefois, l’augmentation des précipitations liée au changement climatique ne suffit pas pour pallier les pertes d’eau causées par la fonte des glaciers et une évaporation accrue. Les glaciers agissent comme des comptes en banque, stockant de la neige et de la glace par temps frais et pluvieux et en relâchant de l’eau lorsque nous en avons le plus besoin, pendant les étés chauds et secs ou en période de sécheresse. Comme le professeur en écologie de l’Université de l’Alberta David Schindler le souligne dans un article intitulé The Myth of abundant Canadian Water, «La rareté de l’eau deviendra l’une des questions économiques et environnementales les plus alarmantes du 21e siècle, pour les provinces des Prairies canadiennes.»

Comme l’indique Dr Schindler, néanmoins, «Nous pouvons gérer le problème de plusieurs façons.» Ces solutions reposent autant sur l’effort individuel que sur l’action de chefs politiques. D’abord, lorsque les dirigeants provinciaux se rencontreront à Winnipeg, ils devront prendre en main le problème du changement climatique. Ils doivent revoir leurs engagements passés afin d’améliorer l’efficacité énergétique et mettre en place une énergie propre et renouvelable. Ils devraient discuter de règlements collectifs pour un système de plafonnement et échange et établir un secrétariat d’initiative provincial et territorial pour le climat. Les premiers ministres doivent aussi trouver des façons de gérer collectivement les ressources en eau et de réduire leur utilisation.

À l’échelle domestique, le Dr Schindler souligne que les Canadiens utilisent deux fois plus d’eau per capita que les Européens, et bien plus encore que les habitants du Moyen-Orient. Les Canadiens ont pourtant la capacité de conserver beaucoup d’eau, par exemple, en installant de la plomberie munie d’économiseurs d’eau et en aménageant leurs cours de façon à ce qu’elles requièrent moins d’eau. Les gouvernements peuvent quant à eux encourager la conservation de l’eau en installant des compteurs d’eau et en créant des freins à l’utilisation excessive d’eau.

Tout un éventail de solutions écologiques, concernant toutes les couches de la société, est requis, et celles qui traitent du changement climatique — que ce soit en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en mettant un prix sur les émissions de carbone, ou encore en augmentant les sources d’énergie propre, par exemple — créeront des avantages qui iront bien au-delà de la protection de notre approvisionnement d’eau et de la réduction de la pollution. Une analyse économique (en anglais seulement) récemment effectué par la Western Climate Initiative a démontré qu’un programme traitant du changement climatique comprenant des solutions utilisant une énergie propre pourrait permettre des économies de l’ordre de 100 milliards de dollars américains d’ici 2020.

Les premiers ministres, tout comme nous tous, doivent prendre au sérieux le problème du changement climatique et ses conséquences sur l’eau lorsqu’ils se rencontreront à Winnipeg. Car sans eau, la vie n’est plus.