Les villes sont responsables de 70 pour cent des émissions mondiales. Toutefois, elles peuvent aussi contribuer à l’action climatique dans quatre secteurs déterminants : l’approvisionnement énergétique, le bâtiment, la mobilité et la gestion des déchets. (Photo : Joshua Rawson-Harris via Unsplash)

Au Canada, l’opinion publique sur les changements climatiques est polarisée, et la recherche démontre que le fossé se creuse.

À cet égard, l’allégeance politique constitue le principal prédicteur du point de vue des gens. Cela signifie que les perceptions sur les changements climatiques sont de plus en plus influencées par les programmes politiques diviseurs plutôt que par la science et notre bien-être collectif.

Au cours de la dernière année, l’Alberta Narratives Project a recueilli les propos d’un large éventail d’Albertains (enseignants, groupes religieux, professionnels de la santé, artistes, entreprises, environnementalistes, etc.), afin de mieux comprendre leurs perceptions à l’égard du discours public sur le réchauffement climatique. Les participants ont déclaré vouloir moins de blâmes et un dialogue plus ouvert, plus équilibré et plus respectueux. Nombre d’entre eux ne se reconnaissent pas dans le débat. Personne ne leur parle, dans un langage qui reflète leurs valeurs et leur identité.

Les Albertains sont profondément divisés sur le plan des perceptions des changements climatiques. En 2017, un peu plus de la moitié de la population a exprimé des réserves ou un désintérêt. En fait, les gens ont du mal à discuter d’enjeux très polarisés. L’Alberta Narratives Project a constaté que les gens ne parlent que rarement ou jamais entre eux de la question des changements climatiques.

Pourtant, plus qu’un simple enjeu environnemental, le dérèglement climatique constitue une menace collective. Nous devons tous nous considérer comme partie prenante dans les efforts déployés pour prévenir les conséquences extrêmes et assurer la viabilité et la résilience des collectivités. Mais, comment agir de concert lorsque nous ne pouvons même pas aborder le problème entre nous ?

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC) lance un appel à l’action pour limiter le réchauffement à 1,5 oC, afin de réduire les risques de catastrophes climatiques extrêmes, prévenir la disparition d’espèces, diminuer le nombre de réfugiés climatiques et protéger la santé humaine et la résilience.

Il y a urgence. Au terme d’une analyse de plus de 6 000 études scientifiques, l’IPCC a dressé un constat clair : d’ici 2030, nous devons réduire nos émissions nocives de carbone d’au moins 45 pour cent par rapport au niveau de 2010 et, d’ici 2050, atteindre des émissions nettes zéro grâce à l’élimination du CO2 dans l’atmosphère.

Or, les mouvements populistes utilisent l’action climatique comme point de clivage pour promouvoir leurs politiques, sans égard à leurs conséquences tragiques.

Comment contrer ce phénomène ?

Les villes sont responsables de 70 pour cent des émissions mondiales. Selon une étude de C40 Cities, elles peuvent toutefois prendre les rênes de l’action climatique dans quatre secteurs déterminants : l’approvisionnement énergétique, le bâtiment, la mobilité et la gestion des déchets.

Récemment, le conseil municipal de Regina a adopté à l’unanimité une motion pour fonctionner uniquement à l’aide d’énergies renouvelables d’ici 2050, un objectif ambitieux en ligne avec l’Accord de Paris et le récent rapport de l’IPCC. Victoria a adopté le même objectif.

La mairesse de Victoria, Lisa Helps, a écrit que « pour faire face au défi climatique, nous devons tisser un solide tissu social, afin de tirer le meilleur des dons, ressources et compétences de nos amis, voisins et collègues. En d’autres termes, nous devons dès maintenant et pour longtemps passer du “je” au “nous”.

En mars, Edmonton s’est associée au Global Covenant of Mayors for Climate and Energy dans le cadre du Sommet des maires du monde sur les changements climatiques. Ils ont invité les dirigeants à signer la Déclaration d’Edmonton, un engagement à reconnaître l’urgence d’agir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 oC.

La vidéo de la ville invite les citoyens à s’unir pour lutter contre les changements climatiques, à montrer au monde à quel point ils aiment leur ville et la planète. Elle les incite à changer l’état d’esprit de leurs voisins, à changer leurs habitudes, à changer le monde. Chaque citoyen est appelé à faire ce qu’il peut et à le faire maintenant, car si rien ne change, le climat, lui, changera les choses.

La réconciliation avec les peuples autochtones est également cruciale.

François Paulette, un aîné déné, a déclaré : “Les Premières Nations sont dans une position idéale pour être des chefs de file dans les initiatives sur les changements climatiques en raison de leurs connaissances des enseignements sacrés de la terre. Nous ne devons pas subir passivement les répercussions des changements climatiques. Nous devons plutôt être des moteurs dans le cadre des mesures prises relativement aux changements climatiques.”

Pour lutter contre les changements climatiques, nous devons surmonter nos divisions et agir comme individus, familles, voisins, collectivités et sociétés.

Quelle que soit votre position sur le spectre politique, que vous soyez ruraux ou urbains, jeunes ou vieux, il est temps d’agir. Nous devons tous nous unir pour contrer les changements climatiques et exiger de nos élus des mesures concrètes. Tous les partis doivent prendre des engagements en ce sens. Nous devons interpeller ceux et celles qui font de l’immobilisme ou de l’obstruction pour servir leurs propres intérêts et programmes politiques.

Nous n’avons plus le luxe d’attendre.

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez