Le dépot d'Onkalo, en Finlande, un projet pilote pour l’entreposage de combustible nucléaire usé. (Photo : Wikimedia Commons)

Note : Cet article a été révisé afin de corriger certaines informations obsolètes et erronées.

Alors que les conséquences de l’utilisation de combustibles fossiles dommageables pour le climat se font de plus en plus ressentir, on présente souvent l’énergie nucléaire comme étant une solution de rechange « propre ». Mais, à quel point l’est-elle vraiment?

Bien qu’elle ne produise pas les mêmes émissions que les combustibles fossiles, l’énergie nucléaire pose une multitude d’autres problèmes. L’extraction minière, la transformation et le transport de l’uranium jusqu’aux réacteurs génèrent une pollution toxique et détruisent les écosystèmes, tandis que la présence de réacteurs augmente le risque de prolifération d’armes nucléaires et de contamination radioactive. Il va sans dire que l’élimination des déchets hautement radioactifs représente également un défi.

Ce type d’histoire n’est que trop fréquent : des projets dommageables pour l’environnement, imposés dans des collectivités ayant besoin de l’argent promis par ceux-ci.

À Ignace et à South Bruce, en Ontario, la population apprend les dangers potentiels et les mesures proposées pour traiter les déchets nucléaires. La Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN), une association à but non lucratif représentant le secteur nucléaire, a identifié ces collectivités comme étant des sites potentiels de stockage de six millions de grappes de déchets hautement radioactifs dans un « dépôt géologique en profondeur ». Le gouvernement fédéral a approuvé le plan proposé par l’organisation.

Ce type d’histoire n’est que trop fréquent : les déchets industriels sont entreposés dans des communautés qui ont besoin de l’argent que ces projets promettent.

Dans ce cas-ci, la SGDN a déjà versé d’importantes sommes aux gouvernements autochtones et aux administrations municipales afin que son plan soit pris en considération, ignorant ainsi les collectivités qui en seront affectées, situées le long des voies de transport ou en aval des sites d’enfouissement.

Selon la revue Canadian Dimension, l’industrie nucléaire prévoit d’assurer le transport des déchets grâce à « deux ou trois camions par jour, sur une période de 50 ans, pour les entreposer dans l’un des trois conteneurs possibles ».

Même dans un scénario sans accident, le transport par camion des déchets nucléaires émettra de faibles radiations; une exposition « acceptable », selon l’industrie. Le transfert, depuis l’installation nucléaire au camion, puis jusqu’au site d’enfouissement, représente également des majeurs.

À Ignace et à South Bruce, en Ontario, la population apprend les dangers potentiels et les mesures proposées pour traiter les déchets nucléaires.

L’industrie affirme que le stockage de déchets hautement radioactifs dans des dépôts géologiques profonds est sûr, et qu’il s’agit probablement du moyen le plus sécuritaire d’éliminer des quantités croissantes de déchets, mais jusqu’à présent, un seul site a été approuvé, en Finlande, malgré de nombreuses années d’efforts de la part de l’industrie. Le site d’Onkalo, en Finlande, devrait être opérationnel cette année ou l’année prochaine.

Dans un article du Canada Dimension, on mentionne qu’« un nombre croissant de Premières Nations ont adopté des résolutions ou émis des déclarations exprimant leur opposition au transport ou à l’enfouissement de déchets nucléaires dans le nord-ouest de l’Ontario, notamment la nation ojibwée de Saugeen, les Premières Nations de Lac Seul, de Grassy Narrows et de Fort William ainsi que les nations indépendantes de Wabaseemoong ».

Cinq Premières Nations, incluant celle de Grassy Narrows, qui souffre encore de contamination industrielle au mercure après plus de 60 ans, ont fondé la First Nations Land Alliance. « Nos Nations n’ont pas été consultées, nous n’avons pas donné notre consentement et nous nous unissons pour dire “non” au site de stockage de déchets nucléaires prévu près d’Ignace », a déclaré cette alliance dans une lettre dirigée à la SGDN (en anglais).

D’autres groupes, comme le We the Nuclear Free North, font également campagne contre ce projet.

Dans les faits, l’énergie nucléaire est extrêmement coûteuse et les projets dépassent toujours les budgets prévus.

Le combustible irradié restera radioactif pendant des centaines de milliers d’années, tandis que les risques de contamination et de fuite persisteront durant tout le processus d’entreposage, de confinement, de transport et d’enfouissement.

Avec 3,3 millions de grappes de combustible nucléaire irradié qui patientent déjà dans les espaces de stockage humide ou à sec de centrales nucléaires en Ontario, au Nouveau-Brunswick, au Québec et au Manitoba, et une myriade d’autres à venir, l’industrie cherche désespérément un endroit où elle pourra se débarrasser de ces déchets (source en anglais). L’entreposage des déchets en surface comporte ses propres risques, surtout à long terme, en particulier si la société perd à un moment donné la capacité technique de gérer les déchets.

Malgré les nombreux risques et le fait qu’aucun site n’ait été défini pour l’enfouissement, l’industrie et les gouvernements cherchent à développer l’énergie nucléaire, non seulement grâce à des centrales nucléaires conventionnelles, mais également avec l’implantation de « petits réacteurs modulaires », facilement transportables dans l’ensemble du pays.

Dans les faits, l’énergie nucléaire est extrêmement coûteuse et les projets dépassent toujours les budgets prévus. De plus, la construction et la mise en service d’un réacteur prennent beaucoup de temps. Quant à l’élimination des déchets radioactifs, elle est coûteuse et elle présente de nombreux risques. Les énergies éolienne, solaire et géothermique avec stockage coûtent beaucoup moins cher – même que les prix diminuent chaque jour – et sont beaucoup moins risquées.

L’industrie doit trouver des moyens de traiter les déchets qu’elle a déjà produits, et l’enfouissement dans des dépôts soigneusement conçus semble être la méthode la plus sûre, mais il est temps de laisser le nucléaire et les combustibles fossiles derrière nous. Comme le confirme une étude de la Fondation David Suzuki, les énergies renouvelables – éolienne ou solaire, par exemple – s’avèrent une option beaucoup plus pratique, abordable et propre.