Décontaminer les sols d’anciens sites industriels avec des champignons ou encore planter des arbres pour mieux gérer les eaux de pluie dans un stationnement au cœur de la ville … Les solutions fondées sur la nature ne manquent pas et elles ont déjà fait leurs preuves chez nous! D’ailleurs, vous avez probablement entendu parler d’infrastructures naturelles (ou infrastructures vertes) … Mais qu’est-ce que c’est? Et, surtout, pourquoi est-ce crucial d’en tenir (vraiment) compte dans les plans d’aménagement du territoire (tout comme ceux de votre arrière-cour)?
L’expression « infrastructures naturelles » peut piquer votre curiosité! En fait, il s’agit de l’ensemble des éléments naturels qui fournissent des services bénéfiques au bien-être des humains et à l’ensemble des écosystèmes : de l’eau propre, des terres fertiles, de l’air pur, des températures vivables ou encore un climat stable. Sans ces services essentiels, la survie de l’Homme et toute autre espèce sur Terre serait tout simplement impossible.
Ces processus naturels, bien souvent invisibles, se produisent partout où on laisse la nature s’épanouir, que ce soit en ville, à la campagne, sur le bord d’une route ou en plein centre-ville. Une infrastructure naturelle peut être autant un vaste espace naturel (une forêt ou une tourbière) qu’un aménagement urbain végétalisé (un toit vert ou une platebande).
Intégrer les infrastructures naturelles dans les villes augmente non seulement la production de ces services essentiels pour les résident.e.s, mais permet également d’améliorer le bien-être collectif et la protection de l’espèce humaine contre les aléas des changements climatiques.
L’exemple de la forêt urbaine
Auparavant appréciés principalement pour leur valeur esthétique, les arbres en ville sont désormais reconnus comme une infrastructure naturelle indispensable. Ils nous fournissent de l’ombre et de la fraîcheur, filtrent l’air et diminuent les inondations en permettant à l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol. Les arbres situés le long des berges atténuent également l’érosion côtière et protègent les villes des crues. Avec l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des vagues de chaleur et des inondations, la forêt urbaine est une véritable alliée des villes pour s’adapter aux changements climatiques.
Les bienfaits de la forêt urbaine sont tels que les expert.e.s recommandent que la foresterie urbaine emploie l’approche du 3-30-300, soit que chaque résident.e puisse voir trois arbres de son domicile, vive dans un quartier avec une canopée d’au moins 30 % et soit situé à au plus 300 mètres d’un espace vert.
En plus de son pouvoir dépolluant et de protection, la forêt urbaine augmente également le bien-être physique et mental des résident.e.s. Plusieurs études démontrent en effet que la présence d’arbres et le contact avec les espaces verts diminuent les risques de maladies chroniques, comme l’obésité, le diabète et l’hypertension, et diminue le stress et la dépression. L’accès aux espaces verts aurait aussi des effets positifs sur la performance cognitive des adolescent.e.s. En fait, les bienfaits de la forêt urbaine sont tels que les expert.e.s de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) recommandent que la foresterie urbaine emploie l’approche du 3-30-300, soit que chaque résident.e puisse voir trois arbres de son domicile, vive dans un quartier avec une canopée d’au moins 30 % et soit situé à au plus 300 mètres d’un espace vert.
Pour que les bienfaits des arbres profitent à un plus grand nombre possible de communautés, il faut intégrer la forêt dans nos villes, là où habitent désormais plus de 80 % de la population au pays.
Quels sont les services que nous rendent les infrastructures « vertes »?
En plus des multiples co-bénéfices qu’elles apportent, les infrastructures naturelles permettent d’alléger le fardeau sur nos infrastructures conventionnelles, dites « infrastructures grises ». Par exemple, en permettant d’infiltrer et d’évaporer une plus grande quantité d’eau lors de fortes précipitations, la forêt urbaine réduit les coûts d’opération et rallonge la durée de vie des infrastructures grises. Ces coûts ont d’ailleurs été évalués à près de 16 millions et 54 millions de dollars par année pour Montréal et Toronto, respectivement.
Il est primordial que les villes adoptent une gestion intégrée de leurs infrastructures (vertes et grises) et qu’elles investissent dans la bonification et l’entretien de leurs infrastructures naturelles pour assurer leur performance à long terme.
Et contrairement aux infrastructures conventionnelles qui se dégradent avec le temps, la performance des infrastructures naturelles augmente! Considérant tous les bienfaits et les services que les infrastructures naturelles nous procurent, il est primordial que les villes adoptent une gestion intégrée de leurs infrastructures (vertes et grises) et qu’elles investissent dans la bonification et l’entretien de leurs infrastructures naturelles pour assurer leur performance à long terme.
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Aménager le territoire en préservant les espaces naturels existants
Une approche intégrée est également nécessaire à l’échelle du territoire pour freiner la destruction des milieux naturels dont les services et la biodiversité sont tout simplement irremplaçables. Dans le sud du Québec, l’étalement urbain continue de menacer les forêts et les milieux humides qui pourtant régénèrent nos ressources, augmentent notre résilience et nous aident à combattre les changements climatiques. On estime que près du tiers du carbone mondial est séquestré dans les tourbières.
Préserver ces écosystèmes et empêcher toute perte additionnelle devrait être au cœur d’une stratégie d’aménagement du territoire responsable afin de préserver les services, le bien-être et la sécurité que la nature nous procure.