Si nous voulons lutter contre la crise climatique, nous devons réduire les émissions liées au transport. Un bon transport collectif — rapide, fiable, abordable — peut nous aider à nous éloigner de la voiture à essence.
Pour être efficace, il est important que le transport collectif soit électrique : métro, train léger, trolleybus et autobus à batterie.
Le métro n’est viable que dans les grandes agglomérations comme Montréal, Toronto et Vancouver. Le train léger s’adapte bien à divers contextes. Calgary, Edmonton, Ottawa et Kitchener-Waterloo ont leur système de train léger. Toronto construit actuellement un réseau urbain qui sera très bénéfique pour la ville, en particulier pour les quartiers mal desservis par le transport collectif rapide. Il existe aussi un véhicule trop souvent sous-estimé : l’autobus électrique.
Les autobus électriques ont de nombreux atouts. Leur production est rapide, un avantage non négligeable face à l’escalade de l’urgence climatique.
L’électrification des autobus fait partie d’une approche globale d’électrifier la majeure partie de notre économie. Dans son rapport de 2019 « Zeroing in on Emissions », Tom Green, analyste des politiques à la Fondation David Suzuki, déclare que nous devons « électrifier presque tout ». Il écrit que « de nombreux projets de recherche concluent que l’électrification la plus intensive possible sera le pilier de la décarbonisation du Canada ».
Les transports représentent la seconde source de gaz à effet de serre au Canada, derrière le secteur pétrolier et gazier. En 2017 (année de la compilation la plus récente de données), le secteur des transports au Canada a contribué à l’émission de 174 millions de tonnes d’équivalent de CO2, contre 195 millions pour le secteur pétrolier et gazier.
Les autobus électriques offrent des avantages considérables en matière de réduction des émissions. Même dans des provinces comme l’Alberta, où l’énergie provient principalement de combustibles fossiles, les autobus électriques se comparent favorablement aux autobus au diesel. Clean Energy Canada, un groupe de réflexion de la Simon Fraser University, constate que « lorsqu’il est branché au réseau électrique d’Edmonton, un autobus à batterie émettra de 38 % à 44 % moins de CO2 qu’un véhicule équivalent au diesel. De plus, comme l’électricité se fait de plus en plus propre, les autobus le seront aussi. » Dans « Shifting Gears », un rapport de 2019 de la Fondation David Suzuki, on note que « l’électrification des autobus favoriserait la réduction des effets des GES liés au domaine des transports. »
La production d’autobus électriques contribue aussi à renforcer le secteur canadien des technologies propres et à créer des emplois.
La production d’autobus électriques contribue aussi à renforcer le secteur canadien des technologies propres et à créer des emplois. Notre pays compte de nombreuses entreprises qui produisent des véhicules pour les marchés intérieurs et internationaux. De nouvelles subventions fédérales pourraient donner un élan additionnel à ces entreprises. Citons, notamment, Nova Bus au Québec et New Flyer Industries à Winnipeg.
Cela pourrait même favoriser l’unité nationale. Les autobus pourraient soutenir les manufacturiers et les passagers à l’échelle du pays et démontrer la volonté d’Ottawa de stimuler le potentiel de toutes les régions. Il permettrait également au gouvernement d’afficher le message : « Le gouvernement du Canada soutient ce service de transport collectif propre. »
À l’heure où il prépare son budget annuel, le gouvernement fédéral devrait sérieusement réfléchir à cette option.
Pendant la campagne électorale, les Libéraux — maintenant un gouvernement minoritaire — se sont engagés à rendre permanent le financement du transport collectif (plutôt qu’occasionnel) et ont promis que les fonds augmenteraient de trois milliards chaque année. Ils ont aussi affirmé que, dans quelques années, les investissements en transport collectif subventionneraient les autobus et les véhicules ferroviaires qui n’émettraient pas de carbone.
Dans sa lettre de mandat à Catherine McKenna, ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, le premier ministre l’a chargée de mener à bien ces engagements : « Rendre permanent l’engagement du gouvernement fédéral de financer le transport en commun et augmenter ce financement en fonction des coûts de construction au fil du temps. Veiller à ce que les nouveaux investissements fédéraux dans le transport en commun servent à appuyer les autobus et les réseaux ferroviaires à zéro émission à compter de 2023. »
Les scientifiques nous rappellent l’urgence de réduire radicalement nos émissions au cours de la prochaine décennie.
Il s’agit là de sages mesures politiques. Nous devons nous assurer qu’elles soient implantées, voire renforcées, rapidement. Les scientifiques nous rappellent l’urgence de réduire radicalement nos émissions au cours de la prochaine décennie.
Pour profiter de ces occasions et empêcher la production d’autobus électriques de filer vers les États-Unis, le gouvernement doit agir rapidement. Clean Energy Canada fait valoir que « le Canada compte de nombreux fabricants d’autobus électriques chefs de file en Amérique du Nord qui, à l’heure où le monde passe à l’électrification du transport collectif, sont bien positionnés pour en profiter, à condition que les instances de transport et les législateurs saisissent la balle au bond.
Certaines villes ont déjà acheté des autobus électriques, mais le nombre reste encore marginal. Toronto vient d’en acheter 60 (sur les 2 000 autobus que compte sa flotte). Edmonton en a récemment commandé 40 (sur environ 1 000). Ce sont là de bons premiers pas, mais de nouveaux investissements fédéraux pourraient leur donner un effet turbo.
Ottawa entend subventionner les véhicules à zéro émission à compter de 2023. Cela signifie que le gouvernement pourrait financer des autobus au diesel pendant trois ans encore. En pleine crise climatique, cela n’a aucun sens.
Le Canada dispose déjà de la technologie pour produire des autobus électriques de grande qualité et créer ainsi de bons emplois. À la veille du prochain budget fédéral, assurons-nous qu’un transport collectif plus propre soit la priorité.
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez