Des déchets plastiques sur le rivage.

À ce rythme, la quantité de plastique dans l’océan dépasserait celle de poisson d’ici 2050. (Photo : Collab Media via Pexels)

L’utilisation du plastique n’est généralisée que depuis 75 ans environ. Maintenant, il est partout. Des sommets les plus élevés aux océans les plus profonds, de l’Arctique à l’Antarctique, des vortex tourbillonnant dans l’océan à l’air en passant par nos corps, le plastique sous toutes ses formes, y compris les particules de microplastique et de nanoplastique, a transformé notre planète et nos vies.

Les gouvernements se réunissent à Genève, en Suisse, du 5 au 14 août, pour les négociations finales d’un traité mondial juridiquement contraignant visant à lutter contre la pollution plastique, y compris dans le milieu marin. Le traité « exhaustif » aborderait « le cycle de vie complet du plastique, y compris sa production, sa conception et son élimination ».

Les négociations auraient dû s’achever en décembre en Corée du Sud, mais les pressions exercées par les industries des combustibles fossiles et des produits chimiques et les pays producteurs de combustibles, dont l’Arabie saoudite, l’Iran, la Russie et la Chine, ont bloqué le processus (article en anglais).

Presque tout le plastique est fabriqué à partir de pétrole et de gaz; une grande partie est maintenant un produit de l’industrie du gaz extrait par fracturation hydraulique. La planète entière tente de s’éloigner des combustibles fossiles polluants responsables des changements climatiques, mais l’industrie cherche toujours d’autres moyens de continuer à récolter d’énormes profits. Le fait d’encourager l’utilisation du plastique est en haut de la liste (tout comme vanter de manière fallacieuse le gaz « naturel » comme solution de lutte contre les changements climatiques).

Mais le plastique pose autant de problèmes que le pétrole et le gaz avec lequel il est fabriqué.

Mais le plastique pose autant de problèmes que le pétrole et le gaz avec lequel il est fabriqué. De plus, comme c’est le cas pour les impacts causés par la combustion de combustibles fossiles, la pollution plastique affecte de manière disproportionnée les personnes et les communautés vulnérables et marginalisées.

L’une des raisons de ce problème est que les pays riches exportent une grande partie de leurs déchets vers des pays plus pauvres dotés de réglementations environnementales laxistes ou inexistantes et de systèmes de gestion des déchets inadéquats, phénomène connu sous le nom de « colonialisme des déchets ». Les plastiques exportés sont censés être recyclés, mais ils sont souvent brûlés ou rejetés dans l’environnement. Certains pays ont interdit les importations, y compris la Chine, qui recevait autrefois près de la moitié des déchets plastiques de la planète. Cela signifie que davantage de déchets sont maintenant exportés vers des pays plus petits.

Les pays exportateurs tentent désespérément de trouver des endroits où envoyer leurs déchets, mais nous continuons à en produire toujours plus. Selon le Partenariat mondial d’actions sur le plastique (Global Plastic Action Partnership), 460 millions de tonnes sont produites par année sur la planète (contre 2 millions de tonnes en 1950), et seulement 9 % sont recyclés. Sans intervention, la production pourrait tripler d’ici 2060, coûter des centaines de milliards de dollars, polluer l’air, l’eau et la terre et tuer de nombreuses plantes et animaux, y compris les êtres humains. À ce rythme, la quantité de plastique dans l’océan dépasserait celle de poisson d’ici 2050 (source en anglais).

Pour être efficace, le traité doit reconnaître les droits autochtones et le rôle des savoirs autochtones dans la mise en œuvre du traité.

Le plastique est pratique; il est léger, solide, mais flexible, résistant à la corrosion et étanche. Il peut être moulé dans n’importe quelle forme, et il peut être clair ou de n’importe quelle couleur. Mais comme c’est le cas de beaucoup de choses dans nos sociétés de consommation extrême, nous en produisons et en utilisons beaucoup trop. Pendant mon enfance, personne n’utilisait de sacs en plastique, d’emballages ou de pailles. Plus de la moitié du plastique jamais produit l’a été depuis l’année 2000 (article en anglais). On trouve maintenant du plastique dans le cerveau, le foie, les reins, les articulations, les organes reproducteurs, les os et le sang humains.

Le traité est nécessaire et doit intégrer les principes de l’« économie circulaire » dans la lutte contre la pollution plastique. Mais nous devons résister à l’influence de l’industrie des produits chimiques et des énergies fossiles. En raison de cette influence, les références à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et les droits de l’homme qui figuraient dans les versions précédentes ont été supprimées du projet de traité de décembre, et cela même si les communautés autochtones sont exposées de manière disproportionnée à des préjudices toxiques importants et systémiques découlant de la production de plastique et de la pollution à l’échelle de la planète.

Pour être efficace, le traité doit reconnaître les droits autochtones et le rôle des savoirs autochtones dans la mise en œuvre du traité. Il devrait également adopter une approche fondée sur les droits de la personne qui favorise la justice environnementale et prévient le racisme environnemental, reconnaissant le droit humain à un environnement sain.

La quantité de plastique produite devrait être plafonnée à l’échelle mondiale et les produits en plastique non essentiels à usage unique devraient être interdits.

La quantité de plastique produite devrait être plafonnée à l’échelle mondiale et les produits en plastique non essentiels à usage unique devraient être interdits. Les produits chimiques préoccupants présents dans le plastique ou utilisés pour sa fabrication devraient être interdits ou restreints.

Nous devons également utiliser tous les instruments juridiques internationaux existants, y compris les Conventions de Bâle, Rotterdam et Stockholm (CBRS) sur les produits chimiques et les déchets dangereux (en particulier les modifications à la Convention de Bâle portant interdiction et concernant les déchets de plastique), les objectifs d’élimination progressive des énergies fossiles et les engagements en matière de subventions aux combustibles fossiles de l’Accord de Paris, et les objectifs en matière de pollution plastique du Cadre mondial de la biodiversité.

Une coalition de « Haute Ambition » (High Ambition Coalition) composée de 70 pays, dont le Canada, l’Union européenne, l’Australie et le Royaume-Uni, s’est engagée à une « action urgente et des interventions efficaces tout au long du cycle de vie des plastiques » pour mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040.

Nous ne devons pas laisser l’industrie affaiblir ou bloquer cet accord plus que nécessaire.