Est-ce que l’état de notre santé est relié à celle de notre environnement? Devrions-nous mieux protéger notre environnement afin de protéger notre santé et celles de nos communautés? Quels sont les impacts de la pollution sur notre système de santé publique? Découvrez le point de vue du Dr Éric Notebaert, médecin et membre du Cercle scientifique David Suzuki.
1. Selon vous, est-ce qu’il existe un lien direct entre la santé humaine et celle de l’environnement?
Oui, il y a un lien direct entre les deux. L’impact est majeur dans les pays du Sud, mais il se fait sentir de plus en plus dans les pays du Nord, même si c’est encore dans une moindre mesure. Un des problèmes majeurs est la pollution de l’air. L’augmentation du CO2, des oxydes d’azote, des composés organiques volatiles associés à la présence intense de l’automobile cause de nombreux problèmes de santé publique. Cela entraîne notamment dans nos villes une augmentation des problèmes cardiovasculaires, des cancers du poumon, de problèmes respiratoires chroniques ou bien encore une incidence plus élevée de bébés de petit poids dans les quartiers à forte densité de circulation. Dans les villes où il y a peu de transport en commun ou de transport actif, on remarque d’autres problèmes comme l’obésité, l’isolement social (surtout chez les plus vulnérables), l’anxiété, la dépression, voire plus de suicides, et une plus forte criminalité. Et ce ne sont que quelques-uns des nombreux impacts. Entre autres choses, je pense que pour améliorer la situation, il faudrait penser la ville pour l’humain en premier, non pour des considérations économiques … ou pour l’automobile!
2. Depuis le début de votre carrière, avez-vous remarqué une augmentation des cas de maladies reliées aux problèmes environnementaux?
3. Est-ce que les conditions météorologiques influencent votre charge de travail?
Oui, lors de vagues de chaleur intense par exemple. Entre autres, on voit des gens qui vivent dans des zones d’îlots de chaleur, qui souffrent de déshydratation extrême et qui en décèdent. Les jeunes travailleurs aussi peuvent être touchés. Il y a des gens qui travaillent à l’extérieur, qui font des coups de chaleur très graves, et peuvent en mourir! C’est un problème de santé publique important. Autre exemple, les grands événements sportifs comme les marathons posent aussi des problèmes pour le système de santé publique. On devrait même en annuler certains quand les conditions météo sont trop dangereuses (trop de smog ou trop de chaleur), mais on ne le fait pas malheureusement…Ce serait mauvais pour le tourisme, je suppose!
4. Autre que l’air, pouvez-vous identifier d’autres sources de pollution qui ont un impact direct sur la santé et sur votre travail?
L’eau! Quand il ne pleut pas beaucoup, on retrouve une concentration de polluants et de bactéries plus élevée. Des risques plus élevés d’infections, voire d’épidémies, ou d’exposition à des toxines, des pesticides, des composés organiques volatiles apparaissent. On note aussi une augmentation des cancers de la peau à cause des rayons ultra-violets. Autre exemple, plusieurs projets industriels, dont les mines, ont des impacts sur la santé publique. Nous allons d’ailleurs travailler d’ici peu sur les problèmes importants associés aux mines d’uranium. Le lien entre les problèmes environnementaux et la santé est bien réel.
5. En tant que médecin, croyez-vous qu’une modification à la Constitution canadienne pour y inclure le droit à un environnement sain aurait un impact direct sur la santé des citoyens?
Oui, le droit à un environnement sain permettra de mieux protéger notre environnement et cela aura inévitablement des répercussions positives dans le domaine de la santé. Il est clair que s’il n’y a pas un encadrement juridique plus strict, on n’aura pas le contrôle adéquat. Il faut que tous les paliers gouvernementaux, les industries et les décideurs soient contraints à protéger adéquatement l’environnement avant de poser des gestes aux conséquences parfois catastrophiques. Si on lance des projets sans en avoir bien mesuré les conséquences sur l’environnement, la pollution associée pourra parfois durer des siècles ! Et je pense ici tout particulièrement aux mines d’uranium. C’est fondamental de penser aux générations à venir et pour cela, il faut des lois plus coercitives, cela me semble évident. Ne pas le faire relève de l’irresponsabilité, tout simplement.
Propos recueillis par David Nathan
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