Le festival Fierté Montréal, qui fête la diversité sexuelle et la pluralité des genres des communautés 2ELGBTQI+, s’est tenu du 3 au 13 août 2023. De nombreuses festivités ont eu lieu, hautes en célébrations, en revendications et en couleurs, à l’image du drapeau éclatant de la fierté.
La nature y a d’ailleurs toute son importance, comme le rappelle l’une des interprétations de la bande verte. Toutefois, les enjeux queers, de même que les enjeux climatiques, sont un processus de luttes constantes et qui sont interreliées.
Dans ce contexte, la Fondation David Suzuki a rencontré Nicolas Chevalier, un.e étudiant.e au baccalauréat en sciences environnementales à l’Université Concordia. Iel est également militant.e de Justice climatique Montréal, ainsi que membre de Resource Movement et du comité Inclusion et justice sociale pour le Front commun pour la transition énergétique.
C’est à travers l’organisation, la mobilisation et l’éducation, qu’iel s’investit maintenant depuis sept ans, tout en apportant des réflexions par rapport à son identité non-binaire.
Base commune et résistance
Les questions environnementales et climatiques, tout comme les enjeux queers découlent de racines communes : le colonialisme, le capitalisme, le patriarcat et le capacitisme. Ces injustices définissent majoritairement les sociétés occidentales actuelles, qui imposent leurs normes et leur vision du monde.
« Jusqu’à il y a deux ans, une personne immigrante trans au Québec ne pouvait pas changer la mention de son sexe sur ses papiers officiels avant sept ans de résidence. Cela veut dire qu’il fallait qu’elle endure de passer sept ans à essayer de louer des appartements et à se faire traiter de fraudeuse, » témoigne Nicolas Chevalier.
L’environnement regorge pourtant d’une diversité de genres, bien que le modèle binaire et anthropocentrique soit dominant. Par exemple, l’homosexualité existe chez de nombreuses espèces animales et végétales, comme le manchot mâle.
Dans cette perspective, l’écologie queer vise à modifier les paradigmes hétéronormatif et à abandonner les manières dichotomiques de concevoir la nature, en différenciant les idéologies sociales enracinées du monde naturel. Il s’agit de modifier le langage et les théories scientifiques, en laissant la place à l’interdépendance et à la fluidité.
La nature peut être libre d’être ce qu’elle veut, ainsi que d’avoir une certaine harmonie et sollicitude.
« La nature peut être libre d’être ce qu’elle veut, ainsi que d’avoir une certaine harmonie et sollicitude. Contrairement à la société patriarcale, il existe une volonté de relation entre les éléments, » explique l’étudiant.e en sciences environnementales.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que certains des plus grands rassemblements de personnes queer ont souvent lieu dans des zones rurales et sauvages.
« Lorsque l’on parle de nature, on pense notamment aux endroits dépourvus d’empreinte industrielle, occidentale, d’accumulation, de destruction et d’extraction. Cela fait que l’on se retrouve dans un environnement qui est davantage en harmonie avec les relations humaines et qui peut être redéfini collectivement, » ajoute Nicolas Chevalier.
Injustices environnementales
Tout comme d’autres communautés marginalisées, les collectivités queers sont touchées de façon disproportionnée par les injustices environnementales. Celles-ci résultent notamment de disparités sociales, économiques et en matière de santé déjà existantes.
En temps de crise, les personnes queers peuvent alors être dépourvues du capital social et du soutien des communautés, ce qui fragilise leur résilience face aux événements naturels destructeurs, comme les montées des eaux, les tempêtes ou les températures extrêmes.
Par conséquent, les changements climatiques impactent davantage leur accès au logement et aggravent les risques associés à la santé physique et mentale, tels que l’éco-anxiété.
Dans ce cadre, l’éthique de la sollicitude (ou du care), tient une place prépondérante dans le tissage de liens interpersonnels. Elle permet aux personnes qui ressentent les mêmes craintes de se soutenir mutuellement.
Le fait de se retrouver dans un cercle de gens qui partagent une vision d’un avenir possible, ça donne de l’énergie, de l’espoir et une possibilité de continuer en sachant qu’on n’est pas seul.e.s.
Nicolas Chevalier
« Le fait de se retrouver dans un cercle de gens qui partagent une vision d’un avenir possible, ça donne de l’énergie, de l’espoir et une possibilité de continuer en sachant qu’on n’est pas seul.e.s, » témoigne Nicolas Chevalier.
Par ailleurs, le mouvement environnemental et les lieux d’organisation attenants, n’offrent pas toujours l’espace et le temps nécessaires pour se concentrer sur les besoins, les vulnérabilités et les préoccupations des personnes queers. Il est toutefois nécessaire d’ouvrir le dialogue à d’autres possibilités et d’intégrer de nouveaux éléments essentiels dans les luttes pour le climat.
« Il faut apprendre à vivre avec une certaine complexité, à travailler avec nos points communs, tout en acceptant et en apprenant de nos différences, » complète l’étudiant.e au baccalauréat en sciences environnementales, pour qui la patience, la sollicitude et la compréhension mutuelle sont les maîtres mots.
Il faut apprendre à vivre avec une certaine complexité, à travailler avec nos points communs, tout en acceptant et en apprenant de nos différences.
Ainsi, des recommandations politiques et communautaires doivent être de mises afin d’intégrer les droits et la libération queer dans le travail sur la justice environnementale, ainsi que de renforcer la résilience des communautés et de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte dans l’adaptation à la crise climatique.