« Nous innovons, explique Daniel Bida, directeur général de ZooShare, à Toronto. Nous sommes la seule coopérative à posséder et à financer des installations de biogaz au Canada. »
Daniel Bida nous explique que ZooShare, qui ouvrira ses portes en mai 2019, traitera les déjections animales et des matières organiques commerciales dans un digesteur pour les transformer en biogaz, lequel servira à produire de la chaleur et de l’électricité.
L’idée a germé dans l’esprit de cet analyste financier à la barbe fournie et au sourire optimiste, diplômé de l’Université McMaster, il y a plusieurs années. Inspiré par Wind Share, la coopérative d’éoliennes de la ville, il a réuni un groupe d’ingénieurs et a entamé des discussions avec le zoo de Toronto en 2010.
Le modèle de financement communautaire, selon lequel les membres achètent des obligations d’une durée de cinq à sept ans à un taux de cinq à sept pour cent, expose le promoteur à des risques. « En général, pour un projet de ce genre, on doit avoir une partie des fonds nécessaires dès le départ, mais nous avons lancé ce projet pratiquement sans un sou en poche », raconte Daniel Bida.
Au fil du temps, ZooShare a récolté plus de quatre millions de dollars par l’intermédiaire de son émission d’obligations, ce qui indique que les investisseurs considèrent les projets d’énergies renouvelables comme un placement intéressant.
ZooShare fait d’une pierre deux coups : le projet offre une solution aux problèmes de production d’énergie, mais également à celui des déchets alimentaires.
Chaque tonne de matières organiques dirigée vers les installations de ZooShare, plutôt que vers une décharge, engendre une réduction de 1,39 tonne de dioxyde de carbone.
Daniel Bida
Dans son nouveau livre, Drawdown, Paul Hawken explique que les déchets alimentaires produisent plus de quatre milliards de tonnes d’émissions de GES par année dans le monde. Il place la réduction des déchets alimentaires au troisième rang, sur cent, des outils les plus efficaces pour contrer le changement climatique.
Les aliments délaissés, avariés et emballés prennent habituellement le chemin de la décharge, où ils génèrent ensuite du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Les installations de ZooShare, quant à elles, captent le méthane et le détruisent par combustion.
« Chaque tonne de matières organiques dirigée vers nos installations, plutôt que vers une décharge, engendre une réduction de 1,39 tonne de dioxyde de carbone », explique Daniel Bida.
« Le digestat est idéal pour la culture du maïs, entre autres. Il contient beaucoup d’azote et est plus efficace que le fumier comme engrais », explique Daniel Bida.
J’ai demandé à Daniel si la production de biogaz local était à la portée de toutes les collectivités canadiennes, ou s’il fallait absolument avoir un zoo à proximité. Selon lui, la participation d’un zoo aide sans aucun doute à faire connaître un projet, mais elle n’est pas essentielle.
« Si vous avez un endroit pour votre installation dans votre ville et des investisseurs, vous pouvez y arriver, explique-t-il. Notre modèle de financement communautaire peut être utilisé ailleurs et nous pouvons partager les fruits de notre expérience. »
Et pourquoi le biogaz? Voici sa réponse : « J’ai toujours été intéressé par la manière dont nous gérons les déchets. »
Il a également retiré une satisfaction dans cette dure aventure de huit ans avec ZooShare.
« Je voulais emprunter le chemin difficile — démarrer ma propre entreprise — et l’énergie solaire me semblait trop facile! »