Les phytotechnologies : la nature à la rescousse des villes

Green roof building

Les villes devront intégrer des solutions basées sur la nature pour augmenter leur résilience, préserver la qualité de vie de leurs communautés et diminuer la pollution à l’environnement. (Photo : CHUTTERSNAP via Unsplash )

Le XXe siècle pourrait être baptisé « le siècle de l’urbanisation ». Au Canada, c’est plus de 80 % de la population qui habite désormais les villes. Malgré les nombreux avantages des centres urbains, une forte densité urbaine et les surfaces asphaltées amènent toutefois des obstacles au bon maintien d’un environnement sain et sécuritaire.

On doit penser à la gestion des déchets, à l’évacuation des eaux usées domestiques et des eaux de pluie, à l’approvisionnement des résident.e.s en eau potable et à la réduction de la pollution – aussi bien de l’air que sonore – et aux îlots de chaleur… Bien que les infrastructures conventionnelles soient généralement capables de combler ces besoins, elles ne sont cependant pas à niveau pour faire face aux effets des changements climatiques du XXIe siècle, comme l’augmentation des précipitations et des vagues de chaleur. Les villes devront donc intégrer des solutions basées sur la nature pour augmenter leur résilience, préserver la qualité de vie de leurs communautés et diminuer la pollution à l’environnement. Les solutions sont déjà dans la nature!

Les phytotechnologies, un choix tout naturel

La phytotechnologie est la science ou les approches qui utilisent les plantes pour résoudre les problèmes environnementaux. Les plantes et les microorganismes qui vivent près de leurs racines fonctionnent comme des petites usines qui modifient la chimie du sol en décomposant les nutriments en plus petites molécules qu’elles peuvent ensuite absorber. Ce faisant, elles consomment beaucoup d’eau et produisent alors de l’oxygène et de la vapeur d’eau.

La phytotechnologie maximise donc ce que la nature fait déjà très bien et permet de l’appliquer à des besoins précis pour décontaminer les sols et l’eau, prévenir les inondations et les surverses et filtrer l’air.

Incroyable, mais vrai : il est ainsi possible de décontaminer des anciens sites industriels en faisant pousser des arbres! C’est même une alternative beaucoup plus écologique et abordable aux approches conventionnelles.

Les arbres, les toits et murs végétalisés, les marais filtrants ou encore les barrières sonores végétales ne sont que quelques exemples de phytotechnologies. Finalement, la nature détient déjà les secrets de fabrication de technologie de pointe!

Le défi de la gestion des eaux usées

La gestion des eaux usées reste un problème de taille pour les villes, particulièrement les épisodes de surverse qui se produisent après une forte pluie ou pendant la fonte des neiges. Une pluie abondante va tout simplement surcharger l’usine de traitement qui devra rejeter l’eau usée directement dans le cours d’eau récepteur sans la traiter.

Dans les villes qui ont un système d’égout combiné (c’est-à-dire, qui reçoit à la fois les eaux usées domestiques et les eaux pluviales), c’est de l’eau de pluie mélangée à l’eau souillée domestique qui se déverse dans les rivières. Pensez-y : tout ce que vous « flushez » se retrouve tel quel dans le cours d’eau, en plus de toute la pollution que la pluie aura ramassée dans la rue sur son chemin vers les bouches d’égout (des déchets, des produits chimiques et des sédiments). Ça ne donne pas envie d’aller se baigner…

On estime qu’un volume d’eau usée équivalant à ce qui passe par les chutes du Niagara en 24 heures est rejeté annuellement dans les cours d’eau.

Il s’agit là d’un problème de pollution courant au Canada où on estime qu’un volume d’eau usée équivalant à ce qui passe par les chutes du Niagara en 24 heures est rejeté annuellement dans les cours d’eau. Au Québec, près de 53 000 déversements ont eu lieu en 2020, soit 145 déversements par jour!

Il est possible de réduire ces surverses, entre autres, en installant des ouvrages qui permettent de naturellement filtrer, retenir, ralentir, infiltrer et évaporer l’eau de pluie et l’eau de ruissellement et donc de réduire le volume et le débit de pointe. On appelle cela la biorétention. Ces phytotechnologies permettent ainsi de diminuer la fréquence des surverses et la pollution des cours d’eau récepteurs. En plus d’être efficaces, abordables et écologiques, les biorétentions verdissent les rues, ce qui améliore aussi notre qualité de vie.

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Faire beaucoup plus que résoudre des problèmes

Puisqu’elles utilisent les plantes, les phytotechnologies contribuent naturellement à verdir les villes, ce que les infrastructures conventionnelles (aussi dites « grises ») ne font pas. Au-delà de la dimension esthétique, les arbres et les plantes sont bénéfiques pour la santé humaine. Ils réduisent les îlots de chaleur et la mauvaise qualité de l’air, qui, à elle seule, est responsable de près de 15 000 morts prématurées par année au pays. Plusieurs études démontrent aussi que la présence d’arbres et le contact avec les espaces verts diminuent l’obésité et le diabète, en plus du stress et de la dépression.

Laissons donc la nature faire ce qu’elle sait faire de mieux afin de créer de véritables villes vertes, saines et résilientes face aux changements climatiques!

Du côté des bâtiments, les phytotechnologies telles que les toits verts et les murs végétalisés prolongent la durée de vie du parc immobilier, augmentent l’efficacité énergétique des bâtiments et embellissent le paysage et le confort urbain. Tous ces bénéfices améliorent de beaucoup la qualité de vie des résidents et l’empreinte écologique des villes.

Étant donné les champs d’application presque infinis des phytotechnologies et de tous les bénéfices qu’elles nous apportent, laissons donc la nature faire ce qu’elle sait faire de mieux afin de créer de véritables villes vertes, saines et résilientes face aux changements climatiques!

Demandez à Ottawa de protéger et restaurer la nature!