Plusieurs au Canada et partout dans le monde exigent des changements à grands coups de manifestations, de pétitions, de lettres, de votes et de poursuites judiciaires. Nous ne pouvons pas laisser l’industrie des combustibles fossiles étouffer nos voix. Cette COP28, dont les hôtes tirent profit de l’industrie pétrolière, met en lumière le pouvoir d’influence de ces grandes sociétés, tout comme les efforts démesurés des lobbyistes.

Les nouvelles deviennent plus alarmantes chaque jour : les températures battent des records partout dans le monde. Les gaz à effet de serre atteignent des taux sans précédent. Le niveau de la mer augmente à un rythme effrayant. La chaleur record favorise des épidémies. Notre planète menace de se réchauffer de 3 °C. Les avertissements des scientifiques se font plus pressants que jamais.

Malgré les accords mondiaux et les progrès rapides de la technologie des énergies renouvelables, l’atteinte des objectifs issus de la COP21 de 2015 à Paris demeure très loin du but. Pourquoi tant de gens persistent-ils à ignorer la crise? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous rendre à l’évidence devant l’échec de notre système économique de consommation qui carbure aux combustibles fossiles? De nouvelles approches et stratégies s’avèrent plus que nécessaires.

Pouvons-nous nous attendre à plus d’ambition alors que des délégué.e.s de nombreux pays se réunissent aux Émirats arabes unis pour la 28e Conférence des États signataires pour la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP28)? La situation porte au cynisme : la conférence se tient cette année dans un pays producteur de pétrole et est présidée par un directeur de l’industrie pétrolière.

La situation porte au cynisme : la conférence se tient cette année dans un pays producteur de pétrole et est présidée par un directeur de l’industrie pétrolière.

L’événement présente néanmoins des avenues intéressantes, notamment à la lumière des engagements récents des deux plus grands pollueurs du monde. En effet, les États-Unis et la Chine ont promis de collaborer pour accélérer la lutte contre les changements climatiques (article en anglais). La COP28 s’avère aussi une occasion en or pour que notre propre pays, aussi producteur de pétrole, endosse un rôle de leadership en réponse à l’urgente demande de planification et de solutions. Cela se révèle d’autant plus important puisque les principaux responsables du problème sont une poignée de pays industrialisés, surtout ceux au sommet de l’échelle économique. (Une nouvelle étude, en anglais, démontre d’ailleurs que le 1 % le plus riche de l’humanité se trouve responsable de plus d’émissions de carbone que les deux tiers les plus pauvres!)

Plusieurs au Canada et partout dans le monde exigent des changements à grands coups de manifestations, de pétitions, de lettres, de votes et de poursuites judiciaires. Nous ne pouvons pas laisser l’industrie des combustibles fossiles étouffer nos voix. Cette COP28, dont les hôtes tirent profit de l’industrie pétrolière, met en lumière le pouvoir d’influence de ces grandes sociétés, tout comme les efforts démesurés des lobbyistes. En effet, plus de 600 lobbyistes de l’industrie pétrolière et gazière étaient à la conférence de l’an dernier, soit 25 pour cent de plus que l’année précédente, éclipsant la représentation des peuples autochtones, des Nations africaines et des organismes environnementaux.

À long terme, il faudra nous tourner vers de nouveaux systèmes, mais les leaders mondiaux doivent aussi se pencher sur les problèmes immédiats et leurs solutions.

L’industrie exerce une influence énorme sur les gouvernements du Canada et d’ailleurs. Malgré les promesses annuelles des pays industrialisés d’y mettre fin, et ce, depuis 2009, les subventions mondiales à l’industrie la plus lucrative de l’histoire continuent d’augmenter. Elles totalisent jusqu’à 7 billions de dollars américains par année, ou 13 millions de dollars par minute!

À long terme, il faudra nous tourner vers de nouveaux systèmes, mais les leaders mondiaux doivent aussi se pencher sur les problèmes immédiats et leurs solutions. Les avantages d’un abandon progressif du charbon, du gaz et du pétrole demeurent indiscutables, surtout si l’on s’investit dans une transition juste et équitable vers des modes de vie moins polluants et vers des sources d’énergie plus propres.

L’objectif le plus critique reste de ralentir et de prévenir l’escalade des conséquences d’un climat en réchauffement – des sécheresses et inondations aux dômes de chaleur et ouragans – pour que les êtres humains puissent survivre et vivre confortablement. Le renoncement progressif aux combustibles fossiles réduira la pollution ainsi que les coûts et enjeux de santé qui y sont liés, en plus de contribuer à combattre la crise de l’abordabilité. Même en considérant les technologies de stockage, l’énergie issue de sources éoliennes et solaires, notamment, coûte maintenant moins cher que celle issue du gaz, du pétrole et du charbon – et les prix continuent de baisser.

Nous ne pouvons reporter la gestion de cet enjeu; encore moins la laisser entre les mains des enfants et des générations à venir.

L’instabilité des marchés des combustibles fossiles n’est plus à prouver. L’industrie tire parti des crises mondiales comme les guerres et le désespoir économique pour faire gonfler ses profits. Devant la rareté des réserves, les coûts augmentent; l’industrie doit d’ailleurs se tourner progressivement vers des combustibles plus polluants, comme les sables bitumineux, dont l’extraction et le traitement s’avèrent coûteux et difficiles. L’énergie renouvelable ne se tarit jamais; l’amélioration des technologies de stockage et la mise à jour des réseaux électriques la rendent également plus stable et viable que jamais.

Menée à bien, la fin de l’ère des combustibles fossiles favorisera aussi l’égalité économique. La consommation qui carbure aux combustibles fossiles sert principalement les producteurs les plus polluants et nuit disproportionnellement aux populations directement affectées par l’instabilité des marchés et les hausses de prix.

Nous ne pouvons reporter la gestion de cet enjeu; encore moins la laisser entre les mains des enfants et des générations à venir. La crise climatique bat son plein et elle engendre une panoplie d’autres crises, dont des problèmes d’abordabilité et l’extinction de nombreuses espèces. Les gouvernements de tous les paliers doivent s’allier à l’industrie et écouter les appels à l’action des scientifiques et des citoyen.ne.s pour réduire les émissions au plus vite. Cela signifie de laisser les combustibles fossiles dans la terre!