Le réchauffement climatique n’est pas un enjeu partisan — ou ne devrait pas l’être. Les nombreux spécialistes qui émettent de sérieuses mises en garde contre les conséquences des perturbations climatiques évoluent au sein de régimes politiques divers, de la démocratie libérale à la dictature autocratique, et sont associés à des organismes comme le département de la Défense américaine, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et à une multitude d’universités et d’autres organismes.
En 1988, lorsque James Hansen, un scientifique de la NASA, a déclaré devant le Congrès que les preuves du réchauffement planétaire causé par l’humain étaient presque indéniables, des politiciens conservateurs, dont Margaret Thatcher au Royaume-Uni, George H.W. Bush aux États-Unis et Brian Mulroney au Canada, ont convenu qu’il fallait agir. Dans ma province, la Colombie-Britannique, un gouvernement de droite, le Parti libéral, a instauré une taxe sur le carbone en 2008.
… les politiciens de partis qui se souciaient autrefois de l’avenir s’accordent pour minimiser ou nier les perturbations climatiques d’origine humaine…
Aujourd’hui, alors que la situation nous contraint à prendre des mesures de plus en plus urgentes — le dernier rapport du GIEC indique qu’il nous reste environ 12 ans pour contenir les émissions pour éviter la catastrophe — les politiciens de partis qui se souciaient autrefois de l’avenir s’accordent pour minimiser ou nier les perturbations climatiques d’origine humaine et font obstacle aux plans élaborés pour y faire face.
Les États-Unis offrent un triste exemple. Malgré un rapport détaillé compilé par plus de 300 scientifiques et approuvé par une dizaine d’organismes, dont la NASA, la NOAA et le département de la Défense, selon lequel les changements climatiques menacent l’économie, le mode de vie et la santé humaine aux États-Unis, le président a répondu : « Je n’y crois pas ».
Au Canada, les politiciens prétendent prendre les changements climatiques au sérieux, mais rejettent les plans d’action visant à les atténuer sans proposer de meilleures solutions. Certains dirigeants provinciaux et fédéraux gouvernent ou font campagne en s’appuyant sur le rejet de la tarification du carbone, un outil éprouvé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une telle position est plutôt étonnante, étant donné que la tarification du carbone est une stratégie fondée sur le marché, alors que la réglementation gouvernementale qui serait nécessaire en son absence est généralement rejetée par les idéologues conservateurs.
La perturbation du climat, l’extinction des espèces, la pollution par le plastique et la contamination de l’eau et de l’air sont autant de symptômes de notre vie de gaspillage et de consommation, dans laquelle le profit est roi.
À vrai dire, peu de politiciens se posent en grands défenseurs du climat, quelle que soit leur allégeance politique. Notre gouvernement fédéral a quelques bonnes politiques en matière de climat, comme la tarification du carbone, mais il continue de favoriser l’expansion des oléoducs et l’exploitation des sables bitumineux. Il a même édulcoré les plans de tarification du carbone pour apaiser l’industrie.
Le gouvernement néo-démocrate de l’Alberta avait également mis en œuvre de bonnes politiques et encouragé les énergies propres. Mais, en faisant la promotion des oléoducs et de l’industrie des combustibles fossiles pour séduire une base électorale dépendante du pétrole, le parti s’est aliéné les jeunes et ceux qui se soucient du climat et de l’avenir.
Je suis déconcerté de voir tant de gens s’opposer à la protection de l’environnement, à l’assurance que la Terre reste habitable pour les humains et les autres formes de vie. Il n’est pas très difficile de constater que nous avons failli à plusieurs égards. La perturbation du climat, l’extinction des espèces, la pollution par le plastique et la contamination de l’eau et de l’air sont autant de symptômes de notre vie de gaspillage et de consommation, dans laquelle le profit est roi. Il est suicidaire de donner la priorité à un système économique relativement récent, conçu à une époque où les conditions étaient très différentes, au détriment des éléments mêmes qui assurent notre santé et notre vie.
Il est clair que les gouvernements n’abordent pas l’urgence climatique avec le sérieux qu’elle exige. Ils préfèrent se concentrer sur les gains économiques à court terme et les cycles électoraux.
En cette année électorale au Canada, nous devons nous assurer que le climat et l’environnement soient des priorités pour tous les partis.
On ne peut pas mettre fin à notre consommation de combustibles fossiles ou à l’exploitation des sables bitumineux du jour au lendemain. Mais, si on ne commence pas quelque part, on n’ira nulle part. Nous sommes plusieurs à parler du réchauffement de la planète depuis des décennies. Or, les émissions ont continué d’augmenter, l’exploitation pétrolière et gazière a poursuivi son expansion et les températures mondiales n’ont cessé de grimper. Il est clair que les gouvernements n’abordent pas l’urgence climatique avec le sérieux qu’elle exige. Ils préfèrent se concentrer sur les gains économiques à court terme et les cycles électoraux.
En cette année électorale au Canada, nous devons nous assurer que le climat et l’environnement soient des priorités pour tous les partis. Cette crise climatique aura des effets dévastateurs sur l’économie, la production alimentaire, la santé humaine et bien plus encore si nous ne mettons pas tout en œuvre pour y faire face.
Au fil de l’histoire, des sommes et des ressources colossales ont été investies dans la mise en œuvre d’importantes initiatives nationales et internationales destinées à contrer de graves menaces, comme les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, ou à soutenir la science pendant la course spatiale. Ces initiatives ont été rentables à bien des égards, en réalisant leurs objectifs déclarés et en stimulant de nombreuses inventions et technologies bénéfiques.
Aujourd’hui, alors que l’humanité est confrontée à une crise qui menace son existence, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour pousser ceux qui nous représentent à agir dans notre intérêt plutôt que de se prosterner devant une industrie qui se meurt. Les changements climatiques devraient être le principal enjeu des élections fédérales de cette année et de toutes les autres.
Traduction : Michel Lopez et Monique Joly